Le moment de vérité est arrivé

Lundi 19 novembre 2018

A staged photo shows a girl wearing breathing tubes attached to heart shaped balloons. The scene was created to help visualise risks posed by poor air quality. Beijing experienced 2,589 deaths and a loss of US$328 million in 2012 because of PM2.5 pollution. Cities in China’s Yangtze River Delta, Pearl River Delta, and Beijing-Tianjin-Hebei region suffered over 100 hazy days a year with PM2.5 concentration two to four times above World Health Organization guidelines. Particles less than 2.5 micrometers in diameter, PM2.5, are called "fine" particles and can lodge deeply into the lungs.
Le réchauffement climatique n’est plus une menace sur notre avenir. Il est une réalité, une réalité qui ne cesse d’empirer. Il est encore temps d’agir mais il faut faire vite, et «poser des actes forts tant au niveau politique que citoyen», comme le souligne le dernier rapport du GIEC (groupement d’experts internationaux pour le climat). Les écoles ont aussi un rôle à jouer!

En Belgique, cet été fut le plus chaud jamais enregistré par l’Institut royal de météorologie. A l’échelle mondiale, c’est assez anecdotique, mais c’est en réalité symptomatique d’une évolution nette qui fait que, depuis 30 ans, année après année, de nouveaux sommets sont atteints. Aujourd’hui, le réchauffement de la planète dans son ensemble est de 1°C supérieur à la période préindustrielle, soit il y a moins de 200 ans. Les conséquences de ce changement, expliquent les expert·e·s du climat, outre le réchauffement global en lui-même, seront des vagues de chaleur plus fortes, des écarts de température plus conséquents, des conditions extrêmes plus fréquentes. Des exemples récents sont les terribles incendies qui ont ravagé des régions entières au cercle arctique, en Méditerranée ou aux États-Unis, l’hécatombe de coraux dans la grande barrière de Corail ou le rythme de la fonte de l’Antarctique qui s’est accéléré jusqu’à trois fois plus vite ces cinq dernières années… En 2015, l’accord climatique de Paris était signé et donnait un cadre au combat global contre le réchauffement climatique. Sur cette base, les pays ont été appelés à établir des plans ambitieux pour éviter le plus possible le changement climatique et ses conséquences, en limitant le réchauffement global sous 2°C en tout cas et sous 1,5°C par rapport aux températures préindustrielles si possible. Mais si l’on suit les plans nationaux actuels et leurs ambitions, c’est en fait vers un réchauffement de 3°C que nous nous dirigeons.

Graphique montrant l’évolution de la température depuis 1850. La ligne 0,0° représente la température
moyenne de ces plus de 160 ans de mesures météorologiques. Les barres bleues sont celles sous la moyenne, les
rouges celles au-dessus. Source: Météo France

  D’où l’alerte du dernier rapport du GIEC. L’objectif de 1,5°C de réchauffement maximum est encore jouable et chaque centième de réchauffement que nous pourrons éviter nous sera grandement bénéfique. Mais pour y parvenir, un changement systémique d’une ampleur inédite est nécessaire, dans tous les domaines. Et ce changement doit intervenir dès la prochaine décennie.

Place à l’action

Pour agir, un cadre politique est nécessaire. Avec le retrait des États-Unis, l’Europe a tout intérêt à reprendre le rôle de locomotive qu’elle jouait il y a des années et qui est aujourd’hui plutôt pris par la Chine. Mais les ambitions européennes en la matière doivent être drastiquement revues à la hausse, tout comme les ambitions belges. Le secteur économique aussi doit continuer à se remettre en question. Ces mouvements sont entamés et se trouvent renforcés notamment par la mobilisation et l’action citoyennes qui se développent à ce sujet. Des milliers de citoyen·ne·s, souvent ensemble, par quartier, par groupes de voisin·e·s ou d’ami·e·s, entament une transition et se mettent en mouvement. Des villes et des communes s’activent pour mettre en place des politiques qui peuvent changer structurellement le cours des choses. C’est une force redoutable qui peut enrayer durablement la course effrénée du réchauffement de la planète. En tant que professeur·e·s, direction d’école, il est également possible de prendre part au mouvement et d’influer positivement dans de nombreux secteurs pour créer un avenir durable et respectueux de la nature. Voici quelques exemples d’actions concrètes qui peuvent être menées.

Réduire, verdir son énergie

L’efficacité énergétique, la réduction de sa consommation et l’utilisation d’énergies vertes sont des priorités à garder en tête: - entreprendre de rénover et d’isoler un bâtiment scolaire. Des primes existent pour cela au niveau des régions (Ureba en Wallonie); - faire un meilleur monitoring du système de chauffage, ce qui permet de pouvoir réduire le chauffage à certains endroits; - développer un projet d’installation photovoltaïque pour avoir une consommation d’électricité verte et pourquoi pas un projet d’auto-consommation collective avec les voisin·e·s de l’école! - choisir un fournisseur d’électricité vraiment vert (un classement pour particuliers, développé par Greenpeace, existe sur monelectriciteverte.be; un classement B2B, qui s’adressera aussi aux établissements scolaires paraîtra bientôt); - installer une citerne d’eau de pluie qui récoltera toutes les pluies qui s’écoulent des toitures des bâtiments scolaires et qui alimentera les chasses d’eau des toilettes. Cela permettra en outre des économies de facture!

