Dernière chronique (inter)culturelle avant la prochaine - De l’inégalité des traitements en période de vacances scolaires
Jeudi 12 octobre 2023
Réflexion post-période vacancière: pourquoi ce sont les familles qui vivent dans les appartements les plus inconfortables qui partent le moins en vacances? La logique voudrait qu’elles puissent fuir, les premières, leur logement petit et mal isolé si désagréable à vivre en période caniculaire, non?
Et à l’inverse, pourquoi ceux qui possèdent une maison confortable, un espace extérieur et parfois même une piscine la quittent dès qu’ils le peuvent? «Besoin de changer d’air, Marie-Christine! Voir autre chose, se ressourcer ailleurs, j’en ai besoin pour recharger mes batteries avant la rentrée!»
Pause. Déjà, partir en vacances, ce n’est pas un besoin vital, Catherine. Un besoin, selon la première définition du Larousse, c’est «une exigence née d’un sentiment de manque, de privation de quelque chose qui est nécessaire à la vie organique». Alors, d’accord, les vacances ça fait plaisir, mais ceux qui ne quittent pas leur joli domicile durant la période estivale ne mettent pas leur vie en danger, heureusement.
Et comble, Catherine se permet parfois d’inviter gracieusement ami d’ami moins fortuné à profiter de sa résidence durant son absence… «Tu penseras à arroser les géraniums et nourrir Louise, notre vieille chatte?»
Si, comme le disait Shakespeare, les cœurs insouciants vivent longtemps, il est à prévoir qu’un enfant sur trois en Belgique ne fera pas de vieux os. En effet, selon une étude réalisée par la Ligue des Familles1
, près de 39% des enfants n’ont aucune activité durant le temps des vacances scolaires. Et pour cause: les parents payent en moyenne 359,4 euros pour les activités de l’ensemble de leurs enfants durant cette période de l’année.
Concernant les départs en vacances, les plus riches partent deux fois plus que les plus pauvres2
. Ils s’offrent des séjours moins longs mais plus régulièrement en recourant aux vols et hébergements low cost comme Ryanair et Airbnb. Même si l’argent compte, il ne s’agit pas uniquement d’une question de revenus: le réseau joue également fortement. Avoir de la famille ou des amis possédant une maison suffisamment grande pour accueillir, au sein d’un environnement agréable, est un coup de pouce non négligeable. Et ne parlons pas de ceux qui ont les moyens de s’offrir une seconde résidence, ils ne sont qu’une poignée.
S’il semble indéniable que l’offre de loisirs pendant les vacances scolaires et en dehors de celles-ci devrait davantage s’élargir aux familles les moins favorisées, il semblerait aussi approprié que les privilégiés se rappellent à quel point ils le sont…