S’engager dans son école avec éco-teens et Eco-Schools

Lundi 18 décembre 2023

©COREN
Marie-Francoise Holemans, secteur communication Ligue de l'Enseignement

Comment créer une dynamique écoresponsable dans son école? C’est la question de quantité d’élèves, d’équipes éducatives et de directions scolaires. Pour les épauler dans cette démarche, l’association COREN s’est spécialisée dans l’accompagnement des écoles. Son aide à une meilleure gestion environnementale s’échelonne sur plusieurs années, et elle va du soutien de petits groupes d’élèves jusqu’à la labellisation internationale de leur école.

Julie Ghesquière et Lionel Lambert sont responsables des programmes éco-teens et Eco-Schools au sein de l’asbl COREN, une association d’éducation relative à l’environnement qui fête déjà ses 30 ans cette année. Depuis sa création en 1994, l’association agit dans les écoles de Bruxelles et de Wallonie afin de sensibiliser et d’éduquer au respect de l’environnement. Elle permet ainsi aux jeunes et aux moins jeunes de se mettre en action grâce à des programmes éducatifs et des méthodologies de projet qui ont fait leurs preuves. À titre d’exemple, à Bruxelles, 18 écoles bénéficient du programme d’accompagnement éco-teens durant cette année scolaire et 40 écoles y arborent le label international Eco-Schools.

L’association propose diverses mises en action pour les élèves et leur école, telles que le Label Ecole Durable en Wallonie, les campagnes de mobilité Mov’in the City et Plans de Déplacements Scolaires à Bruxelles, les projets de mise en action des élèves Ecoteam pour demain et éco-teens, ainsi que l’engagement dans une labellisation Eco-Schools des écoles fondamentales et secondaires de la partie francophone du pays. Julie Ghesquière est coordinatrice du projet éco-teens, le programme destiné aux écoles secondaires bruxelloises: «Ce que nous visons à travers tous nos programmes, c’est la participation des jeunes dans leur école. Notre offre varie selon la situation géographique et le degré d’engagement des établissements scolaires, mais le focus reste le même: la mise en projet. Certaines écoles commencent par soutenir un petit groupe d’élèves motivés, alors que d’autres souhaitent d’emblée un changement systémique à l’échelle de leur infrastructure. C’est pourquoi nous menons des campagnes spécifiques à l’attention des jeunes d’une part et des écoles dans leur ensemble d’autre part.»

Eco-teens: faire participer les jeunes

Une équipe éco-teens est constituée par école participante, à l’initiative d’un membre du corps enseignant . Un noyau dur en quelque sorte, qui va faire tache d’huile en menant des actions pour toucher d’autres jeunes. Il s’agit d’un groupe permanent et ouvert d’élèves volontaires, issus de toutes les années, de la 1re à la 6e secondaire, qui désirent mener un projet environnemental précis durant toute l’année scolaire. La démarche n’engage que ce groupe de volontaires – bien soudé et encadré par deux enseignant·es et un membre de l’asbl COREN – mais elle doit bénéficier du soutien de l’équipe éducative et de la direction de l’école.

«Il est nécessaire qu’à la base, l’école soit désireuse de renforcer la dynamique participative de ses élèves, car ce projet mobilise du temps et de l’énergie, explique Julie Ghesquière. Notre accompagnement s’étale sur trois ans et est financé par Bruxelles Environnement. Si nous sommes très présents la première année, pour former et conscientiser aux enjeux environnementaux et pour outiller l’enseignant·e dans la gestion du projet, cet encadrement diminue les deux années suivantes. Nous restons bien sûr disponibles car ce que nous visons, c’est la pérennité de l’éco-teens, bien au-delà de nos formations, de nos interventions de terrain et de nos journées d’échanges. Nous mettons d’ailleurs à la disposition des élèves et des enseignant·es une plateforme de ressources partagées pour soutenir leur engagement et développer leur capacité d’agir en faveur de l’environnement.»

«L’éco-anxiété est devenue un grand sujet de préoccupation dans le secteur de l’environnement. Mais en favorisant leur mise en lien, en projet et en action, on constate que les jeunes volontaires et motivés se trouvent en mesure de dépasser leur éco-anxiété.»

S’unir pour réaliser des actions ensemble

Le projet éco-teens mobilise le groupe tout au long de l’année: information pour les enseignant·es fin août; recrutement du groupe d’élèves en début d’année s’il n’existe pas encore, rencontres pour éveiller aux enjeux, et discussions pour faire émerger une idée de projet selon la thématique environnementale choisie; mise en œuvre de l’action (par exemple: incitation au tri des déchets, motivation à l’utilisation d’une gourde, participation à l’entretien d’un potager, organisation d’une friperie); journée de rencontre inter-écoles participantes afin d’échanger et s’inspirer pour l’année suivante; et enfin, évaluation de fin d’année.

