Changer, pour ne pas changer

Alors que le Comité de concertation de ce 20 mai pouvait enfin annoncer une sortie de crise et la fin des dernières mesures préventives1 contre le Covid, le sentiment qui domine est qu’une crise en chasse une autre, plus grave et plus dangereuse encore.

Puisque la guerre fait rage en Ukraine, c’est l’approvisionnement en céréales de nombreux pays extra-européens qui risque de faire défaut: par défaut de paiement, vu la cherté des denrées; par l’impossibilité de les transporter, vu le blocus en mer d’Azov et en mer Noire; à cause de l’interdiction des exportations décidée par certains pays comme l’Inde ou la Russie. La famine menace. Mais ce qui interpelle aussi, ce sont les évènements météorologiques extrêmes qui se multiplient dramatiquement partout sur la planète et qui, comme un signal d’alarme, rappellent à l’humanité les transformations rendues nécessaires par la crise climatique.

Le 18 mai dernier, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, lançait une nouvelle fois un appel dramatique lors de la présentation du rapport 2021 sur la situation météorologique mondiale: «The only sustainable future is a renewable one. We must end fossil fuel pollution and accelerate the renewable energy transition, before we incinerate our only home. Time is running out.»

Mais les mesures tardent à se concrétiser, malgré les initiatives prises, par exemple, au niveau européen, avec le Green Deal ou avec la réponse énergétique proposée par la Commission européenne pour mettre fin aux importations de charbon, de pétrole et de gaz en provenance de Russie.

Ces politiques, pour ambitieuses qu’elles soient, seront-elles suffisantes pour infléchir le dérapage climatique et protéger la biodiversité? Instaureront-elles une économie plus durable, qui préserve les ressources dans un monde plus équitable?

Ou s’agit-il seulement de «changer, pour ne pas changer», c’est-à-dire, pour prolonger un mode de vie dispendieux que les plus riches devraient abandonner au profit d’une plus grande sobriété?