Les accords toltèques: une sagesse ancienne toujours d’actualité!
Lundi 3 octobre 2022
«Imaginez que vous avez la permission d’être heureux et de jouir pleinement de votre vie. Votre existence est libre de tout conflit avec vous-même et avec autrui»[1] , suggère l’auteur de l’ouvrage «Les Quatre Accords Toltèques», Don Miguel Ruiz.
En effet, imaginez-vous vivre sans jugements vis-à-vis des autres et sans être jugé·e, sans faire de suppositions ou prendre les choses personnellement. Simplement avec la conviction que chacun·e fait de son mieux...
Pouvez-vous concevoir votre vie ainsi, en famille, au travail, dans votre quotidien? Comment vous sentiriez-vous?
Dans son livre «Les Quatre Accords Toltèques. La voie de la liberté personnelle», publié il y a tout juste 25 ans et devenu depuis un best-seller mondial, Don Miguel Ruiz affirme que ce mode de conduite est accessible et peut changer notre vie. Quels sont les quatre accords toltèques? En quoi peuvent-ils encore nous être utiles aujourd’hui?
Qu’est-ce qu’un ‘accord’?
L’auteur utilise le mot ‘accord’ pour désigner une croyance à laquelle nous adhérons, à laquelle nous avons donc donné notre accord, le plus souvent inconsciemment. Ce qu’il propose aux lecteurs et lectrices est de se détacher de ces croyances et accords qui nous limitent et ne nous conviennent plus, de sortir de cette ‘domestication’ dans laquelle nous avons été entraîné·es par nos parents, l’école, la société... ‘Domestication’, le mot est fort et invite à se questionner sur ces ‘accords’ transmis de génération en génération, l’objectif étant de décider en âme et conscience quels accords serviront de base pour notre vie. Voici les quatre qu’il préconise de conclure avec soi-même pour vivre dans la liberté.
Le premier accord toltèque: Que votre parole soit impeccable
Quelle surprise d’apprendre par un détour en linguistique, que le sens originel du mot ‘impeccable’ est celui de ‘sans péché’. Miguel Ruiz propose quant à lui, de lier le mot «impeccable» à la notion de non-jugement. La proposition est donc de prononcer des paroles sans jugement, que ce soit vis-à-vis de nous-même ou d’autrui. Avez-vous déjà remarqué que la parole peut être associée à l’énergie? Quand vous (vous) dites une parole bienveillante ou d’amour, votre énergie remonte; par exemple, quand vous encouragez, lorsque vous dites «oui, c’est formidable!» ou «tu peux y arriver!». Au contraire, lorsque nous nous jugeons ou nous culpabilisons, notre niveau d’énergie descend, nous nous sentons alors mal physiquement et mentalement. Miguel Ruiz prévient d’emblée les lecteurs et lectrices que c’est l’accord le plus important et aussi le plus difficile à pratiquer. Son conseil est d’être patient·e avec soi-même. «On n’acquiert pas une parole impeccable du jour au lendemain, d’autant plus que tout nous pousse dans l’autre sens. Rien ne sert donc de se juger, si l’on rompt cet accord par mégarde: comme l’enfant qui apprend à marcher et qui tombe, il suffit de se relever et de recommencer. Avec l’expérience, on perçoit vite les améliorations qu’induit dans notre vie une parole saine: on se sent tellement mieux vis-à-vis de soi-même et nos relations à autrui gagnent en clarté et en force»[2] .
Le deuxième accord: Quoi qu’il arrive, n’en faites pas une affaire personnelle
«Hé, espèce d’andouille!». Si quelqu’un que vous connaissez, voire un inconnu dans la rue vous lance cette phrase, M. Ruiz affirme qu’il y a de grandes chances que vous vous disiez: «Comment l’a-t-il deviné? Est-il clairvoyant, ou est-ce que tout le monde voit à quel point je suis stupide?». D’une part car nous avons l’habitude de nous dévaloriser (comme le relève l’accord n°1) et d’autre part, car nous faisons une affaire personnelle de ce qui nous est dit. Dès que nous donnons notre accord à ce genre de phrases, un poison s’infiltre en nous et nous sommes piégé·es. L’auteur insiste: nous ne sommes pas responsables de ce que les autres (nous) font. «Ce que les gens disent, ce qu’ils font et les opinions qu’ils émettent dépendent seulement des accords qu’ils ont conclu dans leur propre esprit. Leur point de vue résulte de toute la programmation qu’ils ont subie au cours de leur domestication (...). D’autres auront une opinion différente, selon leur système de croyances; donc, ce qu’ils pensent de moi ne concerne pas vraiment ma personne, mais eux-mêmes»[3].
