Bien vieillir
Jeudi 25 mai 2023
Un récent sondage effectué pour le compte de la Fondation Roi Baudouin nous apprend qu’une majorité de personnes de plus de 60 ans craint avant tout la perte de l’autonomie (en moyenne, 6,3 personnes sur 10). Cette inquiétude tend à diminuer quand les personnes ont moins de crainte d’avoir des problèmes de santé et qu’elles sont entourées d’un tissu social dense dans lequel elles peuvent trouver de l’aide.
Ce souci de l’autonomie prévaut aussi chez les personnes lorsqu’elles envisagent de résider en maison de repos: une autonomie maximale et le sentiment d’être chez soi sont les critères les plus associés au bien-être, deux aspects qui corroborent le souhait des personnes de plus de 60 ans de rester «chez elles».
Ces résultats n’ont rien d’étonnant. Ils correspondent aux témoignages que chacun peut récolter autour de soi ou aux préférences personnelles. Ce qui m’étonne davantage est qu’on prenne si peu en compte le fait que les adultes associent à l’idée de vie bonne, l’autonomie, c’est-à-dire, l’exercice concret au quotidien de leur liberté personnelle.
N’est-il pas étrange que tant de systèmes politiques soient basés sur l’obéissance et dénient aux individus l’exercice de leur liberté individuelle, qu’il s’agisse de penser, de croire, de s’exprimer ou de choisir sa vie?
N’est-il pas tout aussi étonnant, dans nos sociétés démocratiques et sociales avancées, que ce goût pour la liberté personnelle soit largement ignoré lorsqu’il s’agit d’organiser la vie des personnes âgées, que ce soit à la maison ou en maison de repos?
Et plus encore, n’est-il pas regrettable qu’il soit encore si difficile de choisir sa fin de vie, en milieu hospitalier notamment, malgré les indéniables progrès de la législation?
En réalité, vieillir commence jeune, mais peu, semble-t-il, le savent ou en tiennent compte. Cette difficulté à anticiper les implications du vieillissement explique, pour une part, l’incompréhension et la négligence dont font trop souvent l’objet les personnes âgées.
Les activités intergénérationnelles, qu’elles soient organisées ou le résultat spontané de la vie, aident sans doute à pallier l’incompétence dans laquelle nous sommes pour bien vieillir et accueillir le vieillissement des autres.
Photo de Ekaterina Shakharova sur Unsplash