Pourquoi des bibliothèques publiques ?

Lundi 4 décembre 2023

Photo de Pauline Andan sur Unsplash
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Patrick Hullebroeck, Directeur

Dès sa fondation en 1864, la Ligue créa des bibliothèques publiques. Elle préfigurait ainsi ce qu’on appelle aujourd’hui la Lecture publique. Sans doute s’agissait-il, à côté de la création d’écoles, de mettre à la disposition du plus grand nombre les sources du savoir – les livres – et de rejoindre par là le grand dessein de la Ligue: la lutte contre l’ignorance et la conquête de la liberté par l’éducation.

De nos jours, les bibliothèques publiques sont des institutions si ordinaires qu’elles remplissent leur mission en toute discrétion. Au risque de moins susciter l’attention du large public à qui elles se destinent, de s’exposer à l’oubli et de disparaitre.

Le principe d’une bibliothèque à caractère public ou d’une politique de lecture publique, si l’on y réfléchit un instant, ne laisse pourtant pas d’étonner. N’est-il pas surprenant, en effet, de lier une institution ou une activité publique à l’acte le plus privé et le plus personnel qui soit, à savoir la lecture d’un livre?

Il est d’autres activités humaines, parmi sans doute les plus importantes, qui lient étroitement une pratique ou une institution sociale de caractère public à une activité mentale intrinsèquement individuelle et personnelle. En font partie l’éducation et les institutions d’enseignement que sont les écoles publiques, qui mettent en commun l’expérience collective de la vie scolaire avec l’acte par lequel l’individu apprend en son for intérieur.

Cette liaison intime du collectif et de l’individuel, de la dimension publique ou sociale et du caractère privé ou personnel, tient sans doute à la nature intrinsèque de l’identité humaine : si l’individu est seul, et lui-seul en contact direct avec son soi, celui-ci ne se construit que dans la relation aux autres, et c’est le fait de répondre de soi auprès des autres qui permet de renforcer son identité personnelle et de lui assurer une certaine continuité.

La bibliothèque ajoute une dimension sociale à l’acte de lire. Par la circulation des livres qu’elle organise, elle leur permet de «faire société» et de ne pas demeurer clos dans la prison de papier, dont un lecteur demeuré solitaire serait seul à avoir la clé.

Patrick Hullebroeck, directeur

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déc 2023

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