DCP 2024-2029 - L'enseignement chahuté
À l’issue des élections européennes, fédérales et régionales du 9 juin 2024, un gouvernement réunissant Les Engagés et le MR a rapidement été mis sur pied en Communauté française. Dès le 11 juillet, les deux formations finalisaient une Déclaration de Politique communautaire (DPC) pour la législature 2024-2029, tandis qu’un arrêté du Gouvernement de la Communauté française du 16 juillet fixait les compétences des ministres désigné·es par leur parti.
Dans sa déclaration – un document de près de 80 pages –, le nouveau gouvernement annonce un programme très ambitieux, principalement en matière d’enseignement, à réaliser dans un contexte budgétaire extrêmement difficile et sur une durée record de cinq ans. Bien que l’on soit encore au stade de la déclaration d’intentions et qu’aucune décision n’ait été prise, de profondes réformes se profilent et soulèvent déjà de nombreuses interrogations.
Parmi les réformes annoncées, cinq d’entre elles au moins constituent potentiellement des attaques contre les réseaux officiels – qui, rappelons-le, scolarisent 50% de la population de l’enseignement obligatoire – au profit, directement ou indirectement, du seul réseau privé confessionnel.
Ainsi, pointons le non-passage à deux heures du cours de philosophie et citoyenneté et l’obligation d’y inclure le dialogue interconvictionnel; la fusion des seuls réseaux de l’enseignement officiel et la rationalisation de leurs établissements, avec son impact humain et économique ne touchant que ces réseaux; la «modernisation» et la simplification des statuts du personnel enseignant; la répartition de l’offre d’enseignement, en particulier pour l’enseignement qualifiant; et enfin les incertitudes concernant le financement des bâtiments scolaires publics.
Autant de dossiers potentiellement explosifs, analysés dans les pages suivantes par de nombreux spécialistes. Bien d’autres changements figurent aussi au programme de ce nouveau gouvernement et ils feront l’objet d’une analyse dans nos prochaines éditions.
Comme l’affirme notre organe d’administration dans son récent communiqué de presse, tout au long de cette législature, la Ligue sera attentive et réagira à toute décision en opposition avec les principes fondamentaux qu’elle défend depuis sa création: un enseignement public, laïque, pluraliste et ouvert à tous sans discrimination, apparaissant comme le plus apte à répondre au devoir de formation de la jeunesse. Rendez-vous est pris!
Dossier coordonné par Marie-Françoise Holemans, responsable de la revue Éduquer