Le concours de plaidoirie: Tribun(s) de la Plaide

Mercredi 9 mai 2018

Le 16 mars 2018 a eu lieu la 4e édition du concours Tribun(s) de la Plaide organisé par la Régionale de Charleroi de La Ligue de l’Enseignement et de l’Éducation permanente.

Octobre 2018, les Belges âgés d’au moins 18 ans seront appelé.e.s à participer aux élections communales et provinciales; eten mai 2019, ils/elles éliront leurs représentants fédéraux, régionaux, communautaires et européens. Or tout.e citoyen.ne dans une démocratie a un rôle politique et souverain à jouer. Nous avons donc demandé aux jeunes de 5e et de 6e des écoles officielles de la région de Charleroi de répondre à cette actualité en leur proposant de défendre le thème: «Démocratie en crise, les jeunes citoyen.ne.s s’engagent! Comment envisagez-vous la démocratie de demain? Êtes-vous prêt.e.s à la réinventer? Seriez-vous disposé.e.s à vous impliquer? Comment? À quelles conditions? Que souhaiteriez-vous pour améliorer le fonctionnement démocratique  de nos communes, de nos provinces, de notre région, de notre pays, de l’Europe?»

Le concours: ils/elles ont eu la parole

Ils étaient 5 plaideurs provenant de l’enseignement général et de l’enseignement technique de transition, choisis par le jury de  présélection. Ils/elles étaient déjà 5 gagnant.e.s. Qui sont-ils/elles? Des jeunes calés à leur ordinateur? Des jeunes complètement radicalisés? Certainement pas; ils/elles se disent jeunes et engagé.e.s, face  à une démocratie en crise. «Nous nous sommes déjà engagés  en participant à l’élaboration d’une proposition de résolution pour la laïcité en Belgique et en  la présentant directement devant les  députés au Parlement de la Communauté Française», nous expose Mathilde (La Garenne). Tous  dénoncent la perte des valeurs essentielles, remplacées par  le profit; la montée brutale des  extrêmes avec le repli sur soi et la haine de l’autre. Oui, ils/  elles sont indigné.e.s par les discours trompeurs.  Ils/elles ont cherché à définir la démocratie. Quelles seraient ses qualités? Transparence et participation citoyenne, pour une démocratie juste et tolérante. Mais pour que les jeunes s’investissent réellement, ils/elles ont besoin de plus d’information: 3 d’entre-eux/elles ont parlé du même projet: «l’instauration d’un cours de politique dans le troisième degré de l’enseignement secondaire. Une seule heure de  cours hebdomadaire permettrait peut-être  déjà aux électeurs de demain de  connaître les différents partis, leurs programmes, leurs positions sur les grands débats  de société!»,  lance Arthur devant le jury des Tribuns de la Plaide.  Parce que, dit-il, s’engager, c’est se  battre pour ses valeurs, c’est aller chercher au fond de ses tripes la force de faire valoir ses convictions.  Contrairement à ce que  beaucoup de gens croient, notre génération posera les jalons du monde de demain(Athénée royal de Thuin). Pas de doute, ils/elles sont décidé.e.s à agir, prêt.e.s à écouter les aîné.e.s, sans doute, mais surtout prêts à inventer leur avenir.

Nous les avons écoutés, nous les avons entendus

Nos élèves sont fantastiques,plaidant quasiment sans recourir aux notes, avec illustrations,images et sono. Ils/elles ont déjà gagné le combat contre la timidité et contre la peur. «Ils ont osé faire le grand saut, sortir de leur zone de confort, ils ont osé prendre la parole et faire valser les mots. Les mots qui nous lient au monde et aux autres»1 . Ils/elles nous disent leur travail avec leurs professeur.e.s de français, d’histoire, de morale; Le jury et le public sont enthousiastes. Chacun est prêt à revenir l’an prochain. Des professeur.e.s attentif.ve.s et complices et des chefs d’établissement applaudissent leurs élèves; des parents entourent leur fils, leur fille, subjugués par les performances. Et toute la salle est en ébullition: plus de 350 condisciples leur font un triomphe à l’annonce des résultats. Ce fut une après-midi exceptionnelle:  nous pouvons tout espérer de nos jeunes! «À l’heure où nous assistons au reflux des grandes religions et des utopies politiques apparaît pour chacun l’exigence de penser sa vie et de vivre sa pensée» 2.  

Maggy Roels, Présidente de la Régionale de Charleroi

1. La parole est un sport de combat, Bertrand Périer - éd. JC .Lattès- p.3, 4. 2. A. Comte-Sponville, interviewé par Michel Grodent, Ce que penser veut dire, Le Soir 28 avril 1988.


Un rêve d’adolescent? Un rêve de prof?

Adolescent, je rêvais de participer à un concours d’éloquence. Prof, j’avais envie de voir mes élèves prendre la parole publiquement pour défendre leurs idées, à la manière d’Antigone au pied des murs de Thèbes. L’éloquence est une arme. Les mots savent faire vibrer les autres: les mots pour réfléchir, les mots pour séduire, les mots pour convaincre... et l’audace de les dire! Certains élèves ont la tchatche, d’autres écrivent de manière merveilleuse. Des talents sommeillaient dans les classes, il était temps de les éveiller. Alors, en 2015, avec une équipe qui croit que le meilleur peut surgir des enfants, dans le cadre des activités que nous menons pour la défense et la promotion de l’enseignement public et de l’éducation laïque, nous avons créé «Tribun(s) de la plaide!», un concours de plaidoirie destiné aux élèves de 5e , 6e et 7e années de l’enseignement officiel de la région de Charleroi. Depuis 4 années, les sujets proposés aux élèves, en phase avec la réalité quotidienne, n’ont cessé de démontrer la richesse des idées que ceux-ci avaient à transmettre: - en 2015, les élèves ont traité la thématique de la montée du populisme dans une Europe en proie à la crise économique; - en 2016, c’est le thème de «l’Europe face aux migrants» qui avait été retenu; - en 2017, c’est avec lucidité que les élèves ont proposé de résister au terrorisme; - cette année, face à une démocratie en crise, les jeunes citoyen.ne.s ont décidé de s’engager. Thibaut BIERNY, vice-président de la LEEP Charleroi

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