La sonde européenne JUICE a décollé le 14 avril dernier à bord d’une fusée Ariane 5 à destination de Jupiter. La planète gazeuse, située à plus de 620 millions de km de la Terre sera atteinte en 2031. JUICE survolera pendant trois ans les satellites de Jupiter, puis elle se mettra en orbite autour de Ganymède, le plus grand d’entre eux. Ganymède est recouvert de glace mais il abrite un océan dont les eaux sont liquides. Il dispose d’un champ magnétique qui le protège des radiations. Ces caractéristiques sont propices au développement de formes de vie élémentaire. Et tel est bien l’objet de cette mission: vérifier si les conditions favorables à la vie sont effectivement réunies.
La fascination de l’humanité pour la vie dans un lointain ailleurs est d’autant plus énigmatique qu’elle montre une implacable passion pour la mort dans son environnement proche. Il semble même que son goût pour le crime augmente avec la gravité grandissante des désastres qu’elle provoque, avec des moyens de destruction toujours plus puissants: guerres, génocides, extinction de masse du vivant, destruction des milieux de vie et pollutions irréversibles.
Parallèlement, mais toujours avec un effet retard, c’est la conscience des crimes qui s’approfondit et qui se traduit par des normes juridiques qui définissent la nature du crime et permettent de le punir: crimes de guerre et crimes d’agression, ethnocides, génocides, crimes contre l’humanité, écocides.
L’écocide, c’est-à-dire la destruction ou l’endommagement irrémédiable d’un écosystème, a ainsi fait l’objet d’une proposition adoptée par le Parlement européen le 29 mars dernier, visant à en faire une infraction grave dans le droit européen.
La suite du parcours institutionnel de la proposition adoptée par le Parlement devra confirmer ce premier résultat qui, s’il est entériné, constituera un immense progrès en droit. Mais ce progrès, en droit, compensera-t-il jamais les dommages causés, en fait?
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