Eduquer 141: Néerlandais à l'école: enjeux pédagogiques et communautaires / Entrée en matière

Mercredi 7 novembre 2018

«Les relations entre francophones et néerlandophones de notre pays n’ont jamais baigné dans la violence dure mais elles ont été imprégnées de manque de respect, de manque de reconnaissance, de silences coupables, d’ignorance cultivée, de part et d’autre (…) Il ‘suffi rait’ pourtant d’une volonté politique partagée entre flamand·e·s et francophones pour faire de l’échange linguistique un vaste projet de société…». Jean-Pierre Gailliez, fondateur du Centre d’Animation en Langues.

 

Environ 6 millions de nos compatriotes sont néerlandophones. Pourtant, à l’école, le néerlandais perd du terrain en tant que premier choix de langue moderne. En effet, lorsqu’ils ou elles peuvent choisir, les élèves francophones se tournent davantage vers l’anglais. Il demeure donc essentiel de s’interroger sur l’avenir du néerlandais dans nos classes: d’où vient ce désintérêt pour la langue de nos voisin·e·s? Comment susciter l’envie auprès des élèves? Quelles solutions pour améliorer cet enseignement? Ce dossier se propose d’apporter quelques réflexions sur le sujet. Nous essaierons, dans un premier temps, de comprendre la façon dont les tensions politiques entre communautés s’invitent en classe de néerlandais, rendant plus difficile la tâche des enseignant·e·s, qui doivent contrecarrer les préjugés négatifs. Saviezvous qu’en 2010-11, en pleine crise politique de formation gouvernementale, des enquêtes montraient que les jeunes en Fédération Wallonie-Bruxelles et en Flandre, percevaient de façon encore plus négative la langue de leurs concitoyens et concitoyennes situé·e·s au delà de la frontière linguistique? Nous reviendrons, ensuite, sur la scission de l’UCL en 1968, fait rocambolesque qui constitue les débuts de l’autonomie des communautés. Constatant que le néerlandais est imposé aux élèves bruxellois, mais pas à ceux et celles qui habitent dans la partie sud du pays, nous poserons la question à différentes personnalités du monde académique: faut-il, oui ou non imposer le néerlandais en Wallonie? Nous plongerons aussi dans le surréalisme à la belge avec quelques faits assez surprenants: équipe de foot nationale censée communiquer officiellement dans la langue de Shakespeare, pays qualifié de trilingue quand la population ne l’est pas, carte d’identité en anglais, etc. On le sait, la croyance que l’on doit d’abord maîtriser «les bases» avant de pouvoir parler une autre langue, en étudiant des règles, des listes de mots, reste très ancrée dans les représentations. Pour exemple, la grammaire reste centrale dans les manuels scolaires. Pourtant, nous verrons, ici, que pour parler une langue, il faut apprendre les mots en contexte, la langue ne doit plus être un objet d’étude mais un vecteur de communication. Enfin, nous regarderons les conclusions du Groupe de travail «Langues modernes» initié dans le cadre du Pacte pour un enseignement d’excellence. Formation initiale et continue, référentiels, évaluation, etc. Les élections communales de 2018 ont à nouveau fait montre d’un pays divisé d’un point de vue politique, avec une percée de la gauche en Fédération Wallonie-Bruxelles, et un retour des partis nationalistes au nord du pays. Nous gageons cependant, que favoriser l’apprentissage du néerlandais en FWB et du français en Flandre est sans doute l’un des meilleurs moyens pour renforcer le sentiment d’appartenance de tou·te·s les Belges à leur pays.

Dossier réalisé par Juliette Bossé, secteur communication

nov 2018

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