Généralement, lorsque l’on parle de la violence à l’école, on évoque plutôt le harcèlement entre élèves ou alors la violence à l’encontre des enseignant-e-s… plus rarement, on se penche sur la violence de l’école envers les élèves.
50 % des élèves auraient été confrontés à des humiliations de la part de l’institution scolaire
[1]. Ce qui fait dire au sociologue Pierre Merle qu’il y aurait aujourd’hui
«une minoration, voire une occultation, des violences subies par les élèves dans la classe».
Violence des enseignant-e-s, certes, mais surtout violence structurelle.
Nous proposons, dans ce dossier, de revenir sur certains aspects de ce qu’on peut appeler la violence éducative ordinaire à l’école, celle, qui sous couvert d’éducation, blesse et surtout, s’avère contre-productive, d’un point de vue pédagogique.
Dans un premier temps, le chercheur Pierre Merle, reviendra sur les interactions en classe qui peuvent être sources de tensions, de mal-être, et de violence.
Philippe Vienne, chargé de cours à la Faculté de Philosophie et Sciences sociales de l’ULB, apportera un éclairage historique sur l’institution scolaire, du Moyen Âge à aujourd’hui, qualifiant son ADN d’
«intrinsèquement violent».
Nous évoquerons ensuite la question de la punition, et plus particulièrement la punition collective, jugée particulièrement anti-pédagogique, tant et si bien que le Pacte pour un enseignement d’excellence propose de l’abroger.
Enfin, diablement ancrée dans le fonctionnement de l’école, nous nous interrogerons sur l’évaluation. Quels effets sur les enfants, et surtout quelles alternatives pour les enseignant-e-s?
Loin de nous l’idée de fustiger l’école et le travail de ses acteur-trice-s sur le terrain. Nous savons pertinemment que toutes et tous, enseignant-e-s, directions, etc., font du mieux qu’ils et elles peuvent, face aux moyens accordés à l’enseignement, et aux pressions qu’ils subissent de toutes parts.
Nous espérons surtout que ce dossier apportera quelques pistes de réflexion pour que l’école mène à bien ses missions, c’est-à-dire, entre autres: promouvoir la confiance en soi et le développement de la personne de chacun des élèves et assurer à tous les élèves des chances égales d’émancipation sociale.
[1] Choquet O., Héran F., 1996, Quand les élèves jugent les collèges et les lycées,
Économie et statistique, 293, 107-124.