La classe verticale de l’école maternelle de la Marolle

Mercredi 4 avril 2018

Le coin déguisement
Marie Versele, secteur communication Ligue de l'Enseignement
Nichée en plein cœur du quartier des marolles, à deux pas de la place du jeu de Balle, l’école maternelle de la Marolle est un écrin de verdure en plein centre de Bruxelles, et accueille en son sein une classe un peu  particulière…

Pensée pour les enfants, l’école de la Marolle est lotie dans un bâtiment de plain-pied. Pas d’escaliers, pas d’embûches, l’école est composée de plusieurs plateaux accueillant les différentes années de maternelles. Son jardin  potager y est le lieu de mille et un émerveillements. À côté d’une approche pédagogique classique, l’école comprend une classe plutôt atypique: la «classe verticale»  et ses trois institutrices, Cécile, Bénédicte et Cathy. La classe accueille une quarantaine d’élèves âgés de 3 à 6 ans (1re , 2e et 3e maternelle). Cette approche transversale des apprentissages offre de nombreux bénéfices tant aux enfants qu’aux enseignantes. Rencontre avec Cécile Hankenne, Bénédicte Bovagnet et Cathy Doyen. [gallery ids="8524,8525,8526"]

Éduquer: Quelle est la genèse du projet de la classe verticale de l’école de la Marolle?  

Cécile: Le projet de la classe verticale de la Marolle est né il y a une vingtaine d’années en partant du constat qu’une grande compétitivité, absolument non constructive, s’installait entre les grands de 3e  maternelle. Les enfants commençaient à se comparer entre eux. Le fait de mélanger les âges a permis d’éviter ce phénomène via, d’une  art, la

Le coin lecture

démarche d’entraide des grands envers les petits et, d’autre part, par l’émulation engendrée, qui permet un éveil et une plus grande autonomisation des petits.  

Éduquer: L’organisation d’une classe verticale exige l

Cécile: Cette collaboration est essentielle pour la réussite du projet. Cela ne va pas toujours de soi car, par essence les enseignants travaillent seuls. Pourtant, c’est plus constructif de travailler à plusieurs. On peut rebondir sur  l’idée de l’autre.

Cathy: On a toutes les trois des relations différentes avec les enfants. On ne voit pas les élèves ou les situations de la même manière. C’est bien plus enrichissant de travailler à trois puisque c’est la différence qui fait la richesse.  

Éduquer: Quelle est votre approche?

Les mesures et plantes

Cécile: Pour moi, l’enfant n’est pas moins que moi. Je ne suis pas leur prof. Je suis l’adulte, je suis là pour les guider mais je ne suis pas là pour les commander ou dire ce qu’ils doivent faire. On le fait, bien entendu, pour des questions de sécurité ou alors à des moments où l’organisation le demande, mais je ne pars pas avec l’idée que je suis toute puissante et que c’est moi qui décide. On les respecte, on respecte leurs avis, leurs envies, leurs  goûts et ils nous apprennent plein de choses, on ne s’ennuie jamais avec eux!

Bénédicte: Cela parait évident mais on les écoute énormément. On part de leurs réactions, de ce qu’ils font, de ce qu’ils disent. C’est ce qui aiguille  le sens que vont prendre les activités en classe. On exploite leur curiosité au moment où elle se déclenche. Si on coupe leur élan pour aller vers les informations, si on ne répond pas tout de suite à leurs demandes, on passe à côté de la pédagogie et c’est trop tard.  

Éduquer: Quels sont les retours des enfants face à cette pédagogie?

Bénédicte: Ils sont plus curieux de tout!

Cathy: Plus autonomes aussi!

Cécile: Il y a aussi un grand respect. En classe, ils sont chez eux. Il y a plein de choses fragiles qu’ils ne cassent pas, qu’ils  n’abîment pas. Ce sont leurs affaires et ils les respectent. Par ailleurs, ils sont très fiers de leur travail, de leurs réalisations.  

Éduquer: Quelle est votre vision de l’école?

Le jardin potager

Cécile: On vit un peu à l’école comme si on était dans une famille. On est une famille géante où il y a des plus jeunes, des plus grands, on vit une histoire qui dure 3 ans avec des souvenirs et des histoires qui se construisent  autour de ces quelques années. Nous, en tant qu’institutrices, on est comme des parents parce qu’on est garants de leur sécurité et du bien-être de chacun.  

Éduquer: Située en plein cœur des Marolles, l’école jouit d’une grande mixité. Comment ce brassage culturel se marque t-il dans l’école?

Bénédicte: Pour les enfants, la mixité se fait naturellement. Les différences d’origines ne se marquent pas. On est dans une famille. Au niveau des parents, on remarque malheureusement que c’est souvent le même type de public qui adhère à ce genre de pédagogie et qui s’y investit. Il est encore difficile d’atteindre tous les publics.  

Éduquer: Selon vous, qu’est-ce qu’une école bienveillante? 

Bénédicte: Pour moi, la bienveillance n’a rien à voir avec la pédagogie qu’on adopte. C’est la manière d’être avec les enfants qui prime sur l’approche pédagogique. La bienveillance est avant tout une attitude de respect de l’autre.

Cécile: On peut, en effet, être très classique et rester bienveillant. Mais quelque part, je pense que dans les écoles à pédagogies actives les enseignants sont plus spontanément dans une recherche de la bienveillance car la manière dont on travaille induit une autre attitude, un autre fonctionnement dans la classe.

Éduquer: Un avenir meilleur via la bienveillance?

Le Poulailler

Cécile: Je pense que les parents ont envie d’autre chose, d’une autre école. L’école doit évoluer car les enfants ont changé, la société a changé. C’est sans doute pour cela qu’on parle de plus en plus des pédagogies actives, c’est à la mode. La bienveillance est une philosophie. Je pense que c’est dans l’air du temps. On doit en effet évoluer car le système scolaire ne se porte pas très bien. Nous sommes sans doute à un tournant, on a besoin d’une école qui n’est pas fermée, d’une école qui cherche et s’interroge sans cesse.  

Contact: mat.marolle@brunette.brucity.be  

 


La classe des petits jardiniers

Dans le cadre de ses activités, la classe verticale de l’école de la Marolle, ou «la classe des petits jardiniers», aborde à souhait les sujets autour de la nature. La classe explore et exploite quotidiennement les ressources de son jardin potager et se rend deux fois par mois dans la forêt de Soignes, théâtre de nombreux émerveillements.

Le jardin
Le jardin potager

Du même numéro

Articles similaires