Covid: le point de la situation en général
Jeudi 29 avril 2021
À la date du 8 avril 2021, le total des cas confirmés s’élève à 947.000 cas: 437.524 cas en Flandre (46%), 374.383 cas en Wallonie (40%), dont 5379 cas pour la communauté germanophone, et 117.256 cas à Bruxelles (12%). Les données sur le lieu de résidence n’étaient pas disponibles pour 17.837 cas (2%)[1].
Du 8 avril 2021 au 14 avril 2021, 25.465 nouveaux cas ont été diagnostiqués: 12.768 en Flandre (50%), 9.309 en Wallonie (37%), dont 118 cas pour la communauté germanophone, et 2.867 à Bruxelles (11%)[2]. Les chiffres des nouvelles contaminations et du taux de reproduction de ces deux derniers mois expliquent les inquiétudes exprimées fin mars par les spécialistes mais montrent également que le ralentissement de la propagation de l’épidémie sera lent: Ce sont surtout les données concernant les hospitalisations et l’occupation des lits en unités de soins intensifs qui justifiaient la nécessité de prendre rapidement des mesures restrictives: À titre indicatif, le déconfinement est prévu aux conditions suivantes: - à partir du moment où le nombre moyen de contamination par jour au niveau national est inférieur à 800 pendant 14 jours et où le taux de reproduction est inférieur à 1; - à partir du moment où le nombre d’hospitalisations par jour est inférieur à 75 pendant 7 jours et où le taux de reproduction des hospitalisations est inférieur à 1.
La situation dans l’enseignement
Pendant la semaine du 22 au 28 mars 2021, 3.518 cas de COVID-19 à l’école ont été signalés en Communauté française, dont 2.671 cas sur les 903.806 élèves de l’enseignement fondamental et secondaire, soit 0,30% des élèves[3]. Cela constituait une augmentation de 596 cas par rapport à la semaine précédente. Les incidences de nouveaux cas calculées sur les 14 jours qui précèdent étaient de 693 sur 100.000 en primaire et de 630 en secondaire. Par comparaison, l’incidence pour l’ensemble de la population belge était alors de 547 pour 100.000. Pour rappel, en épidémiologie, le taux d’incidence exprime le rapport entre le nombre de nouveaux cas d’une pathologie observés pendant une période donnée (la population incidente) et la population dont sont issus les cas pendant cette même période (population cible). Durant cette période, il y avait donc proportionnellement plus de cas covid observés dans la population scolaire que dans la population en général, d’où le fait que le débat sur la contribution de l’enseignement à la propagation de l’épidémie s’est trouvé relancé. L’augmentation significative des cas covid observée depuis la mi-février explique la préoccupation des responsables de l’enseignement à la fin du mois de mars.
Le nombre d’élèves placés en quarantaine suit une évolution parallèle. Durant la semaine du 22 au 28 mars, 15.142 élèves et étudiant·e·s ainsi que 509 membres du personnel ont à nouveau été mis en quarantaine. L’évolution de janvier à fin mars était également significative sur ce plan:
En prenant un peu de recul, on se rend compte que la question était de savoir si l’évolution des chiffres en mars 2021 reproduisait l’évolution observée du 15 septembre au 15 octobre 2020, annonçant un pic épidémique comparable à celui observé fin octobre. Le gouvernement n’a pas souhaité prendre de risque et le CODECO décida la fermeture anticipée des écoles.
