Revoir le modèle de formation

Lundi 28 janvier 2013

La note d’orientation du ministre Marcourt, concernant la réforme de la formation initiale des enseignant-e-s, a été adoptée par le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. L’adoption du texte permet d’entamer une concertation avec les différent-e-s acteur-trice-s de l’enseignement. Cette note énonce trois grands axes : renforcer pour améliorer / redéfinir pour optimaliser / réorganiser pour mieux articuler. Nous nous sommes intéressés au premier point du troisième axe qui porte sur la réorganisation de la formation initiale, en articulant formation initiale des enseignant-e-s et formation initiale et continue des formateur-trice-s.
La Déclaration de politique communautaire 2009-2014 engage le gouvernement à entreprendre une refonte de la formation initiale qui « impliquerait, par un allongement de la durée des études à 5 ans, un renforcement progressif de la formation des instituteurs et des régents ». Dans un contexte budgétaire délicat, des voix se sont élevées concernant les différentes modalités de mise en œuvre de cette masterisation. La note du ministre ne tranche pas sur ces questions et évoque diverses possibilités :
  • une  formation initiale en 5 ans ;
  • une  formation initiale en 3 ans, complétée par un master en alternance ;
  • une  formation initiale en 3 ans et un master par valorisation de crédits tout au long de la vie.
Concernant le financement de la réforme, aucune réponse encore concrète n’est apportée. Selon le ministre, « la refonte de la formation initiale des enseignants ne se restreint pas à la question de l’allongement ou non à 5 ans pour les instituteurs et régents. Il faut se saisir de l’occasion pour repenser en profondeur l’ensemble de la formation  initiale et continue des enseignants et la formation initiale et continue de leurs formateurs. » La note  reprend donc certaines données dont nous avions déjà connaissance et apporte de nouveaux éléments.

Vers une masterisation pour tous

La formation durera bien 5 ans pour tous les enseignant-e-s. Les instituteur-trice-s et régent-e-s seront donc formé-e-s pendant cinq années, au lieu de trois actuellement, avec une possibilité d’étaler l’acquisition du master dans le temps. Tous les enseignant-e-s étant « mastérisé-e-s », s’instaurera, en conséquence, une revalorisation barémique pour les néo-diplômés qui accéderont au barème 501 au lieu du barème 301, afin de « valoriser la fonction ». Il y aura aussi la possibilité, pour les membres du personnel enseignant qui exercent actuellement, d’obtenir ce barème via des modules de formation.

Un accompagnement

Un point important s’ajoute à ce que l’on savait déjà : la question de l’accompagnement des jeunes diplômés. La note propose d’intégrer « dans l’organisation de la formation initiale des enseignants, les pratiques d’accompagnement des futurs et des jeunes enseignants par des enseignants expérimentés ». Cet aspect, cher aux syndicats CGSP et CSC, pourrait prendre diverses formes :
  • mentorat individualisé (association d’un-e enseignant-e expérimenté-e avec un-e collègue débutant-e afin d’établir une relation d’aide) ou mentorat collectif (le mentor accompagne plusieurs novices) ;
  • groupes d’échanges ou groupes coopératifs (réunions régulières de collègues d’un même établissement pour échanger sur leurs difficultés professionnelles et essayer de trouver des solutions collectives) ;
  • aide à distance (via Internet), coaching par la direction.
Chaque école pourra décider de l’accompagnement qu’elle souhaite mettre en place, mais le texte insiste sur l’importance d’une bonne coordination entre établissements et d’un échange de pratiques. Par ailleurs, la note encourage la co-diplomation, en fonction des ressources et compétences de chaque établissement.

Garantir une souplesse au sein des parcours

Un autre point fort de cette note réside dans la volonté d’une prise en compte de la diversité des parcours enseignants et la mise en place de passerelles pour favoriser l’accès à la profession pour tous. Cela passe par différentes actions:
  • mettre en place une première année commune pour tous les étudiant-e-s avant le choix du niveau d’enseignement. La structure actuelle, composée de quatre niveaux correspondant au maternel, primaire, secondaire inférieur et secondaire supérieur, évoluera en trois niveaux seulement. Les tranches d’âge ne sont pas encore arrêtées et peuvent être définis comme suit : 2, 5-8 ans, 8-14 ans, 14-18 ans ou encore : 2,5-8, 8-12 ans, 12-18 ans. Les futur-e-s enseignant-e-s seront ainsi amenés à déterminer leurs choix entre trois orientations, au lieu de quatre, à la fin de cette première année exploratoire ;
  • pour tous les étudiant-e-s en bachelier disciplinaire (histoire, littérature, mathématiques…), et même pour ceux qui ne se destinent pas à l’enseignement, la première année commune comprendra des cours de découverte de l’orientation «enseignement » dans le but de favoriser une orientation en toute connaissance de cause ;
  • assurer toutes les passerelles et trajectoires de formation pour : un-e adulte en reprise d’études, ayant ou non déjà reçu une formation pédagogique ; un-e futur-e instituteur-trice maternel-le qui voudrait compléter sa formation en instituteur-trice primaire ; un enseignant-e actuellement en fonction qui voudrait se spécialise ; un-e étudiant-e qui souhaiterait se réorienter en cours de bachelier etc ;
  • concevoir une partie des modules de formation ou de spécialisation de telle manière qu’ils puissent être suivis à distance et/ou à horaire décalé (assurant de la sorte aux travailleurs en fonction la possibilité de parfaire leur formation dans des conditions organisationnelles souples), accessibles via n’importe quel parcours de formation.

Réaffirmer l’importance de la pratique

La note insiste sur la nécessité de conserver le caractère « professionnalisant » de la formation initiale et de maintenir l’articulation permanente entre théorie et pratique, et cela, dès la première année de formation. Le texte propose aussi d’augmenter les périodes dévolues aux stages, y compris en dehors des écoles (au sein d’institutions ou d’associations partenaires du milieu scolaire, par exemple). Face à ces prérogatives, la note du ministre propose, avec pour échéance la rentrée académique 2013 :
  • « de soumettre à l’analyse d’un groupe d’experts les scénarios élaborés et étudier l’ensemble des trajectoires  et modalités d’organisation des modules  de formation possibles ;
  • de discuter des atouts et limites des scénarios élaborés avec les acteurs concernés (notamment des impacts sur la pénurie et la revalorisation au barème 501) ;
  •  d’estimer le coût de la mise en œuvre progressive ;
  • de planifier le phasage de la mise en œuvre du scénario retenu ».
Ce point concernant la réorganisation de la formation initiale a donc le mérite de poser de vrais objectifs. Les modalités de leur mise en place restent encore, quant à elles, à définir.

Du même numéro

Articles similaires