Dossier compétences de demain: L’élargissement du tronc commun, une réussite?
Jeudi 9 janvier 2020
Grand pilier du Pacte pour un enseignement d’excellence, le tronc commun est un processus long et progressif qui sera d’application à partir de la rentrée de 2020 à tous les élèves de Wallonie et de Bruxelles de la 1re maternelle jusqu’à la troisième année du secondaire (plus précisément, jusqu’à 15 ans).
À l’origine, le tronc commun avait pour ambition de répondre à de nombreuses failles du système éducatif belge: dévalorisation des filières technique et professionnelle, décrochage scolaire, redoublement, ségrégation scolaire… Concrètement, ce nouveau tronc commun modifie la formation commune et l’allonge d’un an dans le but de mieux répondre aux enjeux du XXIe siècle.[1] Pour ce faire, la grille horaire des cours ainsi que leurs contenus ont été réécrits et actualisés: le programme commun à tous les élèves met l’accent sur l’acquisition de savoirs de base (maths, sciences), la connaissance de la langue française et des langues étrangères ainsi qu’une formation polytechnique et multidisciplinaire (informatique, compétences manuelles, initiation aux arts et à la créativité…). La pratique de différenciation sera également au programme afin de permettre à chacun·e d’évoluer à son rythme, par l’accompagnement personnalisé et les évaluations formatives. À l’issue de ce parcours formatif, les élèves se verront décerner un «certificat du Tronc commun». Dès leur arrivée en quatrième année, ils devront choisir soit entre une filière de transition (qui regroupera l’actuel enseignement général ainsi que les options de l’enseignement technique et professionnel) qui mènera à l’enseignement supérieur, soit une filière de qualification qui, elle, mènera à un métier. Dès lors, on ne parlera plus d’enseignement technique et professionnel. Au-delà des bonnes intentions du tronc commun, certaines critiques ne se sont pas fait attendre. En effet, pour certains, le tronc commun rallongé à 15 ans fragilise le qualifiant et ne fait que retarder le passage dans les filières techniques pour les élèves qui le souhaitent. D’autres y voient l’intrusion d’une gestion managériale dans l’école à travers les contrats d’objectifs et leurs indicateurs. Outre les questions d’orientation et d’organisation, le tronc commun pose des questions sur les contenus des cours dispensés (nommés «référentiels», qui établissent les compétences que chaque élève doit acquérir à l’issue d’un parcours commun). En effet, est-ce que ces référentiels intègreront pleinement les enjeux contemporains et futurs? Permettront-ils aux enfants d’évoluer sereinement et positivement dans un avenir incertain et en constante mutation? Seront-ils capables de comprendre le monde et ses enjeux? Dès lors, le tronc commun: une réussite? Difficile à dire tant son utilisation et le contenu de ses référentiels restent déterminants.
[1] 1. https://ligue-enseignement.be/un-pacte-qui-ne-seduit-toujours-pas/ Pour plus d’infos: https://ligue-enseignement.be/un-pacte-qui-ne-seduit-toujours-pas
L’exemple de la Finlande: un tronc commun de 9 ans entièrement gratuit!
Le système scolaire finlandais fonctionne selon le modèle d’un tronc commun de 7 à 16 ans où les matières «intellectuelles» et les matières «pratiques» se côtoient quotidiennement. Chaque élève suit un enseignement global et entièrement gratuit. Aucune filière n’y est proposée et l’orientation vers un enseignement technique ou professionnel n’est réalisable qu’après les 9 années de formation commune. Plus d’infos: «L’école finlandaise, un modèle pour la Belgique? https://ligue-enseignement.be/lecole-finlandaise-un-modele-pour-la-belgique