Apprendre aux élèves à philosopher, à s’interroger, à penser autrement en se détachant des héritages familiaux, sociaux, culturels, etc.
Dès septembre 2017, le cours d’éducation à la philosophie et à la citoyenneté (CPC) figurera dans le programme des écoles de l’enseignement secondaire. Il sera donné à raison d’une heure par semaine à tous les élèves de l’enseignement officiel et libre non confessionnel. Pour rappel, dans l’enseignement libre catholique, l’éducation à la philosophie et à la citoyenneté sera disperse à travers différents cours, y compris dans les cours de religion existants. Un choix que la Ligue de l’Enseignement regrette puisque, tous les enfants en Communauté française, ne jouiront pas des mêmes droits.
En ce début du mois de juin, les parents ou les jeunes âgés de plus de 18 ans, ont dû remplir le formulaire de choix entre le cours de morale non confessionnelle et les cours de religion catholique, protestante, orthodoxe, israélite et islamique. Suite à l’arrêt de la Cour constitutionnelle du 12 mars 2015, il est également possible d’opter pour une dispense de l’un de ces cours. Dans ce cas, les élèves du secondaire bénéficieront, dès la rentrée prochaine, d’une deuxième heure du cours de philosophie et de citoyenneté. L’éducation à la philosophie et à la citoyenneté n’est pas un cours de civisme. Elle a pour ambition de partir de grands enjeux de société et de décliner une approche philosophique, en ayant un objectif de citoyenneté. Tout comme pour le cours introduit depuis septembre 2016 dans l’enseignement primaire, le cours d’EPC dans le secondaire propose un programme non figé. En fonction des retours des pouvoirs organisateurs en fin d’année scolaire prochaine, des modifications pourront être apportées.
« Ce qui est particulièrement intéressant dans le cours du secondaire, ce sont les outils de pédagogie active qui sont proposés aux professeurs, les fiches-outils », explique Johanna de Villers, déléguée Etude et Stratégie au CAL, Centre d’Action Laïque.
« Cela permet d’aborder des référentiels très techniques mais de manière attractive, tout en gardant la profondeur disciplinaire que requière la philosophie ».
Programme par degré
Dans le 1
er degré, le cours abordera la construction de la pensée autonome et critique, se connaître soi-même et s’ouvrir à l’autre, la construction de la citoyenneté dans l’égalité en droits et en dignité. Dans le 2
e degré, les élèves aborderont entre autres, le discours et les pièges du discours, l’éthique et la technique, la participation au processus démocratique, la politique à l’environnement et les stéréotypes, préjugés et discriminations. En 2
e heure, ils se questionneront sur les médias et l’information, les violences, le rapport éthique à soi et à autrui et la société et l’engagement citoyen. Au 3
e degré : vérité et pouvoir, science et expertise, bioéthique, liberté et responsabilité, l’état : pourquoi, jusqu’où ?
Du côté des enseignants, le décret prévoit que les enseignants doivent être au minimum bachelier ou équivalent pour enseigner le cours d’EPC dans le secondaire inférieur et master ou équivalent, pour le secondaire supérieur. Ils doivent suivre préalablement une formation à la neutralité, excepté s’ils sortent de l’enseignement officiel, ainsi qu’une formation à la didactique spécifique à ce nouveau cours…
Exemple de « Fiche-outil »
Exemple de l’une des pistes didactiques à aborder dans le 2
e et 3
e degré du secondaire : les stéréotypes de genres. La mise en situation proposée est la suivante :
« Suite à un appel à projets du Centre pour l’Égalité des Chances, vous avez été sollicités pour construire un catalogue de jouets d’hier et d’aujourd’hui qui sensibilise le consommateur aux préjugés, stéréotypes et discriminations. » Deux séances permettront d’identifier dans un premier temps, les stéréotypes, préjugés et discriminations implicites et explicites qui nous orientent. La 2
e séance, relèvera les stéréotypes qui se trouvent dans les différents documents collationnés. Lors de la 3
e séance il s’agira de répondre à l’appel d’offres en construisant un projet de catalogue. Au cours de ces trois séances, les élèves aborderont les concepts et notions de stéréotypes, préjugés, discrimination, « plafond de verre »
[1], égalités des droits, des chances et en dignité, identité de genre, orientation sexuelle. Ils pourront se questionner et débattre pour ensuite trouver leur propre position de manière argumentée en apprenant à se décentrer et en adoptant une posture critique.
Le programme est accessible aux professeurs et au grand public sur le
site internet de Wallonie-Bruxelles Enseignement : www.wallonie-bruxelles-enseignement.be
Maud Baccichet, secteur communication
[1] La notion de « plafond de verre » renvoie au fait que les femmes peuvent progresser dans la hiérarchie de l’entreprise mais seulement jusqu’à un certain niveau.