«Cette mobilisation se passe en dehors des heures de cours, complète Julie Ghesquière, mais si l’école adopte le dispositif de grille horaire P45/90, cela permet de gagner 5 minutes par période de cours afin de libérer 1h30 à consacrer chaque semaine à la réalisation du projet. Face aux bouleversements climatiques et à l’éco-anxiété qu’ils peuvent générer chez les jeunes, nous privilégions une orientation solutions tout en restant objectifs. L’éco-anxiété est en effet devenue un grand sujet de préoccupation dans le secteur de l’environnement. Mais en favorisant leur mise en lien, en projet et en action, on constate que les jeunes volontaires et motivés se trouvent en mesure de dépasser leur éco-anxiété.»

De l’éco-teens à l’Eco-Schools


Dans la mobilisation vers une école plus respectueuse de l’environnement, le projet éco-teens peut constituer un bon tremplin vers une dynamique d’école plus globale, sachant que les deux approches peuvent être menées en parallèle. Lionel Lambert coordonne la cellule Eco-Schools chez COREN: «Avec ce label international, nous nous situons à une autre échelle, nous visons une autre cible! Celle d’une approche globale de l’école, qui doit se mettre en marche dans son ensemble. Derrière ce projet, il n’y a pas seulement la direction de l’école, mais aussi le pouvoir organisateur, les parents, la commune, etc. Au bout du chemin, l’école acquiert une reconnaissance internationale de son engagement en faveur de l’environnement. Cette labellisation est obtenue pour deux ans, elle est gratuite et renouvelable. Le challenge est de maintenir cette dynamique et de la pérenniser.»

L’accompagnement de COREN est gratuit, de longue durée et adapté à tous les profils d’écoles. En adoptant ce projet, non seulement elles améliorent leur gestion environnementale mais elles fédèrent aussi l’ensemble de leur communauté scolaire autour d’actions porteuses de sens, à l’impact positif. «Cette démarche repose sur une méthodologie en sept étapes et débute par la constitution d’un éco-comité dans lequel la pluralité des profils est visée: direction, enseignant·es, élèves, parents, associations de quartier, etc. Ce groupe de pilotage établit le bilan environnemental de son établissement, en répondant à un questionnaire relatif à sept thématiques: l’eau, l’alimentation, l’énergie, les déchets, la biodiversité, les nuisances sonores et la mobilité. Après avoir réalisé son bilan, l’écocomité choisit d’approfondir deux thématiques et il élabore un plan d’actions à mener sur deux ans, à son rythme.»

Quand l’école a fixé ses thématiques à améliorer, elle doit mener ses actions avec cohérence et les travailler à la fois sur les aspects techniques et pédagogiques. Lionel Lambert: «Si la thématique choisie est l’énergie, elle peut organiser le placement de réflecteurs derrière les radiateurs, par exemple, tout en demandant à la communauté scolaire d’éteindre la lumière au sortir d’un local. Si elle décide d’approfondir le thème des déchets, elle doit fournir des poubelles adéquates et, en parallèle, mener avec les élèves des actions de vérification de tri en ouvrant les poubelles par exemple. C’est l’école dans son ensemble qui doit être sensibilisée aux thématiques et qui doit progresser sur ces aspects techniques, pédagogiques et participatifs, lesquels seront ensuite mesurés et évalués.»

Seront également pris en compte les liens établis avec le programme scolaire, la communication interne et externe du projet ainsi que la création d’un éco-code qui symbolise l’engagement de l’école. La mise en place d’une dynamique environnementale avec les élèves est, on le voit, tout l’enjeu de ce label international Eco-Schools, soutenu, accompagné et encouragé chez nous par la dynamique équipe de COREN.

Plus d’infos:
https://www.coren.be/fr/
https://www.ecoschools.be/

 

 

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Créé au Danemark en 1994 par la Foundation for Environmental Education(FEE), le label Eco-Schools est aujourd’hui implanté dans 73 pays sur les cinq continents. A ce jour, plus de 51.000 écoles se sont vu décerner le label, touchant au total 1 million d’enseignant·es pour 13 millions d’élèves.
Ce programme mondialement reconnu dans le domaine de l’éducation au développement durable se déroule en sept étapes, adaptées au système éducatif de chaque pays. Il repose sur la participation active de l’ensemble de l’école et des élèves, qui s’engagent à s’impliquer dans les politiques de gestion environnementale de leur école.
Actuellement, le label Eco-Schools couronne l’engagement et les progrès environnementaux de 40 écoles fondamentales et secondaires à Bruxelles et de 14 écoles primaires en Wallonie.

fév 2024

éduquer

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Photo de Bárbara Fróes sur Unsplash

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