Ce premier numéro de l’année académique est bien entendu consacré à la Déclaration de politique communautaire du nouveau gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles et à son cortège de mesures ambitieuses visant principalement l’enseignement. Dans son dossier intitulé DPC 2024-2029: l’enseignement chahuté, la Ligue décortique le paquet de bonnes intentions pour l’enseignement obligatoire formulées dans un nouveau «pacte de confiance pour une école de l’exigence». Si les objectifs du gouvernement y sont clairement exposés, les modalités sont périlleuses et peuvent laisser la place, nous le verrons, à plus d’inquiétude que de confiance.
L’enseignement obligatoire étant partagé pour moitié entre le libre et l’officiel, la Ligue s’est intéressée de près aux mesures susceptibles de mettre en péril l’enseignement public, laïc, pluraliste et ouvert à tous qu’elle défend. En tout premier lieu, la Ligue constate qu’en introduisant le dialogue interconvictionnel au cœur du cours de philosophie et citoyenneté, le gouvernement remet en question la nature même de ce cours, d’autant qu’il n’accède pas à la deuxième heure de cours hebdomadaire demandée par les professeur·es.
Parmi ses mesures phares, le nouveau gouvernement entend fusionner les réseaux de l’enseignement officiel et rationaliser leurs établissements. Cette réforme aux contours flous aura un impact humain et économique considérable, supporté uniquement par l’enseignement public qui, pourtant, ne bénéficiera pas de la totalité des économies réalisées.
Pour répondre à la pénurie enseignante, un phénomène d’actualité, le gouvernement compte renforcer l’attractivité du métier en le revalorisant, avec la fin progressive du système de nomination et l’engagement du nouveau personnel enseignant sous contrat CDI dès 2027. Une mesure qui contribuera, entre autres effets, à réduire le sentiment d’exercer une mission de service public.
Le gouvernement projette aussi une grande réforme de l’enseignement qualifiant. Avec la généralisation de la formation en alternance, les liens entre enseignement et entreprises devraient se renforcer. Mais comment encore concilier le rôle émancipateur de l’école avec cette volonté d’employabilité?
La Ligue constate enfin que le financement des bâtiments scolaires et de leur rénovation est, fort heureusement, à l’agenda des gouvernements successifs, même si un maigre paragraphe lui est consacré dans la DPC. Assisterons-nous néanmoins à un maintien des engagements pris lors de la précédente législature?
Aux côtés de ces pages dévolues à l’enseignement, la rédaction d’Éduquer vous parle aussi, dans ses rubriques habituelles, du pédagogue brésilien Paulo Freire, du tout nouveau cahier des formations à la Ligue pour la saison hivernale, de sa mission de cohésion sociale reposant sur une conception profondément laïque de la société, et enfin d’insomnie, un phénomène vécu depuis la Préhistoire!
Excellente lecture!