Évaluation des enseignants et absentéisme scolaire

Le 6 février dernier, la ministre de l’Éducation, Caroline Désir, commentait au Parlement les chiffres de l’absentéisme scolaire. Ils sont inquiétants. A la fin de l’année scolaire 2021-2022, 63.939 élèves, dont 34.856 en secondaire ordinaire, comptaient au moins neuf demi-jours d’absence. Or ils étaient 49.993 un an auparavant, dont 22.348 en secondaire. L’augmentation est de 45% en Wallonie et de 36% à Bruxelles par rapport à 2019-2020 (Le Soir du 8 février 2023).

Comme le remarquait la ministre, ces chiffres donnent une indication sur l’état actuel de la jeunesse. Pertes de repères et troubles psychologiques ont sans doute leur part d’explication. Mais aussi la crise et la montée de la pauvreté. En Belgique, 2.144.000 personnes, soit 18,7% de la population, courent un risque de pauvreté ou d'exclusion sociale selon Statbel, l’office belge de statistique, et 13,2% des Belges vivent dans un ménage dont le revenu est inférieur au seuil de pauvreté (1.366 € par mois pour une personne isolée).

Il y a, on le sait, une corrélation entre le risque de pauvreté et le niveau de formation: 36,8% des personnes à faible niveau d’instruction courent un risque de pauvreté ou d'exclusion sociale, contre 8,7% des personnes à niveau d’instruction élevé (Statbel). Or en 2021, la part de la population âgée de 18 à 24 ans ayant quitté l'école prématurément s'élevait à 6,7% en Belgique (Bureau Fédéral du Plan).

Les enfants pauvres d’aujourd’hui sont plus exposés au risque de quitter prématurément l’école, après avoir gonflé les chiffres de l’absentéisme scolaire. Le Pacte pour un enseignement d’excellence a fixé des objectifs ambitieux pour améliorer la réussite scolaire et augmenter le nombre d’élèves qui quittent l’école avec un bon diplôme en poche.

C’est fort bien. Mais le facteur clé de cette réussite restera le dévouement des enseignant·es qui se battent au quotidien pour leurs élèves et pour les apprentissages. Un facteur totalement inévaluable. Mais d’une valeur incommensurable.

Patrick Hullebroeck, directeur

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