Le Comité de concertation du 24 mars 2021
Fin mars, c’est la douche froide: le CODECO décide la fermeture des commerces non essentiels (les ouvertures sur rendez-vous et les livraisons restent autorisées), l’interruption d’activité des métiers de contact non médicaux (fermeture des salons de coiffure, etc.), le renforcement du contrôle du télétravail, une nouvelle limitation des rassemblements à l’extérieur (maximum 4 personnes) et la fermeture anticipée de l’enseignement obligatoire une semaine avant les vacances de Pâques. Les cours sont en effet suspendus, du 29 mars au 2 avril, en primaire et secondaire, dans l’artistique à horaire réduit (ESAHR) mais pas dans les classes maternelles! Et c’est la confusion! Car comment comprendre la suspension des cours dans l’enseignement obligatoire, mais pas dans les classes maternelles? C’est la circulaire n° 8033 (complétée par les circulaires 8037, 8044 et 8059 pour l’ESAHR), datée du 25 mars 2021, qui informe les équipes pédagogiques des dispositions pratiques qui découlent de cette décision. La ministre de l’enseignement, Caroline Désir, introduit la circulaire en rappelant ses fortes convictions quant au maintien de l’ouverture des écoles et en soulignant les efforts consentis pour que les écoles demeurent des lieux sûrs: «Tout d’abord, je reste convaincue que vous avez tout mis en œuvre pour que les écoles constituent les lieux les plus sûrs possibles. Les directions, les membres du personnel, les élèves et les parents ont fourni des efforts exceptionnels, accepté des contraintes quotidiennes importantes, pour rencontrer au mieux cet objectif. Je regrette profondément que le sérieux des acteurs de l’école dans le respect des normes - parfois tellement complexes au regard de leurs réalités - ait pu être remis en question par certains, alors que vous méritez au contraire des remerciements infinis. (…) Les écoles ne sont pas subitement devenues, en mars, le lieu de tous les dangers bien qu’il soit incontestable que des contaminations puissent s’y produire. Les enfants et les jeunes ne sont pas soudain devenus des bombes épidémiologiques, à qui il faudrait imputer la responsabilité de la crise. Aucune étude scientifique, aucune observation n’est venue contester les principes qui ont guidé l’organisation de l’école en contexte de crise COVID depuis la rentrée.» C’est donc moins une situation objective dans les écoles que le devoir de contribuer à l’effort collectif qui justifie, selon la ministre, la fermeture des écoles: «Quoi qu’il en soit, la dégradation de la situation sanitaire globale dans notre pays - particulièrement le nombre d’hospitalisations en soins intensifs - justifiait sans aucun doute que des mesures fortes soient adoptées. Dans mes prises de position, j’ai toujours indiqué que l’école devait rester la priorité nationale et ne fermer qu’en tout dernier recours, mais qu’elle devait participer à l’effort collectif si un reconfinement touchant aux différents secteurs devenait indispensable. Les décisions du CODECO s’inscrivent dans ce contexte, dans la perspective de casser les dynamiques de transmission dans tous les pans de la vie sociale, dont les écoles, même si une large majorité d’établissements continuaient ces dernières semaines à fonctionner sans connaître de cas Covid.» En ce qui concerne l’enseignement primaire et secondaire ordinaire et spécialisé, la décision du CODECO prévoit la suspension des cours en présentiel mais les examens et les épreuves de qualification qui étaient prévus peuvent toutefois être organisés: «Nous ne vous demandons pas d’organiser l’enseignement à distance pendant cette période. Nous demandons en revanche que les équipes restent disponibles pour les élèves qui auraient besoin d’un soutien à distance. Les élèves sont présumés en absence justifiée. Chaque établissement devra organiser un accueil des élèves régulièrement inscrits dans l’établissement pour lesquels aucune autre solution alternative de garde n’est possible». En ce qui concerne l’enseignement maternel, l’embarras est manifeste et c’est par pure loyauté vis-à-vis du CODECO que la ministre fait appliquer les décisions: «Dans l’enseignement maternel, le CODECO a opté pour le maintien des leçons en présentiel. Ce choix peut s’expliquer par le fait que les contaminations dans l’enseignement maternel sont nettement moins élevées que dans l’enseignement primaire et secondaire, malgré un testing fortement renforcé des 0-6 ans depuis février. Il pose, par contre, des