L'école du dehors

L’école du dehors regroupe une multitude de pratiques pédagogiques. Leur dénominateur commun: «une immersion et des rencontres dans l’environnement naturel, social et vivant»1 . En défiant les normes établies et en redéfinissant les espaces d'apprentissage, ces sorties promettent de nombreux bienfaits en matière de santé mentale et physique, de développement des compétences pédagogiques et d’ancrage des savoirs.

Des enjeux sociétaux invitent également les écoles à sortir des salles de classe. Plutôt qu’une immersion dans une nature romantisée, comme un décor bienveillant aux innovations pédagogiques d’un entre-soi favorisé, l’école du dehors peut être une opportunité de démocratiser l’accès au territoire, tout en sensibilisant les futur·es citoyen·nes à sa protection. Les sacs à dos des professeur·es pesant déjà très lourd sur leurs épaules, leur faire porter le poids de la transition écologique parait hors sol. Néanmoins, l’école du dehors ouvre de nouveaux sentiers pédagogiques qui peuvent alléger leurs conditions de travail, leur permettant de renouer avec son essence. «Nous ne pouvons plus nous en passer», clamaient unanimement les instituteurs et institutrices rencontrées.

En essor depuis la pandémie, de quoi ces pratiques sortent-elles et vers où mènent-elles? Pour y répondre et saisir la richesse de l’école du dehors, différents acteurs et actrices des mondes de l’éducation, de la formation, de la recherche et de la vie associative interviennent dans ce dossier. Car, comme nous l’expliquent les géographes, philosophes et pédagogues interrogé·es, l’architecture des écoles cristallise le point de vue dualiste de la modernité. Déconstruire l’enseignement peut ici prendre une dimension littérale et figurée, si elle parvient à dépasser la translation des classes vers un dehors en opérant un changement du centre de gravité éducatif.
Alors que la destruction de l’environnement devient également néfaste à son habitabilité, les sorties ont le pouvoir d’ensemencer chez les élèves de nouvelles relations avec le vivant, selon la Docteure en didactique de l’Université du Québec Virginie Boelen, à la pointe de la recherche sur l’école du dehors, qui qualifie cet enjeu de «pollinisation pédagogique qui alimente le champ des possibles».

Bon butinage!

 

Dossier réalisé par Timothé Fillon, secteur communication

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juin 2024