Au plus nous prenons notre responsabilité dans ce qui nous arrive, au moins nous dépendons de ce que les autres disent ou font. Avoir confiance en notre capacité à effectuer des choix responsables, voilà la clé. Ceci permet de ne pas se senti blessé·e par les comportements des autres, de continuer à vivre dans la paix intérieure, d’oser exprimer son amour, des demandes…; bref d’être authentique et de ne plus se mentir ni de mentir aux autres, promet M. Ruiz.
Amener nos croyances, nos modes de fonctionnement et suppositions à la conscience est déjà une première étape
Le troisième accord: Ne faites pas de suppositions
«Elle ne m’a pas dit bonjour, c’est qu’elle est fâchée sur moi».
«Ce collègue me fait souvent des remarques, il ne m’apprécie pas», etc.
Voici le genre de phrases que nous nous disons à longueur de journée. Sont-elles vraies pour autant?
«Nous avons tendance à faire des suppositions à propos de tout. Le problème est que nous croyons ensuite qu’elles sont la vérité»[4]. Miguel Ruiz préconise de vérifier, de poser des questions, plutôt que de faire des suppositions et de se faire souffrir avec des interprétations en grande partie erronées.
Amener nos croyances, nos modes de fonctionnement et suppositions à la conscience est déjà une première étape. Mais, comme il l’explique: «la compréhension n’est pas suffisante. Une information ou une idée ne sont que des graines dans notre esprit. Ce qui va vraiment faire la différence, c’est l’action. Le fait d’émettre une chose en pratique, jour après jour, renforce votre volonté, nourrit la graine et établit des fondements solides pour que se développe une nouvelle habitude»[5] .
Le quatrième accord: Faites toujours de votre mieux
Cet accord est fondamental car il aide à transformer progressivement les trois premiers en habitudes. Faire toujours de son mieux, quelles que soient les circonstances, sans nous juger, permet d’éviter la honte, la culpabilité ou les regrets. En gardant à l’esprit que le mieux d’un moment de la journée n’est pas identique à l’autre: en fonction de notre état physique et émotionnel, notre mieux varie, donc autant en tenir compte!
C’est l’action, ajustée à notre état, qui nous donne pleine satisfaction et nous rend heureux·se.
Cadre, critiques et limites
L’ouvrage Les Quatre Accords Toltèques est écrit dans un style simple, qui parle au/à la lecteur·trice en s’adressant à lui/elle avec les mots ‘vous’ ou ‘nous’. Ce style direct a l’avantage d’être clair, mais il peut manquer de nuances.
Comme tous les livres à succès, celui-ci a ses admirateu·trices et ses détracteur·trices. Parmi les reproches adressés à don M. Ruiz, il y a le manque de sources vérifiables sur sa vie, sa lignée de chamanes et la sagesse toltèque elle-même. Le côté prolifique de l’enseignant-auteur peut déranger également: après les quatre premiers accords est apparu un cinquième accord, puis d’autres guides pratiques sur la paix, l’amour, l’art de vivre et de mourir des Toltèques, etc.
L’œuvre comporte aussi une dimension spirituelle floue, se référant à un Dieu non défini et critiquant malgré tout les religions et leurs discours.
Et si on apprenait à pratiquer les accords toltèques à l’école?
Ce que l’on peut retenir des accords toltèques, c’est qu’ils concernent notre mode de communication et son impact sur le bienêtre. Bienveillance, estime de soi, respect mutuel, persévérance: ces principes sont dans la même lignée que ceux de la communication non-violente déjà évoquée dans nos articles précédents. Le chamane mexicain n’en n’a pas le monopole (‘fais de ton mieux’ est aussi une devise des scouts), mais son approche est originale et intéressante.
D’après lui, nous baignons dès notre plus jeune âge, de par notre éducation et l’ensemble de la société, dans un rêve collectif, ‘le rêve de la planète’, fait de croyances multiples. Pourquoi un rêve? Parce qu’il est constitué d’imaginaire, de peurs et de projections du mental que nous prenons pour la réalité. Il s’agit donc d’un rêve qui ne participe pas à nous épanouir!
