Ce mardi 7 juillet, la commission Éducation du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a approuvé à l’unanimité le projet de décret qui impose, dès septembre prochain, la scolarisation de tous les enfants dès l’âge de cinq ans au lieu de six actuellement. Le texte passe aujourd’hui en séance plénière.
En février 2019, la Commission de l’Économie et de l’Éducation de la Chambre adoptait, à l’unanimité, mais au bout de 15 années de discussions, cette proposition de loi sur l’abaissement de l'obligation scolaire dès 5 ans en Belgique. En effet, l'obligation est une des rares compétences à encore dépendre du fédéral ce qui explique qu’il aura fallu près de 15 ans pour parvenir à un consensus entre le nord et le sud du pays. Cet abaissement de l’âge est, depuis bien longtemps, souhaité et défendu par la Ligue de l’Enseignement et de l’Éducation permanente, soucieuse d’une école plus égalitaire et plus émancipatrice. En effet, donner une extension plus grande au droit à l’enseignement et poursuivre l’objectif de l’accès à l’enseignement pour toutes et tous est sa mission première. Plusieurs études et statistiques montrent que les enfants qui ne fréquentent pas l’école maternelle (pour des raisons de santé, parce qu’ils ne parlent pas le français à la maison, etc.) sont aussi, significativement, ceux que l’on retrouve plus tard dans les chiffres de l’échec scolaire. Dans ces conditions, l’obligation à 5 ans possède une vertu égalisatrice, susceptible de corriger, ou de limiter, les effets des inégalités de départ (en facilitant l’intégration sociale et le contact avec la culture scolaire, par l’apprentissage du français), et d’intervenir plus rapidement quand il y a des difficultés d’apprentissage. Abaisser l’obligation scolaire à 5 ans, c’est renforcer la capacité de tous les enfants à effectuer les apprentissages du 1er degré du primaire. C’est également favoriser la continuité des apprentissages et atténuer la césure entre enseignement maternel et primaire, comme dans le 5/8 par exemple. L’expérience de l’enseignement par cycle, en particulier du 5/8, montre, qu’il est tout à fait possible, et avec profit pour les enfants, de réunir des enfants de 5 à 8 ans dans des groupes verticaux, les plus jeunes profitant de l’exemple et de l’activité des plus âgé·e·s, les plus grand·e·s, de la présence et de la responsabilité qu’ils/elles ont vis-à-vis des plus petit·e·s. La Ligue de l’Enseignement insiste sur le fait qu’il ne faudrait pas que la 3ème maternelle s’aligne, dans un souci de performance sur des apprentissages purement cognitifs de type « premier degré du primaire ». Il faudra conserver en 3e maternelle, les objectifs pédagogiques de la maternelle et permettre aux enfants de 5 ans d’explorer, de bouger, d’expérimenter et de vivre leurs émotions en apprenant et en emmagasinant des connaissances. La Ligue de l’Enseignement et de l’Éducation permanente asbl, rappelle, par ailleurs, que l’obligation à 5 ans entraînera de nombreux changements : sur le plan juridique, comme sur le plan des pratiques éducatives et de l’organisation des écoles.Pour cause, dès qu’il y a obligation scolaire, il en découle, vu la Constitution, une obligation pour la Communauté d’organiser des cours de religion et de morale. Cela va-t-il s’appliquer ? Cela a-t-il du sens à 5 ans ? Qu’en est-il du cours de philosophie et d’éducation à la citoyenneté ? Enfin, quelles dispositions pour quel contrôle de la fréquentation scolaire pour les enfants de 3e maternelle ? La régularité de la fréquentation sera-t-elle identique à celle exigée dans l’enseignement primaire ? Quelles conséquences matérielles et financières prévoir pour les écoles maternelles dont les bâtiments sont distincts d’une école primaire? De même, la capacité d’accueil en classe maternelle devra être questionnée pour éviter, en particulier dans certaines communes urbaines, des difficultés d’organisation.