Pour une école bienveillante - Introduction au dossier
Mercredi 4 avril 2018
«Éduquer un enfant ne doit être, en aucun cas, synonyme de faire pression sur lui, lui faire mal, lui faire peur, l’humilier et le stresser, cela n’a aucune vertu et représente un risque important pour sa santé, son développement et sa confiance en lui, ainsi que celle qu’il a pour le monde extérieur». Muriel Salmona (psychiatre et présidente de l’association Mémoire traumatique et victimologie, dans son ouvrage Châtiments corporels et violences éducatives, 2016).
Il y a un an, tout juste, nous avions consacré un dossier aux violences éducatives à l’école (Éduquer 129). Le sujet n’était pas le harcèlement entre élèves (ce à quoi on pense en premier lieu lorsque l’on évoque la violence à l’école) mais plutôt la violence de l’institution scolaire elle-même à l’encontre des jeunes. Nous parlions de violence «institutionnelle», puisque cette violence exercée par l’école et les professionnel.le.s qui y travaillent n’est pas seulement l’expression d’un comportement individuel, mais plutôt, un effet de l’institution elle-même: de son fonctionnement, de ses modes d’évaluation, de sélection et d’orientation, de ses méthodes d’apprentissage et des relations pédagogiques, de sa manière d’accueillir les élèves et leurs parents ou d’organiser les temps scolaires et périscolaires (garderie, cantine, récréation), de son organisation spatiale, etc. Cela, avec des effets délétères sur la réussite des élèves et leur bien-être… Si nous avions, à l’époque, pointé du doigt «ce qui ne va pas», ce dossier propose au contraire de mettre l’accent sur des solutions, des alternatives, des initiatives, des façons de dire», «façons de faire» positives, proposées par des enseignant.e.s et des directions, qui souhaitent inscrire la bienveillance au cœur de leur pratique. Dans un premier temps, deux enseignantes à l’école Francisco Ferrer, qui font partie du comité scientifique en charge de la préparation du colloque «Vers une école bienveillante - Briser le tabou de la violence institutionnelle1» , feront part de leurs réflexions sur le sujet au regard de leur expérience de terrain. Le constat est sans appel: pour que la bienveillance trouve davantage sa place à l’école, il faut une prise de conscience des acteur.trice.s de l’école mais aussi de l’institution elle-même. Nous présenterons ensuite trois projets, mis en place en maternelle, primaire et secondaire, dans trois écoles différentes: à l’école de la Marolle où les élèves de différents âges cohabitent au sein de la classe verticale; à l’école du Tivoli qui a mis en place une série d’outils qui garantit un cadre sécurisant qui permet à chacun.e de s’exprimer; au Lycée Henriette Dachsbeck où la «Chouette heure» existe depuis une dizaine d’années, fruit d’une réflexion collective de l’équipe pédagogique sur le bien-être à l’école. Ainsi, nous espérons que ce dossier apportera quelques éléments de réflexions qui pourront permettre à chacun.e de réinterroger son rapport à «l’autre». Bonne lecture!
Dossier coordonné par Juliette Bossé, secteur communication
1. Organisé par la Ligue, en collaboration avec le département pédagogique de la Haute École Francisco Ferrer, le 16 avril prochain. Consultez le dossier "Violences éducatives à l'écoles" ici