Les flux migratoires en Belgique (XIXe et XXe siècles)
La Commission européenne vient de publier un sondage attestant que les migrations restent la première préoccupation des Européen·ne·s et des Belges.[1] L’information ne peut laisser indifférent·e ; il faut se rappeler cependant que, depuis les origines les plus lointaines, l’Europe et la Belgique ont toujours été parcourues par des migrant·e·s à la recherche de nouveaux espaces, pour fuir un danger ou pour trouver de nouvelles ressources. Nous sommes toutes et tous aujourd’hui, les descendant·e·s de ces migrant·e·s et les produits de ces métissages.
A travers cette étude, nous faisons le constat que les gouvernements belges de l’après- guerre ne semblent pas avoir imaginé les conséquences multiples, sociologiques, psychologiques et autres qu’impliquait l’arrivée sur le territoire de dizaines de milliers de personnes ayant des traditions de vie très différentes, pratiquant des langues dialectales appartenant à d’autres familles linguistiques ou encore ayant une religion, l’islam, quasi absente en Belgique, en tout cas totalement méconnue par la population autochtone.[2] Les gouvernements belges n’ont pas non plus prévu des structures d’accueil et sans doute en premier lieu, des structures scolaires adéquates et adaptées, un axe essentiel pour faciliter la socialisation et l’intégration des deuxièmes et troisièmes générations[3]. Ainsi, d’échec en échec, nombre de ces élèves ont été dirigés vers l’enseignement professionnel et des écoles sont devenues des « écoles ghettos ». En d’autres mots, il y eut un énorme déficit dans les mesures d’accueil aussi bien envers les migrant·e·s que les populations autochtones qui ont été mises devant le fait et qui furent (sont encore) confrontées, sans préparation elles aussi, à un voisinage fait d’incompréhensions, d’inquiétudes et de rejets. Aujourd’hui, Prôner des politiques nationalistes et identitaires, c’est ignorer l’histoire. Depuis quelques années l’Europe et la Belgique font face effectivement à des flux migratoires spontanés et importants auxquels les autorités répondent par le repli identitaire, les contrôles vexatoires, le rapatriement, voire la création de centres fermés. Le/La migrant·e n’est pas une calamité. Il/Elle n’est pas uniquement une force de travail. Il/Elle est aussi « une force d’évolution culturelle qui fait avancer les sociétés qui l’accueillent et ceci dans tous les domaines des sciences, des arts, des sports et des cultures quotidiennes ». Une étude de Pol Defosse, historien. Illustration de Abdel de Bruxelles. Consulter l'étude ici [1] Le Soir du 8 août 2019, p. 2. : 28% sont préoccupés par les migrations avant les pensions 22%, la dette publique 22%, le climat et l’environnement 20%. Le terrorisme ne vient qu’en dernière position avec 4%. [2] De COOREBYTER, n° 1187-1188, p. 16-32 [3] On aurait peut-être pu éviter beaucoup de polémiques (Cf. P. BLAISE - V. de COOREBYTER, L’Islam et l’école. Anatomie d’une polémique, Courrier hebdomadaire du CRISP, n° 1270-01271, 01990, 87 p.).