Permettre à la génération banquette arrière de choisir sa mobilité!
Dans un monde où l’automobile a pris une telle place dans nos vies, dans nos habitudes et dans nos rues, l’usage de la voiture est devenu, pour beaucoup d’entre nous, un réflexe, un geste que l’on pose sans réfléchir.
à travers ses activités dans les classes, les outils pédagogiques qu’elle crée ou dans les formations dispensées aux (futur-e-s) enseignant-e-s, l’équipe d’Empreintes essaie de remettre au goût du jour cette question toute simple et pourtant essentielle pour la mobilité de demain: quel mode de transport vais-je utiliser pour mon prochain déplacement?
Les défis et enjeux liés à la mobilité sont importants et complexes. C’est une thématique qui nous touche, tous, au quotidien. Si vous fréquentez les abords d’écoles aux heures d’entrée et de sortie des classes, la mobilité s’apparente souvent à une jungle. Mais ce n’est pas une fatalité. Il est possible de changer les choses, de rendre les abords et les chemins vers l’école plus sûrs et plus conviviaux. Il est également possible de donner aux jeunes générations les clés d’une mobilité choisie et réfléchie.
Faire vivre des expériences positives
Chez Empreintes, nous aimons faire vivre des expériences positives à nos publics: des expériences alternatives et innovantes dans leur quotidien et dans un cadre ludique. Quand on parle d’expériences, on entend par là, le fait de se rendre sur le terrain, d’observer les abords des écoles et le quartier, de se confronter à son quotidien et à son environnement.
En matière de mobilité, permettre à des enfants de questionner le tout à la voiture, de tester d’autres manières de venir à l’école (ne fut-ce que pour les dernières centaines de mètres) est déjà une opportunité à saisir pour leur donner un peu d’expérience, de connaissances et surtout la capacité de choisir leur mobilité, le moment venu.
C’est aussi une manière, pour ceux qui ne sont transportés qu’en voiture (la fameuse génération «banquette arrière», conduite par monts et par vaux par des parents taxis), de tester, de comprendre et d’apprendre.
Bien sûr, chacun agit selon ses contraintes, que ce soit au niveau du timing, de la distance ou de l’organisation familiale. Il n’est donc pas question de juger, ni de reporter sur les enfants, des responsabilités d’adultes. Il s’agit ici de mobiliser et d’encourager ceux qui le souhaitent et qui le peuvent, à pratiquer d’autres formes de mobilité.
La pratique de la marche ou du vélo donne un avantage dans l’apprentissage des élèves. Nous le constatons lors de nos animations. Les enfants qui sont venus à vélo ou à pied, connaissent le chemin qu’ils ont emprunté, leur temps de trajet. Ils connaissent aussi davantage leur environnement (nom des rues, quartier...). Une étude danoise
[1] a également révélé que ces enfants, actifs sur leur trajet le matin, étaient plus éveillés et plus à même de se concentrer en classe que les enfants déposés en voiture devant la porte de leur établissement.
Impliquer les parents
Si les élèves ont souvent l’envie de se déplacer à vélo ou à pied quand la distance le permet, ce sont souvent les parents qu’il faut convaincre.
Que ce soit une question d’autonomie de l’enfant, d’un manque d’aménagements…, il n’est pas simple de laisser son enfant partir seul ou en groupe sur le chemin de l’école.
Une des pistes pour y arriver est d’impliquer les parents dans les projets de mobilité, de les faire participer à la réflexion et d’imaginer avec eux les pistes de solutions, les actions possibles et concrètes pour lever leurs freins. Nous l’avons constaté dans nos projets. Là où les parents sont impliqués dans une réflexion sur la mobilité, la situation peut changer. Car si la mise en place d’aménagements aux abords et sur le trajet vers l’école est importante, elle est inutile sans changement de comportements. Et vice versa.
Des outils pour aborder la mobilité à l’école
Si vous souhaitez aborder la thématique de la mobilité avec votre classe, il existe toute une série d’outils et d’acteurs référencés sur le site de la Wallonie, de la Région de Bruxelles-capitale ou sur le site du Réseau Idée, par exemple.
Cependant, avant d’entamer quelque action que ce soit, nous vous suggérons fortement de procéder à un état des lieux de la situation. La mobilité est souvent l’objet d’exagérations, de peurs subjectives qu’il convient d’objectiver pour mener une réflexion sereine mais aussi, et tout simplement, pour mener des actions qui répondent à vos besoins.
