Pour une école inclusive !

Lundi 11 décembre 2017

Little boy is reading book at home
Eduquer 134: Quelle école pour les enfants DYS?
La Fédération Wallonie-Bruxelles reste une mauvaise élève en matière d’inclusion. en rejetant les élèves qu’elle considère comme « déviants », elle ne fait que renforcer son caractère élitiste, alors que l’inclusion scolaire  génère une émulation positive entre les enfants aux besoins spécifiques et les enfants aux parcours classiques. Heureusement, la question semble de plus en plus prise en compte par le politique !
D’après la Commission Européenne, « l’éducation inclusive est un fondement important pour la garantie du respect de l’égalité des chances pour les personnes à besoins particuliers dans tous les aspects de leur vie » 1. Cette  inclusion nécessite une remise en question de la pédagogie des écoles. Pour réaliser  une inclusion efficiente, il est nécessaire que l’école s’adapte aux besoins spécifiques de tous les élèves et non l’inverse. En effet, si c’est à l’élève de faire l’effort de s’adapter à l’école, on parlera non pas d’inclusion mais d’intégration, des procédés aux logiques antagonistes.

Que dit le Pacte pour un enseignement d’excellence en matière d’inclusion ? 

Dans son axe stratégique 4, le Pacte pour un Enseignement d’excellence met l’accent sur le travail d’inclusion des écoles. Le Pacte se donne pour objectif de diminuer, pour 2030, le pourcentage d’enfants inscrits dans le spécialisé afin de revenir à la situation de 2004. Dans ce cadre, le texte prévoit l’inclusion ou le maintien des élèves aux besoins spécifiques dans l’enseignement ordinaire. De même, il promeut l’intégration partielle ou totale des élèves issus de l’enseignement spécialisé dans l’enseignement  ordinaire moyennant un soutien spécifique de la part d’enseignants issus de l’enseignement spécialisé. Par ailleurs, toujours selon le Pacte, l’enfant  aux besoins spécifiques ne pourra être redirigé vers l’enseignement spécialisé que si les aménagements raisonnables mis en place dans l’enseignement ordinaire ne sont pas satisfaisants. Le bilan diagnostic, réalisé par une équipe pluridisciplinaire, sera également mis en avant comme condition d’intégration vers l’enseignement spécialisé. Au niveau des enseignants, une formation intensive à la gestion des troubles de l’apprentissage sera  intégrée à leur formation initiale.

Proposition de décret pour une « re-connaissance » des troubles DYS

Par ailleurs, le 23 mai 2017, un projet de décret relatif à l’accueil, à l’accompagnement et au maintien  dans l’enseignement ordinaire fondamental et secondaire des élèves  présentant des besoins spécifiques a été déposé par la députée Mathilde Vandorpe (cdH). Ce dernier, depuis cosigné par tous les partis,prévoit d’imposer aux écoles des « aménagements raisonnables pour les élèves à besoins spécifiques ». Ce dernier obligerait les directions  l’écoles, instituteurs  et parents à se rencontrer afin de faire le point sur la situation scolaire de leurs enfants et d’envisager quels aménagements sont nécessaires afin qu’ils puissent poursuivre leur cursus scolaire sereinement. Selon Mathilde Vandorpe, « L’idée est vraiment que l’élève qui peut suivre l’enseignement ordinaire moyennant quelques aménagements, sans faire obstacle aux autres, ne doive pas systématiquement partir dans l’enseignement spécialisé »  . La formation des enseignants est également concernée par la résolution. La formation aux troubles DYS sera, dès lors, insérée dans la formation initiale et continuée des enseignants. Le texte devra faire l’objet d’une discussion en commission de l’éducation et entrer en application dès septembre 2018.

Le Pass inclusion

Diverses politiques et décrets s’organisent pour une meilleure inclusion de tous les élèves à l’école (tels le décret du 24 juillet 1997 de la Communauté française définissant les missions prioritaires de l’enseignement  fondamental et de l’enseignement secondaire ou encore celui du 12 décembre 2008 de la Communauté française en termes de lutte contre les formes de discrimination). La Communauté française a mis sur pied un nouveau programme d’accompagnement nommé le « Pass Inclusion ». Réservé aux adultes accompagnant la scolarité d’élèves présentant des troubles d’apprentissage, le Pass Inclusion se présente sous la forme d’un passeport qui permet de formaliser les méthodes de travail adoptées avec un élève ainsi que les adaptation pédagogiques acceptées. Il favorise également le dialogue et la communication des acteurs de terrain autour des troubles présentés parles élèves. Du côté de la Flandre, le pendant du Pass Inclusion est le décret « Inclusion »ou le “M-decreet” du 12 mars 2014 qui propose le même suivi de l’enfant en difficulté mais en insistant sur sa nécessaire inclusion dans l’enseignement ordinaire.

La différence, une richesse

Les enfants souffrant de troubles d’apprentissage pensent et appréhendent le monde autrement. Leur manière de voir le monde pousse les adultes, les enseignants à se remettre en question. La connaissance de ces troubles  de l’apprentissage, leur compréhension et leur acceptation, imposera une nouvelle vision de l’école et de la pédagogie, moins normative et enrichie par l’altérité. Dans ce cadre, l’enseignant doit pouvoir envisager l’élèves DYS comme une opportunité pour enrichir sa pédagogie.L’enseignement spécialisé a ses missions propres, il ne peut devenir «  la poubelle  »d’un enseignement  ordinaire qui se débarrasse de certains élèves considérés comme peu performants. Il s’agit donc d’aborder différemment l’enseignement, de le dépoussiérer durablement pour enfin se diriger vers une école de la réussite pour TOUTES et TOUS. Marie Versele, secteur communication  

1. L’inclusion scolaire, site enseignement.be, portail de l’enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles, www.enseignement.be/ index.php?page=27775

2. Le Soir, « Des aménagements raisonnables à l’école», 21 octobre 2017.

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