
Les inégalités entre les filles et les garçons dans l’enseignement sont partout comme elles le sont dans la société. Et de même que, dans la vie sociale, les inégalités ont tendance à se perpétuer si la volonté d’aller vers plus d’égalité est absente, l’égalité entre les filles et les garçons dans l’enseignement n’a rien de spontané mais traduit un choix de valeur et est le résultat d’une volonté ou d’un engagement.
La question de l’égalité des filles et des garçons à l’école n’est pas seulement une question éthique ou politique qui met en jeu un droit égal à apprendre, à choisir une orientation scolaire, un métier. Elle est aussi pour commencer une question de fait, qui réclame dans les apprentissages une plus grande objectivité, moins de stéréotypes, moins de préjugés. C’est vrai dans les contenus d’apprentissage. L’image de la femme dans un cours d’histoire correspond-elle à une réalité historique ou reflète-telle la représentation d’un préjugé?
C’est vrai aussi de la forme. Les illustrations d’un manuel scolaire sont-elles «non genrées» ou orientent-elles au contraire l’élève vers des rôles et des attributions d’identités qui l’inscrivent subrepticement dans des rapports inégaux?
C’est vrai aussi dans la relation pédagogique qui, autant qu’elle a une dimension éducative, est aussi et d’abord un rapport, un lien, dans lequel chacun·e joue «son rôle» de manière spontanée, peu réfléchie, et donc largement inconsciente.
C’est dire que, pour amener davantage d’égalité entre les filles et les garçons à l’école, il ne suffit pas de changer les programmes, les manuels, l’organisation du système scolaire. Il faut aussi former les personnes qui endossent la responsabilité éducative. Or, la formation n’est pas seulement une question pédagogique. Elle est aussi une question politique qui met en jeu le projet éducatif, c’està-dire quelle école nous voulons, et donc, quel·le adulte, quelle citoyenne ou quel citoyen.
L’égalité entre les filles et les garçons suppose toujours l’éducation à l’égalité des filles et des garçons. Elle fait partie de la culture générale de l’égalité, mais elle recouvre une spécificité qui oblige toujours à reprendre et à prolonger les efforts de celles (et ceux) qui en ont fait leur combat, à commencer par le mouvement féministe, dans toute sa riche diversité.
Dans ce dossier, nous vous proposons une synthèse de ces différentes dimensions qui résulte des webinaires organisés avec le soutien du programme «Pour une approche professionnelle inclusive du genre», initié par le service de l’éducation permanente du ministère de la Culture de la Communauté française CFWB. Que toutes les contributrices et contributeurs de ce projet en soient remercié·es.
Patrick Hullebroeck, Directeur
Illustration: Mariia Timofeeva