A l’instar d’une trentaine d’associations, de syndicats, et de représentants du monde académique, la Ligue de l’Enseignement, via la Plateforme de lutte contre l’échec scolaire, a signé un appel pour ouvrir le débat en vue d’une refondation de l’Ecole. A quelques mois des élections, et face à de nombreux constats, des revendications ont été présentées au monde politique francophone.
Les constats
- Les indicateurs de l’enseignement, ainsi que plusieurs études (FRB, PISA...), montrent à quel point les disparités sont importantes et socialement liées en Communauté française;
- Le quasi-marché scolaire et les enjeux de sélection implicitement présents dans tout le système amènent une reproduction dramatique des inégalités sociales qui se transforment en inégalités scolaires;
- C’est pour l’enseignement spécialisé et le premier degré différencié que l’indice socioéconomique moyen des élèves est le plus faible. Cela révèle une corrélation entre l’échec scolaire et l’appartenance à un milieu défavorisé;
- Dans la suite des parcours scolaires, la hiérarchisation sociale des filières oriente les élèves les plus faibles économiquement et scolairement vers l’enseignement qualifiant;
- Beaucoup de jeunes formés à un métier ne sont donc pas ceux qui le veulent, mais ceux que le système a conduits là par défaut;
- De façon générale, le taux de redoublement est dramatique dans notre Communauté;
- Plus d’un élève sur deux termine sa scolarité avec au moins une année de retard, et cela sans tenir compte des 20% qui décrochent avant la fin du secondaire;
- Du point de vue du contenu des apprentissages, l’Ecole ne pratique que trop rarement le questionnement démocratique en son sein;
- Les savoirs enseignés ne sont pas suffisamment mis en lien avec les enjeux de société ; ils n’outillent pas tous les élèves pour penser le monde dans lequel ils vivent;
- Ces quelques constats révèlent que, malgré les nombreuses réformes visant à opérationnaliser les missions de l’École, notre enseignement n’arrive pas à se rapprocher de ses objectifs;
- Face à de telles difficultés, il faut empoigner le taureau par les cornes. Mais le taureau est imposant, il ne changera sa course que soumis à une force massive, constante et durable;
- Cette force ne peut être obtenue que par une réelle volonté de la part de ses représentants politiques et une adhésion des acteurs.
Les revendications
Pour ce faire, nous demandons au prochain gouvernement d’arrêter la course aux réformes et d’avoir le courage :
- d’analyser la situation de l’enseignement en Communauté française avec toutes ses composantes, d’évaluer objectivement ce qui a été fait et d’identifier les freins aux changements;
- de débattre avec les acteurs en levant les tabous qui empêchent toute évolution globale du système :
- le quasi-marché scolaire ;
- la complexité du système en particulier du fait des réseaux ;
- l’articulation des différents niveaux scolaires ;
- la hiérarchisation des filières ;
- les modes d’évaluation des élèves, des professionnels et du système ;
- le temps scolaire des enseignants et des élèves.
- de proposer un projet global concerté et cohérent pour l’enseignement obligatoire et la formation des enseignants ;
- de planifier la mise en œuvre de ce projet sur deux législatures au moins et d’en assurer la pérennité.
Note : Le ministre de l’Enseignement supérieur, Jean-Claude Marcourt, soutient « l’Appel à la refondation de l’école », contrairement à la ministre de l’Enseignement obligatoire Marie-Martine Schyns (voir article du 05/02/2014 dans Le Soir : « Pas de grand soir… ».)