GoodPlanet: l’éducation positive à la transition

Selon une enquête récente, 92% des Belges estiment que la question du climat devrait être enseignée à l’école1 . Mais comment accompagner les élèves face aux problématiques environnementales sans générer de la peur et en les motivant à la transition? GoodPlanet y répond par une éducation positive, orientée solution, dans des ateliers animés en classe et dans l’accompagnement à des changements plus structurels.

Une enquête IPSOS sur l’écoanxiété chez les jeunes, menée en partenariat avec l’asbl GoodPlanet Belgium en 2023, a révélé que 48% des jeunes âgés de 18 à 34 ans ressentent de la peur, de l’angoisse ou du stress face à l’actualité liée aux menaces environnementales et à la problématique du climat. Il ressort également de cette enquête que 61% des jeunes souhaitent être plus informés sur ces thématiques et que 92% des Belges pensent qu’elles devraient être enseignées à l’école. Pour 77%, la matière devrait même être obligatoire, afin d’informer les élèves sur l’impact du changement climatique sur leur avenir et pour leur transmettre très tôt des habitudes respectueuses du climat.

L’enquête révèle aussi que les jeunes font confiance à certaines sources d’information, dont l’école (49%), les expert·es (65%) et les ONG (45%), soulignant en cela le rôle des associations dans la transmission des connaissances et dans l’apport de solutions pour faire face aux défis environnementaux, contribuant ainsi à un avenir plus durable.

«L’éducation des jeunes joue un rôle essentiel dans la transition. Pour qu’ils puissent agir à leur niveau, l’association a développé un vaste programme de sensibilisation à destination des écoles.»

Transformer l’anxiété en action positive

Pour répondre aux préoccupations des jeunes, il est essentiel de commencer par comprendre leurs représentations actuelles de la thématique. Ensuite, de les sensibiliser et les informer pour leur donner une meilleure connaissance des problématiques liées au dérèglement climatique (causes, conséquences, ordre de grandeur, etc.). Et pour finir, de réfléchir ensemble aux actions à prendre individuellement et collectivement. Pour diminuer l’anxiété, il est important de s’orienter vers l’action mais également de laisser la place aux émotions.

Pour l’association GoodPlanet, dont l’éducation relative à l’environnement (ErE) est le cœur de métier, la sensibilisation et la mise en projet des jeunes joue un rôle essentiel dans la transition. Afin de répondre aux enjeux de la société de demain, l’association a développé un vaste programme de sensibilisation à destination des écoles. Inspirant ainsi les jeunes, elle espère qu’ils pourront agir à leur niveau et auront envie de s’engager dans la transition et faire de la durabilité leur seconde nature.  
Rencontre avec Véronique Siquet, coordinatrice du Programme Climat chez Goodplanet.

Éduquer: En quoi consiste votre mission chez Goodplanet?
Véronique Siquet: Depuis plus de 25 ans, notre mission est de stimuler, concrétiser et réaliser des idées qui rendent le développement durable réel et tangible, tout en gardant une attitude positive. Nous nous déplaçons principalement en milieu scolaire, et nous avons également étendu nos activités au grand public et aux entreprises. Avec nos 100 collègues, nous menons une centaine de projets en parallèle, développés dans sept programmes thématiques: alimentation, énergie, mobilité, eau, économie circulaire, nature et bien sûr climat. Chaque programme développe ses projets spécifiques, en partenariat avec des organismes publics, des fonds privés et des fondations. Dans notre programme Climat par exemple, nous menons actuellement une douzaine de projets, visant principalement les jeunes. Les coachs de GoodPlanet se déplacent dans toute la Belgique pour animer des ateliers dans les classes et accompagner à l’implémentation de changements plus structurels et concrets, comme la création de rues scolaires ou la mise en place de cantines durables et de cours de récréation plus vertes.

