La Ligue des familles vient de sortir son deuxième « Baromètre des parents » ayant pour thématique « le burn out parental ». L’enquête révèle notamment que 22 % des parents affirment éprouver souvent de l’épuisement intense, et 3%, en permanence. Les femmes sont les plus touchées. En cause, toujours ces congés inégalement répartis et le manque d’intérêt des papas pour s’octroyer un congé parental.
Le burn out parental, qu’est-ce que c’est ? On en entend beaucoup parler dans un cadre professionnel. En famille, le principe est le même : un épuisement complet, une incapacité à gérer le quotidien et un sentiment cruel de culpabilité. Le tout ayant pour conséquence chez les parents, d’avoir un besoin urgent de lâcher prise, de laisser tomber et d’échapper à ses responsabilités.
Une étude qualitative et quantitative menée par Isabelle Roskam, psychologue et professeur à l’UCL, confirme l’importance du phénomène et son aspect véritablement tabou et peu connu. Pourtant, 73% des parents (79% chez les femmes) se disent fatigués et 61% stressés (66% chez les mères).
Inégaux face au burn out
Isabelle Roskam ajoute que « le rôle des parents reste genré, malgré les progrès de la société ». Ce sont donc les femmes qui sont particulièrement touchées. Une des nombreuses causes du burn out des mères est le manque d’implication et de soutien du père dans l’éducation des enfants. Comprenez bien que cet état de fait pourrait être évité si papa et maman jouissaient du même temps de congé à la naissance de l’enfant. Malheureusement, c’est loin d’être le cas puisque les mères disposent de trois mois de congé de maternité contre dix jours, pour les pères. Le congé parental peut permettre un rééquilibrage au sein des familles, mais là aussi, l’inégalité règne en maître. « Comme l’indemnisation est forfaitaire, de nombreux couples font le calcul rationnel d’amputer le salaire le plus bas du foyer qui est, hélas, encore trop souvent celui de la femme », déplore Delphine Chabbert, secrétaire politique de la Ligue des familles. Le « Baromètre des parents » est très éloquent : près de la moitié des papas ne souhaite pas exercer ce droit, contre un tiers des mamans. Ils craignent les conséquences d’un tel choix sur leur carrière professionnelle.
Soutien politique à la parentalité
La Ligue fustige le manque de réelles politiques de soutien à la parentalité et profite de cette étude pour proposer certaines mesures sociétales et politiques concrètes. Par exemple, « les horaires de crèche doivent être plus flexibles avec ceux du travail et les horaires d’école, mieux adaptés aux réalités professionnelles d’aujourd’hui ».
Elle suggère aussi d’augmenter l’indemnisation forfaitaire proportionnelle aux revenus afin d’encourager les pères à profiter de ce congé parental. « Le but : réduire la perte salariale du père et de la mère. Cela va dans le sens non seulement du soutien à la parentalité mais aussi de l’égalité homme-femme », explique la secrétaire politique de la Ligue, Delphine Chabbert.
Maud Baccichet, Ligue de l'Enseignement et de l'Education permanente