Manifestation pour l'enseignement: coup d'envoi de 48 heures de grève
Jeudi 30 janvier 2025
Plus de 30.000 personnes ont envahi les rues de Bruxelles le 27 janvier dernier, bravant les intempéries pour protester contre la politique éducative du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Une mobilisation record, trois fois plus importante que lors du rassemblement le plus influent de la législature précédente. Une affluence marquant aussi le départ d’une grève remarquable de 48 heures.
«L'éducation coûte cher, essayez l'ignorance», scande une banderole portée par une jeune enseignante, résumant l'inquiétude générale face aux mesures annoncées: réduction de l'encadrement pédagogique et remise en cause du statut des enseignant·es. «Si l’école est une entreprise, votre enfant est une marchandise», lui répond une pancarte, transformée en parapluie.
«J'ai consacré toute ma vie à ce métier, et voilà comment on nous remercie», confie avec amertume un instituteur de 61 ans, symbole d'une profession qui se sent trahie. Le remplacement de la nomination par des contrats à durée indéterminée cristallise les tensions. «La vision ministérielle est déconnectée des réalités du terrain», explique Clément, professeur de français à Woluwe-Saint-Lambert. De tels propos, ils seront nombreux et nombreuses à nous les répéter.
Protéger l’enseignement qualifiant
Le long du cortège, la colère se mêle à l'inquiétude. Des élèves apportent leur énergie au mouvement. «Nous défendons un enseignement de qualité pour les générations futures», affirme du haut de ses 17 ans Elouan Gomez, préoccupé par des coupes budgétaires programmées. Rue Belliard, devant les pouces levés d’ouvriers en pause, un enseignant lâche, complice: «Ce sont vos futurs collègues que nous formons.» Quelques pas plus loin, le professeur Antoine, portant une stèle funéraire «Ci-git l’enseignement qualifiant» pointe la fermeture de certaines options en 7e technique de qualification: «Nous sommes là surtout pour les élèves: dans mes classes, ils sont plusieurs à être directement concernés.»
Cette grève de 48 heures, soutenue par l'ensemble des syndicats, marque un tournant. «Le mouvement prend de l'ampleur», observe Monsieur Wauters, enseignant depuis 14 ans à l’Athénée Royale d’Auderghem. Sa collègue alerte: «Sans moyens suffisants, certaines familles seront laissées sur le bord du chemin. L'ascenseur social est en panne.»
