Des ponts interculturels pour plus de cohésion sociale

Jeudi 2 mars 2023

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Julie Legait, Ligue de l'Enseignement

Au quotidien, sur le terrain, la Ligue lutte pour éviter que les fossés se creusent davantage entre les citoyens et les citoyennes. En limitant les freins linguistiques grâce à l’apprentissage du français, elle crée des ponts entre les cultures et vise une société plus égalitaire.

Depuis sa création, la Ligue de l’Enseignement et de l’Éducation permanente entend permettre aux citoyens et citoyennes de disposer de l’instruction nécessaire pour se forger un point de vue critique sur la société dans laquelle ils et elles évoluent. Comprendre les enjeux de la société, s’émanciper des dogmes, des impositions quelconques, avoir la capacité de comprendre les codes culturels, institutionnels, continuer à se former, élargir sa pensée, trouver une activité lucrative ou non dans laquelle s’épanouir, donner du sens, trouver une place, sa place.

Si l’accès à l’éducation est devenu un principe universel, en Belgique tout au moins, nous pouvons malheureusement faire le constat, 160 ans après la création de la Ligue, qu’encore beaucoup n’ont pas la possibilité, la liberté de se créer cette place, de s’épanouir et s’émanciper. Freins économiques, socioculturels, linguistiques, frein des papiers, freins personnels. Nous sommes bel et bien dans une société où certain·es avancent librement, facilement, quand d’autres luttent pour attraper le train, pour se poser et vivre la vie plus sereinement.

Limiter les freins

Aujourd’hui, 20 personnes travaillent à la Ligue dans l’optique de limiter ces freins. De fait, nous sommes une goutte d’eau. Mais nous faisons partie d’un ensemble, d’un réseau qui met toute son énergie pour être ce limitateur de freins : le réseau du non-marchand ! L’enseignement, l’éducation permanente, la santé mentale, le secteur de la petite enfance et de la jeunesse, la cohésion sociale, la culture, l’insertion socioprofessionnelle et tant d’autres qui luttent quotidiennement pour que les fossés entre êtres humains ne se creusent pas davantage. Pour que nous soyons plus nombreux à trouver notre place.

A l’heure où une fatigue certaine se ressent chez les travailleurs et travailleuses de terrain, où la reconnaissance financière d’un secteur qui ne rapporte que peu de capital est quasi absente, il importe de mettre en valeur cette toile qui fait barrage. La Ligue, ce sont trois secteurs d’activité, dont le secteur interculturel créé dans les années 1970 et constitué au départ de militants bénévoles. Aujourd’hui, cinq formatrices et formateurs y travaillent, essentiellement à limiter les freins linguistiques grâce à l’apprentissage du français, mais pas seulement ! Car travailler sur les freins linguistiques, c’est aussi travailler sur la confiance et l’estime de soi, c’est faire en sorte que le temps d’apprentissage ne soit pas obstrué par des questions administratives ou par des charges mentales économiques. C’est tout un travail d’accompagnement qui ne se limite pas qu’aux heures de cours.

Créer des ponts

Faire partie du secteur interculturel, c’est faire « pont » entre les cultures. Culture des un·es et des autres, culture de l’école et culture familiale, identité de soi et identité du groupe, culture urbaine ou encore culture de communauté. C’est faire en sorte que chacun·e s’apprivoise, s’accorde avec confiance et, grâce à l’apprentissage du français, puisse disposer d’outils supplémentaires de compréhension et de décodage.

Faire partie du secteur interculturel, c’est faire de la cohésion sociale en permettant la reconnaissance de la pluralité culturelle comme réalité de société et en contribuant à l’établissement de relations interpersonnelles plus harmonieuses. C’est aussi contribuer à la fondation d’une société plus égalitaire en termes de droits.

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Mar 2023

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