Éduquer: Pourquoi proposer les ateliers de la Fresque du Climat?
V.S.: Il existe quantité d’outils à disposition aujourd’hui. GoodPlanet filtre, choisit et diffuse un outil si elle le trouve adéquat. Même si l’outil Fresque du Climat est critiquable, nous animons depuis quelques années cet atelier conçu par l’ingénieur français spécialiste du changement climatique Cédric Ringenbach, convaincu que la compréhension doit précéder l’action. Cet outil a le mérite de vulgariser les travaux du GIEC pour que le public, quel que soit son niveau de connaissances, puisse comprendre les liens de cause à effet des actions de l’espèce humaine sur l’environnement.

Éduquer: Comment se déroule une animation?
V.S.: Le jeu existe en version adulte, simplifiée (14-18 ans) et junior (de 10 à 14 ans), et l’animation dure trois heures. L’animateur ou l’animatrice de GoodPlanet encadre une vingtaine de  participant·es, réparti·es en groupes de 6 à 7 personnes autour de trois grandes tables recouvertes de papier. L’idée est d’apprendre en sous-groupe et cela se fait en intelligence collective, avec le respect de la parole de chacun et chacune. La première phase consiste à découvrir les 42 cartes, divisées en 5 lots. Au verso de chaque carte se trouvent les données scientifiques sur lesquelles elle s’appuie. Ces cartes sont régulièrement mises à jour en fonction de l’évolution des données. C’est le moment où l’on emmagasine beaucoup d’informations, selon son niveau de connaissances, de sensibilisation et de conscience.

Éduquer: En quoi consistent les phases suivantes?
V.S.: Le groupe est ensuite chargé de trouver les liens de cause à effet entre les différentes activités humaines et les phénomènes décrits, aidé si nécessaire par l’animateur ou l’animatrice. Puis il dispose les cartes sur la table dans l’ordre des causes à effets et trace les liens entre les cartes à l’aide de feutres. Ensuite vient la phase créative du jeu: illustrer, dessiner et donner un titre à la fresque ainsi réalisée. Durant la dernière heure, chaque groupe est invité à présenter sa fresque aux autres sous-groupes. Enfin, c’est le temps du débat: qu’a-t-on appris? qu’a-t-on ressenti? quelles actions mettre en place?

Éduquer: Comment cela se passe-t-il avec les jeunes?
V.S.: L’animation Fresque du Climat est gratuite pour les écoles. Le jeu pour juniors est un peu simplifié mais il reste complexe pour des enfants de 9 ans. Nous estimons que l’outil s’adresse plutôt aux jeunes du secondaire. Mais une fresque dure trois heures, et nous ne disposons généralement que de deux périodes de 50 minutes. Or c’est dans la dernière phase du jeu que sont abordées les actions à mettre en place. Si nous n’avons pas le temps de discuter des actions, ces informations peuvent devenir très anxiogènes pour les jeunes. Heureusement, nous proposons aux écoles de compléter la sensibilisation avec d’autres outils pédagogiques et des mises en projets, tels que le parcours Kid du Climat sur deux ans pour les enfants de 5e et 6e primaire, le projet Coach Climat ou l’atelier Climate School Workshop destinés aux élèves du secondaire.

«Il s’agit de montrer aux jeunes un autre possible, et de leur expliquer, grâce à des récits positifs, que la société de demain sera différente mais qu’elle peut toujours être désirable.»

Éduquer: Comment susciter l’engagement chez les jeunes?
V.S.: Ce sont généralement des professeurs sensibilisés au dérèglement climatique qui nous invitent dans leur classe. Faire prendre conscience, susciter l’intérêt et l’expression des émotions, proposer et réfléchir à des actions, tel est notre rôle, en partant du niveau de connaissances et de compréhension des jeunes et en nous interrogeant: où en sont-ils? qu’est-ce qui les touche? qu’est-ce qui les mobilise? Il existe quantité de portes d’entrée pour se mettre en action. Chez les jeunes, il s’agit de leur montrer un autre possible, et de leur expliquer, grâce à des récits positifs, que la société de demain sera différente mais qu’elle peut toujours être désirable.

• 1https://www.goodplanet.be/fr/blog-jeunes-eco-anxiete/