Que ce soit par des animations en classe, des projets d’école, des formations d’enseignant-e-s ou d’ateliers découvertes d’outils
[2], l’équipe d’Empreintes a la spécificité d’aborder la mobilité dans son ensemble, de proposer une réflexion multimodale. Car pour solutionner un problème de mobilité, il est essentiel de prendre de la hauteur, de regarder la situation dans son ensemble.
Des moments pour aborder la mobilité
Si la mobilité est une thématique du quotidien et qu’elle peut être abordée tout au long de l’année, il existe des moments plus propices que d’autres.
La semaine de la mobilité (du 18 au 22 septembre) en est un! Durant cette période, toute une série d’acteurs se mobilisent autour de cette thématique. Les informations foisonnent dans la presse et les régions et communes soutiennent des projets locaux. Le début de l’année scolaire est aussi une période propice pour lancer une dynamique au sein de l’école.
Un autre moment à privilégier, est l’arrivée du printemps. Il est en effet plus agréable et donc plus efficace de mobiliser une école à tester les modes actifs (marche, vélo...) lorsque la météo redevient plus clémente.
Il est également possible de mener des actions durant ces deux périodes, comme nous avons pu le constater dans certaines écoles avec le défi «Émile, le serpent mobile». Simple et ludique, ce défi européen (mené dans 19 pays de l’Union), permet de mobiliser les élèves, enseignant-e-s et parents durant une à deux semaines. Rien que pour la semaine de la mobilité 2017, Empreintes a accompagné 4 676 élèves issus de 220 classes primaires. Durant cette période, des comptages sont effectués avec pour objectif, d’augmenter la part des modes actifs sur le chemin de l’école. Sur les trois dernières années, nous avons constaté une augmentation moyenne de 13% des modes actifs après ces défis.
Toujours le même constat
Il est bien entendu idéal d’être soutenu par sa commune et par la région pour la mise en place d’infrastructures sûres et de qualité. Mais la situation budgétaire actuelle n’empêche pas de mener une réflexion et de mettre en place des actions qui toucheront davantage les comportements que l’infrastructure.
Nous le constatons, lorsque nous nous rendons dans les écoles: la motivation est là, que ce soit dans le corps enseignant, auprès des élèves ou de leurs parents. Les communes sont aussi à l’écoute pour de petits soutiens… avant peut-être, des chantiers d’envergure.
Quelle que soit la réalité aux abords de votre école, n’hésitez pas à mener des actions et une réflexion pour une mobilité plus sûre et plus conviviale. Cela aura sans doute des effets immédiats mais contribuera aussi à ce que les jeunes générations soient en capacité de se poser cette question: quel est le moyen de transport le plus adapté pour mon prochain trajet?
Patrick Jacquemin, chargé de communication et chargé de projets mobilité
[1] The Mass experiment 2012:
http://sciencenordic.com/children-who-walk-school-concentrate-better
[2] Découvrez l’ensemble des activités scolaires sur notre site:
empreintes.be/activites-en-classe/
L’asbl Empreintes est une Organisation de Jeunesse reconnue par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Elle inscrit son action dans l’Éducation relative à l’Environnement (ErE) et propose aux enfants, adolescent.e.s, jeunes adultes, professionnel.le.s de l’animation et de l’éducation, publics en situation de précarité et à tous ceux et celles qui travaillent avec eux, des animations, des formations et des outils pédagogiques...
Plus d'infos:
www.empreintes.be
Émile, le serpent mobile
Émile le serpent mobile est un projet européen simple et ludique mettant les élèves au défi d’utiliser, durant 2 semaines, les modes de déplacements actifs (marche, vélo, transports en commun, co-voiturage) pour se rendre à l’école. Un comptage AVANT et APRES le défi permettent d’observer si l’objectif d’augmentation de modes actifs que l’établissement s’est fixé a été atteint, et perdure.
www.emileleserpentmobile.be
De Files en fils
À l’aide d’une carte et de fils de laine, une classe se transforme en bureau d’études et analyse les déplacements des élèves pour se rendre à l’école. D’où viennent-ils, quels modes de transports utilisent-ils? Les chemins pour se rendre à l’école sont-ils sûrs ? Des améliorations d’infrastructures ou de comportements sont-elles possibles?
Optimove Junior (primaire) et Optimove
Ce sont des jeux de sociétés coopératifs réalisés par
Empreintes, en collaboration avec le Service Public de Wallonie et l’IBSR. Ces jeux permettent d’aborder, de façon ludique, les questions d’environnement, de sécurité routière et de mobilité. Optimove et Optimove Junior sont disponibles à la vente ou en prêt chez Empreintes et dans d’autres structures en Wallonie et à Bruxelles.