« Un atelier philo, kesako ? »

Jeudi 20 décembre 2012

Un nouveau projet est proposé, cette année, aux élèves de 6e de l’école primaire Charles Buls, un projet mêlant réflexion et philosophie : l’atelier philo.

Un peu d’histoire…

Depuis la mise en place de la première phase du projet « Diversité » (2010-2011) destiné aux élèves des classes de 5e et de 6e de l’école d’application Charles Buls, la volonté de lutter contre les stéréotypes, les préjugés et la discrimination est toujours vivace. Mais comment, après les importants changements subis par l’école (triplement de son effectif), continuer à travailler sur cette thématique sans « saupoudrer », en gardant la substance pour approfondir des questions si sensibles ?

Philo, vous avez dit philo ?

L’idée m’est venue pendant les vacances, en faisant un footing (« mens sana in corpore sano », pourrait-on dire…). Si faire réfléchir et agir sur le comportement en mettant les jeunes en situation était le postulat de départ du projet « Diversité », il s’agit, aujourd’hui, de faire réfléchir en développant l’esprit critique, l’esprit citoyen ou, tout au moins, d’ouvrir l’esprit de ces jeunes en le nourrissant de rencontres et de réflexions sur des sujets liés à leur quotidien, mais également plus éloignés d’eux. Et quoi de mieux qu’un atelier philo pour y parvenir ? J’avais entendu parler d’ateliers philo mis en place dans des établissements secondaires de Watermael-Boisfort par une association spécialisée dans l’action intergénérationnelle, qui met en relation des jeunes et des personnes âgées afin d’échanger, sous la houlette d’une philosophe. Certes, je ne suis pas philosophe et s’adresser à des élèves de 6e primaire d’une école des Marolles « en encadrement différencié » pour leur demander de réfléchir sur eux, sur leur place dans la société, de développer leur esprit critique et citoyen, de sortir du consensuel ou de la provocation parfois inhérente à cette tranche d’âge, de se positionner par rapport au groupe, d’émettre un avis différent, de se livrer et de penser par soi-même, quel challenge, me direz-vous ! Si la foi déplace des montagnes, et bien ma motivation, elle, est inébranlable ! Et pourquoi pas ? Après formalisation, le projet est proposé à la directrice de l’école ainsi qu’aux trois titulaires de 6e. L’engouement est immédiat et le projet démarre à la rentrée dans la classe de Mme Virginie.

Une valorisation pour les enfants

Bien sûr, il faut expliquer le projet, se référer au dictionnaire (si rassurant !) pour comprendre ce qu’est la philosophie et ce que l’on attend d’eux à travers ce projet. Il leur est difficile de se détacher du scolaire et du formatage, mais j’ai le sentiment, même si je n’ai pas encore beaucoup de recul, que leur donner la parole et écouter ce qu’ils ont à dire les valorise, leur donne confiance et leur permet de se livrer, un peu. En fonction des thématiques abordées, des visites dans des lieux ciblés sont programmées (Palais du Normal et de l’Etrange à Molenbeek, Parlement et Sénat avec rencontre d’un parlementaire…), des intervenants extérieurs (rescapé de la Shoah…) sont invités à venir discuter, débattre ou partager leur expérience avec les élèves. Une prise de notes aide à prendre de la distance et à garder une trace des discussions en vue de la seconde étape qui marque le passage à l’écrit. Ainsi, par le biais d’un atelier d’écriture, un recueil « Carnet de notes » permet de compulser les réflexions, les photos éventuelles et de retracer leur parcours. Pour conclure, je dirais que c’est encore une belle page qui est en train de s’écrire. Leur curiosité, leur vivacité et leur motivation donne une couleur particulière à ce projet qui, comme bien d’autres, restera, je le pense, dans leur mémoire comme dans la mienne.

Du même numéro

Articles similaires