Cadastre de l’enseignement qualifiant - La réalité de l’offre
Lundi 13 novembre 2023
Le sixième Cadastre de l’enseignement qualifiant a été publié en mars dernier par la Fédération Wallonie-Bruxelles. En pleine réforme du système – le Parcours de l’Enseignement Qualifiant –, revenons sur les grands axes de cet ensemble de formations.
Partie essentielle de la formation scolaire des 2e et 3e degrés des humanités, concernant quatre élèves sur dix en Fédération Wallonie-Bruxelles1 , l’enseignement qualifiant comprend les filières technique de qualification et professionnelle. Ce système dispense aux jeunes une formation commune en matières générales telles que les mathématiques, le français ou les sciences, tout en formant les élèves à l'apprentissage d'un métier spécifique.
Une photographie d’ensemble
Publié en mars dernier, le Cadastre de l’enseignement qualifiant 2022 représente une photographie de la réalité de l’offre de l’enseignement qualifiant durant l’année scolaire 2020-2021. A partir de ce cadastre, la FWB entend distinguer les options à faire évoluer (obsolètes, qui ne permettent plus à ses diplômés de s’insérer dans le monde professionnel), les options à fermer (celles qui ne débouchent plus sur des métiers), les options à promouvoir (peu fréquentées et pourtant porteuses d’emploi) et les options à créer (domaines porteurs d’emploi non encore pris en charge par l’enseignement qualifiant).
Les options qualifiantes les plus fréquentées de la FWB2
, rassemblant 50% de la population des 5e et 6e années sont: agent d’éducation, technicien en comptabilité, techniques sociales, auxiliaire administratif et d’accueil, vendeur, technicien de bureau, puériculteur, aide familial, animateur et technicien en infographie. Tandis que les moins fréquentées, comptant moins de 1% des élèves de 5e et 6e, sont: opérateur de production des entreprises agroalimentaires, graveur-ciseleur, tapissier-garnisseur, mécanicien en cycles, conducteur d’autobus et d’autocar, batelier, artisan boucher-charcutier, charpentier, coiffeur manageur et couvreur-étancheur.
L’ensemble des options disponibles aux élèves de la FWB sont classées en neuf secteurs d’enseignement: agronomie, industrie, construction, hôtellerie-alimentation, habillement-textile, arts appliqués, économie, services aux personnes et sciences appliquées. Les 61.219 élèves du 3e degré de l’enseignement technique et professionnel se répartissent ainsi dans pas moins de 176 options. Autant dans le technique de qualification que dans le professionnel, les secteurs les plus fréquentés sont les services aux personnes, l’économie et l’industrie.
Si l'enseignement technique de qualification privilégie la «conception» avec une part plus importante de théorie, l'enseignement professionnel met en avant le «savoir-faire» à travers des cours pratiques. Qu'il soit technique de qualification ou professionnel, l'enseignement qualifiant peut être dispensé de plein exercice (cours traditionnels) ou en alternance (études combinées au travail en entreprise).
Au terme de leur cursus, les diplômé·es de l'enseignement secondaire qualifiant sont prêt·es à exercer leur métier. Ils/elles obtiennent un Certificat de qualification. Après la réussite de leur 6e année, les élèves des filières techniques de qualification acquièrent le Certificat d'enseignement secondaire supérieur (CESS). Les élèves en humanités professionnelles doivent achever une 7e année s’ils ou elles veulent obtenir le CESS. Car c’est ce dernier qui ouvre l’accès aux études supérieures pour celles et ceux qui souhaitent poursuivre leur formation.
Constate-t-on des différences de genre dans les choix d’orientation? Si les filles prédominent dans l'enseignement général, les garçons sont plus nombreux dans l'enseignement qualifiant. En effet, les 2e et 3e degrés du général accueillent 48,2% de garçons pour 51,8% de filles, tandis que le qualifiant est fréquenté par 54% de garçons et 46% de filles. Parmi ces élèves, 56,6% de garçons et 43,4% de filles suivent les cours de l’enseignement professionnel. Dans l’enseignement technique de qualification, les élèves se répartissent en 52,4% de garçons et 47,6% de filles.
