Code rouge pour l’enseignement obligatoire jusqu’à la fin de l’année
Mardi 1 juin 2021
Du présentiel et des évaluations à la carte
Pendant la semaine du 10 mai au 16 mai 2021, 1441 cas de COVID-19 à l’école ont été signalés aux équipes PSE, dont 1110 cas sur les 903.806 élèves du fondamental et du secondaire en FWB (0,12% des élèves). Ces chiffres indiquent une diminution de 480 cas par rapport à la semaine précédente, mais cette diminution est peu indicative dans la mesure où les 13 et 14 mai étaient des jours de congé scolaire.
Plus indicative est l’évolution des chiffres depuis septembre 2020 :
Après la période des congés scolaires de Pâques, on observe une remontée du nombre des contaminations parallèle à l’évolution du nombre d’incidences constatée durant la même période :
Toute la question est à présent de savoir si l’évolution des chiffres dans l’enseignement va rejoindre l’évolution de l’épidémie dans l’ensemble de la population sachant que les jeunes ne bénéficient pas actuellement de la vaccination tout comme une partie encore significative des adultes qui travaillent dans les établissements scolaires. Durant les 14 derniers jours, le nombre moyen quotidien de contamination s’élevait pour l’ensemble de la population à 2542 cas, soit une diminution de 21% par rapport à la période précédente.
La fin de l’année scolaire
La Ministre de l’Education, Caroline Désir, avait annoncé une reprise des cours dans l’enseignement fondamental et secondaire à 100% en présentiel dès le début du mois de mai, mais ce redémarrage a dû être reporté au 10 mai, l’évolution de la situation sanitaire requérant une certaine prudence. C’est la circulaire n°8071 du 28 avril 2021 qui précise les modalités de la reprise des cours en présentiel dans le secondaire. Celle-ci reste à tout le moins paradoxale, puisque les écoles demeurent en code rouge, - mais avec une injonction de reprise des cours en présentiel à 100%. A y regarder de plus près, le retour en présentiel n’est pas aussi général qu’annoncé, puisqu’un pouvoir organisateur peut décider de mettre en place une hybridation (50% en présentiel, 50% à distance) pour une ou plusieurs écoles, une ou plusieurs classes, un ou plusieurs cours, moyennant le respect d’un certain nombre de critères qui laissent une large part d’interprétation aux responsables des écoles : « cette décision doit être motivée soit par des raisons organisationnelles incontournables liées à l’absence d’une proportion significative d’élèves ou d’enseignants en raison de cas Covid et de mises en quarantaine, et s’inscrire dans le respect des règles générales relatives à la charge des enseignants ; une concertation doit être menée dans les instances ad hoc en vue de définir le cadre de cette hybridation ; la durée doit être limitée à 2 semaines consécutives maximum, renouvelable après évaluation; l’école doit s’assurer que tous les élèves disposent d’un accès aux contenus étudiés à distance. Les élèves qui ne disposent pas de l’équipement numérique nécessaire à domicile sont accueillis dans des locaux de l’école ou dans un des lieux répertoriés dans la circulaire 7793 ; les stratégies de différenciation et d’hybridation doivent être mises en œuvre, en veillant à ce que: un suivi soit accordé à tous les élèves, en ce compris les élèves en quarantaine, en tenant compte de leurs conditions de travail à domicile; des contenus à distance soient effectivement proposés dans les matières qui s’y prêtent en tenant compte de la capacité des élèves à travailler en autonomie; ces contenus se concentrent sur des apprentissages correspondant à des «essentiels»; une coordination soit assurée entre les enseignants pour que les apprentissages à distance soient proportionnés dans leur volume et dans le temps à y consacrer par les élèves mais aussi qu’ils prennent des formes diversifiées en prenant en compte le temps passé devant l’écran » (Circulaire n°8071, p. 3). Il sera intéressant à la fin de l’année scolaire de voir quelle aura été la réalité des faits. Autre pomme de discorde : les modalités de l’organisation des examens de fin d’année. On se souvient que si les épreuves certificatives externes étaient maintenues, il était laissé à l’appréciation des pouvoirs organisateurs le soin de décider des modalités du passage de classe. On se souvient que la Ministre, Caroline Désir, avait invité les responsables scolaires à adopter une attitude bienveillante, afin de ne pas pénaliser les élèves