La conquête des esprits
Mercredi 23 avril 2025

Le pape François est décédé ce lundi 21 avril, le lendemain de la célébration de Pâques, à l’occasion de laquelle il s’était adressé aux fidèles rassemblé·es au Vatican pour entendre sa traditionnelle bénédiction urbi et orbi (à la cité et au monde).
La Pâques chrétienne est la célébration la plus importante du christianisme. Elle fête la résurrection du Christ et donc la victoire contre la mort, la foi dans le Salut et la résurrection des corps. Le pape François a sans doute voulu, malgré son état de faiblesse, témoigner une dernière fois de ce noyau de croyances qui constitue l’esprit du christianisme.
C’est au nom de ce même esprit que le Pape, lors de sa visite en Belgique en 2024, avait choqué, en qualifiant de «meurtrière» la loi sur le droit à l’avortement et de «tueurs à gages» les médecins le pratiquant; ou en réduisant le rôle de la femme à «accueil fécond, soin, dévouement vital»; ou encore en défendant les plus faibles, qu’ils et elles soient migrant·es ou précarisé·es économiquement, mais en ne combattant pas véritablement les agissements pédophiles ou la marginalisation des femmes au sein de l’Église.
La sécularisation progressive de ces derniers siècles a conduit les sociétés européennes à prendre une certaine distance par rapport à ces schèmes interprétatifs et à s’inspirer davantage de l’esprit de liberté pour définir les règles morales et les lois qui régulent le bon fonctionnement de la vie en commun.
L’esprit de liberté, qui s’inspire de la philosophie des Lumières, est basé sur l’autonomie humaine et sur la responsabilité qu’endosse le genre humain sur sa propre destinée, autant sur le plan individuel que collectif.
Ces dernières années, différentes nouvelles droites, épaulées par une religiosité agressive, sont reparties à la conquête des esprits. Elles menacent directement la liberté de conscience, en cherchant à imposer leur propre conception de la vie à la société toute entière et en n’hésitant pas, si nécessaire, à faire usage de la violence, à restreindre les libertés individuelles, la liberté d’expression et la liberté de la recherche dans le domaine académique.
Au cœur de cette lutte pour la conquête des esprits se trouve l’éducation. Car c’est de celle-ci que résultent des esprits préparés à penser et à se déterminer librement ou, au contraire, enclins à obéir et à renoncer à penser par eux-mêmes. Il faut s’en préoccuper.
Patrick Hullebroeck, directeur