Des écarts anormalement élevés
Les résultats des élèves de la FWB aux épreuves internationales débouchent sur des écarts anormalement élevés entre les notes des élèves de niveau socio-économique élevé et les notes des élèves de niveau socio-économique moins élevé, ainsi que sur un taux de redoublement supérieur à celui des pays de l’OCDE. Pour répondre à ces problèmes systémiques, le Parcours de l’Enseignement Qualifiant (PEQ) est organisé au sein du Pacte pour un enseignement d’excellence avec une mise en œuvre progressive depuis 2022.
En 2028, après être passé par un tronc commun de la première maternelle à la troisième secondaire, l’élève choisira entre la filière de transition vers le supérieur ou la filière qualifiante. Dans cette filière de qualification, il n’y aura plus la traditionnelle distinction entre technique et professionnel. L’objectif est de faire du choix du qualifiant une orientation positive et d’agir contre le phénomène de relégation qui amplifie les risques de décrochage scolaire. Rappelons que sur les 11.000 jeunes quittant annuellement l’enseignement secondaire sans l’obtention d’un diplôme, 80% d’entre eux sont issus du qualifiant3
.
- 1Indicateurs de l’enseignement 2022, p. 28.
- 2Afin de rendre la lecture plus fluide, le Cadastre de l’enseignement qualifiant 2022 a «opté pour une présentation des intitulés d’options au masculin, ces intitulés devant être lus de manière épicène nonobstant les dispositions du décret du 21 juin 1993 relatif à la féminisation des noms de métier». Cadastre à télécharger sur http://www.enseignement.be/index.php?page=28028&navi=4506.
- 3Le Soir du 27 février 2023: https://www.lesoir.be/497736/article/2023-02-27/cout-complexite-relegat…
La filière de la construction
A titre d’exemple parmi les filières du qualifiant, celle de la construction, pour l’année scolaire 2020-2021, comptait 3991 élèves répartis au sein de cinq sous-groupes d’options: le bois, la construction, le gros œuvre, l’équipement du bâtiment et le parachèvement du bâtiment.
Ces différents groupes d’options se sous-divisent par métier:
Bois: Menuisier d'intérieur et d'extérieur, Ebéniste, Technicien des industries du bois, Complément en création et restauration de meubles, Constructeur-monteur de bâtiment en structure bois, Cuisiniste, Menuisier en pvc et alu, Complément en marqueterie, Restaurateur-garnisseur de sièges, Complément en techniques spécialisées de sculpture.
Construction: Technicien en construction et travaux publics, Dessinateur en construction, Conducteur d’engins de chantier, Couvreur, Charpentier, Technicien des constructions en bois, Etancheur, Dessinateur DAO en construction.
Gros œuvre: Technicien en construction et travaux publics, Dessinateur en construction, Conducteur d'engins de chantier, Charpentier, Couvreur-étancheur, Technicien des constructions en bois, Dessinateur + dao en construction.
Equipement du bâtiment: Monteur en chauffage et en sanitaire, Installateur en chauffage central, Complément en agencement d'intérieur, Technicien en équipements thermiques, Installateur en sanitaire.
Parachèvement du bâtiment: Peintre décorateur, Carreleur–chapiste, Complément en peinture-décoration, Plafonneur cimentier, Tapissier-garnisseur.
En élargissant la focale de fréquentation aux dix dernières années, il s’avère que le secteur de la construction, pourtant essentiel pour répondre aux défis qu’impose la transition énergétique, se trouve en chute de fréquentation de presque 15%. La fréquentation générale de ces options est ainsi passée de 4671 élèves en 2014 à 3991 en 2021.