Notons aussi que «Bien qu’elle comprenne une dimension spirituelle, elle (la connaissance toltèque) est plus justement décrite comme étant un mode de vie qui se distingue par la facilité d’accès au bonheur et à l’amour qu’elle procure»[6] . La dimension spirituelle n’est donc pas nécessaire pour se lancer dans la pratique des accords, ce livre est connu avant tout comme un outil de développement personnel.
Plusieurs livres existent désormais pour expliquer les accords toltèques aux enfants (voir références en fin d’article). Ils se déclinent également en coffret de cartes, reprenant un conseil ou une phrase, qui peuvent être lues en classe ou à la maison. En Belgique, en Suisse comme ailleurs dans le monde, des parents et enseignant·es ont introduit la pratique des accords toltèques dans leur foyer, leur école. Ils ne sont pas encore les plus nombreux. On peut se demander à quoi ressemblerait notre monde si dès le plus jeune âge tous les enfants étaient élevés avec ces quatre principes.
Qui étaient les Toltèques?
Malgré des recherches archéologiques approfondies, de nombreuses légendes et incertitudes entourent encore l’origine et le déploiement réel de la civilisation toltèque. Les Toltèques seraient un peuple de guerriers venus du nord du Mexique. Leur culture, qui a inspiré les Mayas et les Aztèques, a rayonné entre le 10e et le 13e siècle. «Les Toltèques ont réussi à développer une culture extraordinairement avancée pour leur époque. (...) ils ont repris le calendrier et l’utilisation de signes graphiques, mais ils ont eux-mêmes donné une grande impulsion à la médecine, à l’astronomie et à des activités plus quotidiennes comme la métallurgie et l’orfèvrerie»[1] . [1] www.voyages-au-mexique.fr/les-tolteques-origine-histoire/
Qui est Don Miguel Ruiz?
Don Miguel Ruiz est un auteur mexicain à succès de renommée internationale, enseignant et chamane[1]. Benjamin d’une fratrie de 13 enfants, il est né en 1952 à Mexico. Élevé par une mère guérisseuse et un père chamane pratiquant les traditions toltèques, il se détourne d’abord de cette voie pour étudier et exercer la médecine. Une expérience de mort imminente causée par un accident l’incite à remettre la dimension toltèque au centre de sa vie. En 1997, il publie ‘The Four Agreements’, vendu à 9 millions d’exemplaires et traduit en 46 langues. Cet immense succès va le conforter à diffuser son message, sous forme d’enseignement et d’ouvrages complémentaires. Don Miguel Ruiz a deux fils qui travaillent dans la même ligné que lui: Don Miguel Ruiz Junior et Don Jose Ruiz. [1] Un chaman(e) est dans de nombreuses cultures asiatiques et amérindiennes, un être capable d’interpréter les signes et de communiquer avec les esprits au nom de sa communauté, qui lui prête des pouvoirs de guérison. Le mot s’écrit aussi ‘shaman’.
Pour en savoir plus:
Sur les Toltèques: www.geo.fr/histoire/qui-etaient-les-tolteques-192923
Sur M. Ruiz: www.miguelruiz.com/
Livres pour enfants:
- «Les Quatre Accords Toltèques transmis à mon enfant. Une histoire illustrée et des activités pratiques» (jusqu’à 8 ans), O. Clerc et M.Monnier, éd. jouVence, 2019.
- «Les principes toltèques appliqués aux enfants», F. Millot, Hachette pratique, 2017.
Lien vers le dessin animé de M.Monnier, visionné plus de 400 000 fois: www.youtube.com/watch?v=LXzhEyzqImQ
Divers sites reprennent des idées pour présenter aux enfants et élèves comment devenir des ‘chevaliers des temps modernes’, en pratiquant les accords toltèques.
[1] Les quatre accords toltèques. La voie de la liberté personnelle, Don Miguel Ruiz, éd. JouVence Poche, 2016. [2] Manuel fourni avec les cartes «Les Quatre Accords Toltèques», p 8, éd. Trédaniel, Paris, 2005. [3] «Les quatre accords toltèques. La voie de la liberté personnelle»: p. 64 et 66. [4] Idem p 75. [5] Idem p 84. [6] «Les quatre accords toltèques. La voie de la liberté personnelle», p. 16