Le 3e volume du 6e rapport du GIEC, consacré à l’atténuation du changement climatique, a été publié le 4 avril 2022 dans une indifférence quasi générale.
Le rapport a pourtant une finalité pratique. Il dresse un état des lieux sur les émissions de gaz à effet de serre. Celles-ci continuent à augmenter mais le rythme de l’augmentation ralentit.
Il évalue l’impact des mesures déjà adoptées et montre qu’elles demeurent insuffisantes. Surtout, le rapport fait l’inventaire des solutions concrètes qui peuvent inspirer les choix politiques à l’avenir.
Comment dès lors expliquer cette indifférence ou cette apathie des décideur·ses politiques et de l’opinion publique que même la «jeunesse pour le climat» ne semble pas pouvoir secouer? Serait-ce dû au covid, au risque de crise économique ou à la guerre en Ukraine?
Sans doute la santé humaine, comme le bien-être des populations ou l’état de la planète peuvent-ils être considérés de différentes manières.
Ils peuvent n’être qu’un aspect ou un instrument mis au service de la volonté de puissance et des intérêts géopolitiques. C’est ce point de vue qui semble prédominer aujourd’hui: la pandémie, les risques de famine ou de crise énergétique ne semblent guère plus que des facteurs dont les grandes puissances usent au bénéfice de leurs objectifs stratégiques.
Mais l’ordre des priorités peut s’inverser. Et la santé, la vie, la planète, loin de n’être que des moyens dont on use, peuvent devenir des fins ou des enjeux qui commandent de façon décisive les choix politiques et auxquels les impératifs stratégiques sont subordonnés.
On peut rêver.
Ou s’agit-il de raison garder? En entretenant notre foi en la capacité des êtres humains et des sociétés à améliorer leurs conditions d’existence?
Patrick Hullebroeck, directeur