Les visiteuses et visiteurs de prison ont pour mission, comme l’indique leur appellation, de visiter les personnes incarcérées. Il s’agit moins d’apporter une aide sociale et une solution aux problèmes rencontrés par les individus en prison, que d’offrir, le plus souvent bénévolement, un moment privilégié d’écoute et souvent d’échange, avec quelqu’un qui vient du dehors et qui constitue parfois le seul contact avec l’extérieur, quand les visites de la famille ou des autres proches se font rares ou inexistantes.
Au sein du mouvement laïque, cette mission est prise en charge par la Fondation pour l’Assistance Morale aux Détenus (FAMD) qui fête en avril 2024 le soixantième anniversaire de sa création. Inspiré·es par le principe du libre-examen, les intervenant·es de la Fondation n’ont pas pour but de porter un jugement ou de «moraliser» la situation des détenu·es mais bien d’offrir des moments d’écoute, permettant à chaque personne de se réapproprier sa propre parole et de réfléchir par elle-même, de manière autonome, à sa situation, à ses aspirations, à ses projets en prison et au-delà.
L’écoute active est un outil de base de la relation d’aide et elle constitue le cœur de l’activité des visiteuses et visiteurs de prison. Dans le domaine de l’éducation, l’écoute a un rôle tout aussi important, on l’oublie parfois, autant avec les enfants qu’avec – et plus encore peut-être – les adultes.
Les formatrices et les formateurs qui animent des formations destinées aux adultes ne dispensent pas seulement des nouveaux savoirs. Par leur écoute, ils ouvrent un espace de parole dans lequel les apprenant·es peuvent se projeter, s’approprier leurs apprentissages, prendre conscience de leurs motivations profondes à apprendre, ainsi qu’anticiper les bénéfices qu’ils pourront retirer de la formation ou les usages qu’ils feront des compétences acquises.
En formation, l’écoute s’intéresse moins au contenu de la formation qu’aux personnes qui apprennent. Ce faisant, elle les aide à trouver leur place dans le processus d’apprentissage lui-même, pour que la formation ne reste pas comme un objet qui leur soit extérieur.
Les visiteuses et visiteurs de prison n’ont peut-être pas d’autre enjeu que celui-là: offrir un moment d’écoute pour permettre aux personnes incarcérées de s’y retrouver dans leur propre expérience de la détention et, au-delà de leur incarcération, pour s’approprier l’après: la réinsertion, la vie hors les murs.
Patrick Hullebroeck, directeur