Bien bouger

Développer un projet de mobilité pour les élèves, leurs parents et le corps professoral: - un km en voiture évité, c’est 140g de CO2 qui ne seront pas émis! Et autant de pollution de dioxyde d’azote et de particules fines en moins aux alentours de l’école. Dès lors, instaurer une rue scolaire (une rue où les voitures ne peuvent pas circuler pendant les heures d’arrivée et de départ des élèves) est un projet gagnant-gagnant, bon pour la santé, bon pour l’environnement! - favoriser les déplacements scolaires en train (+/-12gr de CO2 au km) plutôt qu’en car (110gr de CO2/km) pour les excursions. Ça diminue aussi les risques en matière de sécurité routière et c’est généralement moins cher! - favoriser les déplacements à vélo en instaurant, avec le soutien de parents, des vélobus, c’est-à-dire un ramassage d’élèves parcourant le même itinéraire pour que tous et toutes se rendent à l’école à vélo. Des cours de vélo ou du troc de vélos peuvent aussi être encouragés et mis en place par les écoles; - dans la même idée, il est possible d’instaurer un Pédibus pour les élèves qui habitent le quartier, et qui pourront se rendre ensemble à pied à l’école.

Mieux manger

Ce que l’on décide de mettre dans son assiette a un impact significatif sur l’environnement, jusqu’à l’autre bout de la planète. - une récente étude d’Oxford a mis en évidence que l’acte individuel ou collectif le plus important à poser pour lutter contre le réchauffement climatique est la réduction de sa consommation de viande. Dès lors, réduire les plats à base de viande de la cantine est un premier pas formidable, que l’Assemblée nationale française a d’ailleurs décidé d’imposer à l’ensemble des cantines scolaires de France (au moins) un jour par semaine; - pourquoi ne pas organiser des midis où l’on apprend à manger autrement en proposant des cours de cuisine végétarienne! Il existe de délicieuses recettes d’alternative végétarienne; - mettre en place un potager à l’école avec le soutien des élèves et des parents est une autre possibilité. Un projet participatif et la garantie de bons produits, sans pesticides!

Chacun·e a un rôle à jouer

Chacun peut apporter sa contribution à la lutte contre le réchauffement de la planète. C’est un peu l’histoire du colibri qui, face à l’incendie qui dévaste la forêt, prend un peu d’eau de rivière dans son bec et commence à essayer d’éteindre l’incendie. Si chacun fait sa part. Si des milliards de colibris s’allient, nous pourrons faire face au défi du changement climatique. D’une part, nous devons donc continuer à encourager les gouvernements pour qu’ils fixent des cadres et des objectifs qui vont dans le bon sens. D’autre part, par chacun de nos actes de consommation, nous pouvons aussi continuer à envoyer des signaux aux entreprises de l’importance du changement qu’elles doivent entreprendre. Enfin, nous, citoyen·ne·s, vous, enseignant·e·s et direction d’école, pouvons, devons jouer un rôle. En remplissant notre devoir civique d’abord. En contribuant à mettre en place le monde que nous souhaitons voir émerger, bien sûr. Et puis en soutenant et en mettant les bases du monde de demain. Celui que nous rendrons à nos enfants, à ces élèves que vous formez aujourd’hui. Car, comme le dit le proverbe: «Nous n’héritons pas la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants.»

Juliette Boulet, porte-parole de Greenpeace  


Les principaux enseignements du dernier rapport du GIEC sont les suivants:

- il faut rester sous la barre des 1,5°C d’augmentation de la température mondiale. 2°C est encore plus dangereux que ce qu’on ne le pensait à Paris. À deux degrés nous sommes proches du point clivant de non-retour, où le climat devient incontrôlable; - limiter l’augmentation à 1,5°C plutôt que 2°C ferait donc une énorme différence pour la conservation des océans des continents. Cela protégerait des millions de personnes d’événements météorologiques extrêmes comme des vagues de chaleur; - la bonne nouvelle! Rester sous la barre des 1,5°C est encore possible. Il faut pour cela aller plus vite et plus fort pour réduire les émissions de CO2 dans tous les secteurs, dès la décennie qui vient. Plus d'infos: https://www.climat.be/fr-be/changements-climatiques/les-rapports-du-giec/2018-rapport-special


Consommer moins de viande

Pourquoi changer nos habitudes? Simplement, parce que nous consommons trop de charcuterie. Or, une consommation élevée de viande transformée est mauvaise pour la santé. La consommation quotidienne de plus de 50 g de viande transformée peut accroître les risques de cancer colorectal, d’accident vasculaire cérébral et de diabète de type 2. Selon l’OMS, le lien entre la viande transformée et le risque accru de cancer du côlon est encore plus nettement démontré que pour la viande rouge fraîche. Réduire l’empreinte écologique! La consommation d’une grande quantité de viande a des conséquences non seulement sur la santé mais aussi, sur le climat et l’environnement. L’élevage est responsable d’un peu plus de 14% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, soit autant que le secteur des transports dans son ensemble. En outre, l’élevage intensif est à l’origine de la déforestation visant à cultiver du soja pour nourrir le bétail. En 10 ans, l’hémisphère Sud a ainsi perdu 30 millions d’hectares de forêts, soit environ 10 fois la superficie de la Belgique. Sans oublier que, chaque année, on abat en Belgique plus de 300 millions d’animaux pour les manger, essentiellement des poulets, des cochons et des bœufs... Réduire sa consommation de viande est le moyen le plus efficace de diminuer l’empreinte écologique. Il est donc logique que Greenpeace veuille diviser par deux la consommation et la production mondiales de viande d’ici 2050. Plus d’infos sur: www.greenpeace.org

nov 2018

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