«On ne naît pas mâle, on le devient. La virilité non plus n’est pas donnée au départ».
Eduquer 136: On ne naît pas homme, on le devient
Simone de Beauvoir, Tout compte fait, 1972, p. 614 (plus de trente ans après la parution du Deuxième sexe).
#metoo #balancetonporc… ces derniers mois, la parole des femmes s’est libérée, mettant à jour, non pas quelques actions isolées d’hommes «malades» mais un véritable phénomène social, un système de domination des hommes sur les femmes. Les hommes ont des «pulsions», «des besoins», tels sont les arguments des agresseurs, et même de la société en général pour justifier de tels actes. Ainsi, les différences supposées «naturelles» entre hommes et femmes sont souvent appelées en renfort pour légitimer des traitements distincts, et deviennent prétextes pour justifier une hiérarchisation, une séparation, des discriminations: «ce n’est pas grave de roposer un temps partiel à une femme, cela lui laissera du temps pour s’occuper de ses enfants», «cet homme a tué sa compagne, c’était un coup de sang!»…
Pourtant, cela fait déjà plus de quarante ans que les féministes, via leurs revendications, et les études qu’elles ont développées, surtout au sein des sciences humaines et sociales, s’attachent à démontrer les mécanismes de socialisation qui façonnent les identités masculine et féminine et instituent les inégalités. Le monde est structurant, l’éducation, les médias, les institutions, la famille, l’espace public, etc. forment un système qui régit les rapports sociaux de sexes.
Ainsi, de plus en plus, les femmes, sous l’impulsion des mouvements féministes, questionnent leurs comportements, décortiquent le monde pour déconstruire les stéréotypes de genre, s’affirment dans leur recherche d’autonomie. La majorité des hommes quant à eux, semblent encore rester relativement en retrait face à ces questions.
Normal, dira-t-on, puisque la différence des sexes se fait au détriment des femmes. Quel intérêt les hommes auraient-ils à remettre en cause un tel système?
Pour nous, à la Ligue de l’Enseignement, il y en a un, celui de l’émancipation. Émancipation qui ne peut se faire qu’en prenant conscience des normes qui nous traversent, afin de les réinterroger et de se repositionner, ou on, en lien avec nos aspirations profondes. C’est pourquoi nous avons eu envie de proposer un dossier qui s’attache à démontrer les mécanismes de construction de la masculinité, ceux qui fondent l’identité de l’homme. Fabrique des garçons à l’école et dans les activités périscolaires; virilité comme outil utilisé dans l’organisation du travail; masculinité fluctuante selon les époques; rhétorique et revendications masculinistes (mouvement par et pour les hommes, se mobilisant contre le féminisme); transversalité des luttes… Tel est le programme de ce dossier. Non pas pour stigmatiser, mais plutôt pour apporter quelques pistes de réflexion afin de reconsidérer les rapports de sexes, et pour donner la possibilité aux hommes (et aux femmes) de faire leurs choix de vie en toute conscience.
Bonne lecture!
Dossier réalisé par
Juliette Bossé, secteur communication