Eduquer n°130: Mieux manger à l'école
Le passage au végétarisme ne se fait pas du jour au lendemain. Souvent issu d’une réflexion autour de la condition animale, le végétarisme trouve aussi d’autres motifs qui se rencontrent bien souvent pour former un tout cohérent.
L’argument animal ou éthique:
Cet aspect est celui qui est le plus mis en avant par les personnes ayant fait le choix de devenir végétarien, l’indignation, la compassion ou encore le dégoût ressentis devant les conditions d’abattages des animaux, sont souvent décrites comme moteur premier pour s’orienter vers un végétarisme affirmé.
A côté de ces conditions d’abattage, s’ajoute les conditions de vie des animaux destinés à la production de viande. Confinés dans des espaces très réduits, alimentés avec des farines animales douteuses et «surpiqués» aux hormones et antibiotiques, les conditions de la production de viande peuvent être qualifiées d’«inhumaines». Les crises alimentaires n’ont fait que renforcer le rejet de la surproduction alimentaire: vache folle, poulet à la dioxine ou encore fièvre aphteuse furent des événements malheureux et déclencheurs d’une prise de conscience des consommateurs.
L’argument économique:
La montée des prix ne cesse de se marquer dans le domaine du commerce de la viande, alimentée par une hausse de la demande. En effet, certains pays, traditionnellement petits consommateurs de viande (comme la Chine ou l’Inde), achètent de plus en plus de viande. Système de l’offre et de la demande: plus la demande est grande plus le prix monte. La viande deviendra rapidement un luxe pour beaucoup.
L’argument sanitaire:
Cet aspect touche de plus en plus de consommateurs. Bon nombre d’études attestent des effets positifs d’un régime végétarien sur la santé. Ainsi, le végétarisme permettrait, entre autres, de réduire les risques de cancer, de maladies cardiovasculaires, l’obésité et le diabète.
L’argument écologique:
Selon cet argument, le régime végétarien serait plus respectueux des ressources naturelles et causerait moins de dégâts environnementaux. Dans cette conception, ce sont surtout les problématiques de l’élevage intensif du bétail et de ses implications dans l’effet de serre qui sont soulevées. Selon un rapport de 2006 de la FAO (l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), l’élevage d’animaux engendrerait 18% des gaz à effet de serre au niveau mondial, soit plus que les transports. La pertinence d’un élevage raisonné du bétail prend alors tout son sens, en favorisant une alimentation avec des rations de viande adaptées, moins fréquentes mais plus saines et locales. La réduction d’un élevage intensif permettrait de freiner les effets du changement climatique puisque les arbres et autres plantes absorberaient davantage de CO2;
Par ailleurs, se pose aussi la question de la consommation d’eau liée à la production de viande. En effet, on estime que 70% de l’eau potable est utilisée pour produire de la viande (en additionnant tous les éléments nécessaires à sa chaîne alimentaire). Dès lors, 15.000 litres d’eau sont nécessaires pour produire 1 kg de bœuf, 4.000 litres d’eau pour produire 1 kg de poulet. Par contre, seulement 1.600 litres d’eau sont nécessaires pour 1 kg de céréales et 900 litres d’eau pour 1 kg de fruits. Le calcul est vite fait, la production de viande est extrêmement coûteuse en termes de ressources naturelles.
Marie Versele, secteur Communication
Cet article fait partie du dossier 130 de notre revue Eduquer: Mieux manger à l'école. N'hésitez pas à le consulter