problèmes très complexes sur le plan organisationnel pour les directions et soulève des questions d’égalité de traitement entre les membres du personnel. Je sais que vous êtes également nombreux à vous interroger sur le sens de la décision dès lors que toutes les autres mesures prises visent à limiter les contacts. Je ne peux que comprendre et entendre ces interpellations. Je tiens également à souligner avec force que l’enseignement maternel est un enseignement à part entière et ne peut être assimilé à une garderie géante. Ce niveau a été récemment doté d’un référentiel des compétences initiales. Il constitue à mes yeux une des étapes-clés d’un parcours scolaire réussi et je n’ai de cesse d’encourager la fréquentation maximale du maternel dans l’attente d’obtenir un abaissement de l’âge de l’obligation scolaire à 3 ans. Les membres des personnels de l’enseignement maternel méritent le plus grand respect pour les missions éducatives déterminantes qu’ils accomplissent ou contribuent à accomplir, et non parce qu’ils surveillent les enfants pendant que les parents travaillent. Considérant ces différents éléments, tout en restant loyale à la décision prise au niveau interfédéral, je vous invite, lors de la semaine du 29 mars au 2 avril, à limiter autant que possible les contacts dans l’enseignement maternel. Concrètement, cela implique d’organiser l’accueil des élèves régulièrement inscrits mais de: - ne pas prévoir d’activités pédagogiques impliquant l’acquisition de nouvelles compétences; - inviter les parents à garder au maximum leurs enfants à la maison ou à trouver des solutions de garde alternatives ne mobilisant pas des personnes à risque afin de participer à l’effort collectif de limitation des contacts (l’obligation scolaire ne sera pas contrôlée pour les 3e maternelles).»
Une difficile reprise des cours
Une confusion identique régnera pour la reprise des cours. Initialement annoncée comme pleine et entière à partir du 19 avril, la ministre doit informer les écoles de la nécessité dans laquelle elle se trouve de retarder la décision de reprise des cours à cause de l’évolution de la pandémie dont les chiffres ne s’améliorent pas assez vite (circulaire n°8042 du 31 mars 2021 et n°8044 du 2 avril 2021). Il faudra attendre le 14 avril pour que les modalités de reprise des cours soient définies (circulaire n° 8051 pour le fondamental; n°8053 pour le secondaire; n°8056 pour l’ESAHR). Finalement, les écoles reviennent à la situation qui prévalait en mars, moyennant quelques aménagements: - dans l’enseignement fondamental, «il a été décidé de maintenir les modalités d’organisation de l’enseignement telles qu’elles étaient en vigueur avant le 22 mars dernier, à l’exception des repas chauds qui peuvent à nouveau être servis dans des conditions très strictes dans l’enseignement primaire.» Par ailleurs, le port du masque n’est plus obligatoire en 5e et 6e primaire, mais peut être autorisé! - pour ce qui concerne l’enseignement secondaire, la ministre informe les établissements scolaires, «que l’objectif commun des trois Ministres de l’Éducation est de reprendre l’enseignement à 100% en présentiel à partir du 3 mai prochain.» Cette reprise reste toutefois conditionnée à une évolution positive de la situation sanitaire. Cette reprise en présentiel à 100% va dans le sens des perspectives tracées par le CODECO du 14 avril: l’interdiction des voyages non essentiels prend fin le 19 avril, les commerces non essentiels et les métiers de contact peuvent reprendre leur activité à partir du 26 avril, les rassemblements de maximum 10 personnes en extérieur sont réautorisés à la même date, certaines activités de plein-air (terrasses de restaurant, évènements culturels, services du culte, brocantes) seront à nouveau autorisées à partir du 8 mai, ainsi que les activités associatives et sportives en groupe (maximum 25 personnes) à l’extérieur. Toutes ces promesses seront-elles tenues? On attend de voir. Mais ce qui demeure pendant, ce sont toutes les activités, culturelles en particulier, dont le déroulement s’effectue à l’intérieur et pour lesquelles aucune perspective n’est encore donnée. Un nouveau CODECO devrait se tenir le 23 avril. Les acteurs culturels, socio-éducatifs et sportifs qui pratiquent leurs activités à l’intérieur pourront-ils attendre jusque-là?
Patrick Hullebroeck, directeur
[1] Source: Sciensano, Bulletin épidémiologique du 18 avril 2021. [2] Source: idem. [3] Source: Communiqué de presse ONE - 31 mars 2021.