déjà confrontés aux conséquences délétères de l’épidémie. La ligne de conduite adoptée par la Ministre s’inspirait de trois grandes préoccupations : concilier l’intérêt pédagogique et l’aspect psycho-éducatif, maximiser les temps d’apprentissage et lier la confiance portée aux équipes éducatives à un esprit de dialogue avec les parents. C’est ainsi que la Ministre invitait les équipes éducatives à avoir « à cœur de concilier l’intérêt pédagogique et psycho-éducatif de vos élèves en prenant en considération d’une part leur niveau d’apprentissage et leurs résultats et, d’autre part, leur bien-être psychologique et émotionnel. Cela signifie que, plus que jamais, il importe d’accorder aux décisions de redoublement un caractère exceptionnel et de favoriser le passage dans l’année supérieure, le cas échéant en soutenant les élèves par des dispositifs d’accompagnement et de remédiation. » (Circulaire n° 8052 du 14 avril 2021). Il s’agissait également «de privilégier au maximum les temps de cours et d’activités didactiques durant la période qui nous mène à la fin de l’année scolaire en tenant compte des écarts d’apprentissage qui ont pu se creuser entre les élèves. S’il vous revient entièrement de déterminer les modalités d’appréciation de la réussite des élèves, je rappelle que, particulièrement pour l’enseignement secondaire, les évaluations ne doivent pas nécessairement prendre la forme d’une session d’examens avec suspension des cours et que des formes alternatives peuvent être mises en place (session allégée ou raccourcie, évaluations sommatives sans suspension des cours, par exemple). Dans tous les cas, il convient de ne pas accentuer la pression que nos jeunes subissent déjà étant donné le contexte de crise sanitaire » (idem). En ce qui concerne l’enseignement primaire, après avoir rappelé que le décret du 14 mars 1995 relatif à la promotion d’une école de la réussite dans l’enseignement fondamental interdit le redoublement dans l’enseignement fondamental, la Ministre précisait qu’un élève ne pouvait être maintenu dans une classe sans l’accord des parents et appelait au dialogue : « Vu le contexte anxiogène, la décision du Conseil de classe devra être précédée d’un dialogue avec les parents et les élèves dont les perspectives de réussite ne sont pas assurées. Ce dialogue se déroulera de préférence en présentiel le plus tôt possible dans le courant du 3e trimestre, si l’évolution de la situation sanitaire le permet et dans le strict respect des mesures en vigueur. Le Conseil de classe veillera à prendre en considération tant l’intérêt pédagogique que psycho-éducatif de l’élève et à ne proposer le maintien d’un enfant dans son année d’études que si c’est la seule alternative possible pour lui permettre de combler ses lacunes » (idem). Dans le secondaire, la situation règlementaire est différente : les modalités d’évaluation sont du ressort du pouvoir organisateur et c’est le règlement général des études qui définit les critères d’un travail scolaire de qualité ainsi que les procédures d’évaluation, de certification et de délibération des Conseils de classe et la communication de leurs décisions. Vu le caractère exceptionnel de l’année scolaire, la circulaire autorise la suspension de l’application du règlement général des études : « Au vu de la situation exceptionnelle de crise sanitaire et des aménagements intervenus lors de la présente année scolaire, notamment dans le cadre de l’enseignement en hybridation, les pouvoirs organisateurs pourront suspendre l’application du règlement général des études de certains établissements en ce qui concerne l’évaluation des élèves durant cette fin d’année scolaire ainsi que la procédure de délibération des Conseils de classe et la communication de leurs décisions » (Idem). En cas de suspension, les intéressés devaient être informés pour le 10 mai 2021. Comme on pouvait s’y attendre, les pouvoirs organisateurs répondront en ordre dispersé à cette injonction dans les différents réseaux, au nom de la liberté pédagogique. Du côté de WBE toutefois, il fut décidé de ne pas organiser d’épreuves sommatives pour privilégier les temps d’apprentissage des compétences essentielles. Rappelons par ailleurs que les épreuves certificatives externes auront bien lieu à la fin de l’enseignement primaire (CEB) et dans le secondaire (CE1D, CEB pour les élèves non titulaires et CESS).
Patrick Hullebroeck, directeur
Illustration: Photo by Kelly Sikkema on Unsplash