Mieux accompagner les enfants DYS dans l’enseignement ordinaire

Lundi 11 décembre 2017

Eduquer 134: Quelle école pour les enfants DYS?
Être un enfant DyS dans l’enseignement ordinaire n’est pas chose aisée. Devant fournir deux fois plus d’efforts de concentration et d’adaptation au rythme imposé par l’école, l’enfant peut se sentir vite démuni. Comment aider  les enfants en souffrance ? Comment repérer leurs troubles et quels aménagements raisonnables l’école peut-elle mettre en place pour que ceux-ci ne soient pas redirigés vers l’enseignement spécialisé ?
L’enseignement ordinaire n’est pas forcément adapté à tous les enfants. Certains s’y sentiront épanouis, d’autres complètement largués. Ces derniers en perte de vitesse, confrontés à un modèle trop souvent basé sur le rendement et la compétition, pourront se sentir floués, ébranlés et finiront, pour certains, par décrocher.  Comment envisager une meilleure inclusion de ces élèves ? Que mettre en œuvre pour les maintenir dans l’enseignement ordinaire ?

Premier signal d’alarme

Généralement, le premier signal d’alarme est donné par les parents et/ou des enseignants. Directement en contact avec l’enfant, ils sont les plus à même de déceler des retards d’apprentissage. Voici quelques exemples de signes alertants : A l’école maternelle et en début de 1 primaire, l’élève éprouve des difficultés à: - exécuter des mouvements précis et les coordonner (boutonner un vêtement, faire ses lacets, mettre ses chaussures, etc.) ; - se situer dans le temps : avant/après, hier/demain, ce matin/cet après-midi sont des termes sans valeur stable pour eux ; - suivre un rythme et le reproduire ; - acquérir les notions de droite et de gauche ; - parler autrement qu’en style télégraphique et par onomatopées ; - exprimer les sons qui forment les mots dans le bon ordre ; L’élève peut aussi : - exprimer le désir de faire  mieux sans y arriver ; - présenter une anxiété visible devant les tâches à accomplir.1 Le centre PMS peut également  être d’une grande aide : sans émettre de diagnostic, il peut fournir une première évaluation. Dans le meilleur des cas, les parents prendront alors la relève en s’orientant vers des centres spécialisés.

Le diagnostic

La prise en charge en milieu médical spécialisé reste la seule alternative pour émettre un diagnostic précis des enfants souffrant de troubles de l’apprentissage. Il sera alors proposé aux parents de réaliser un bilan multidisciplinaire (dispensé par une équipe de pédiatres, neuropédiatres, logopèdes, neuropsychologues, ergothérapeutes établis dans un centre de guidance ou un centre multidisciplinaire). Grâce à la diversité des points de vue, ce bilan permettra de prendre en charge l’enfant dans sa globalité afin de le comprendre et l’aider, tout en tenant compte de sa singularité et de son parcours scolaire et familial.  Malheureusement, l’accès à un diagnostic clair ressemble parfois à un parcours du combattant pour certains parents. En effet, submergés de demandes, les centres médicalisés adaptés ne peuvent pas toujours répondre aux demandes. Fait malheureux sachant que plus tôt une DYS est prise en charge plus efficace sera le travail d’accompagnement.

Comment aider les enfants DYS ?

Au-delà du nécessaire bilan multidisciplinaire, l’une des conditions de l’accompagnement des enfants DYS est bien entendu, une bonne connaissance des troubles DYS par l’équipe enseignante. Pourtant, si on parle de plus en plus des enfants souffrant de troubles de l’apprentissage, force est de constater que la formation initiale des enseignants intègre peu cet aspect. Il semble pourtant évident que les enseignants doivent être mieux  outillés et informés à la question des troubles DYS ; pour pouvoir, d’une part, les dépister, et d’autre part, pour pouvoir  accueillir favorablement ces élèves au sein de l’école au lieu de les orienter directement dans des filières de l’enseignement spécialisé qui ne sont pas toujours adaptées. Par ailleurs, la collaboration des différents acteurs de terrain est cruciale. La prise en charge globale des enfants souffrant de troubles de  l’apprentissage ne sera réellement  efficiente qu’en partenariat avec tous les acteurs de l’école, afin que l’effort entamé en milieu médical spécialisé puisse se poursuivre en classe. Cette prise en charge globale devra perdurer tout au long de la scolarité de l’enfant via une communication efficace entre les enseignants. En effet, l’élève progressera d’autant mieux si ses spécificités et les aménagements mis en place  tour son bien-être sont respectés et connus de tous. Enfin, l’une des clés du succès pour une « rééducation » efficace des enfants DYS est de les valoriser afin de les remotiver. Trop souvent confrontés à l’échec, ils doivent  faire preuve d’une grande persévérance pour arriver  aux mêmes résultats que leurs camarades. Souvent ébranlée, leur estime d’eux même peut laisser place à un repli, qui les mènera au décrochage scolaire.

Pallier les troubles : le contournement

Au-delà de la connaissance des troubles DYS, il est possible de mettre en place des systèmes de compensation permettant aux enfants de surmonter leur handicap. Ce principe de contournement consiste, par exemple, à  l’autorisation de l’utilisation de la calculatrice pour un enfant dyscalculique, à la rédaction via ordinateur pour un enfant dyspraxique ou plus globalement en donnant plus de temps, en interrogeant oralement, en réexpliquant les consignes, en ne cotant pas l’orthographe quand ce n’est pas l’enjeu de l’interrogation... Comme le précise le docteur Alain Pouhet, L’option du contournement, ce n’est en aucune façon rogner sur le fond, les savoirs, les concepts, les programmes… mais bien tenter d’éradiquer les problèmes de surface : les conséquences délétères des outils défaillants, c’est-à-dire les pannes d’apprentissages. » En effet, en proposant des adaptations ou stratégies permettant à l’enfant de contourner son trouble, il pourra en diminuer l’impact négatif dans son évolution. Dès lors, en palliant à la difficulté, l’enfant aura plus de chances de suivre une scolarité épanouie. Si elle est expliquée et comprise par l’enfant et le reste de la classe, cette démarche légitime ne  sera ni stigmatisante pour l’enfant, ni discriminante pour les autres élèves de la classe. En effet, il ne nous viendrait pas à l’idée de demander à une personne handicapée moteur de parcourir un 100 mètres sans son fauteuil  roulant. Pareillement, on ne demanderait pas à un enfant myope de lire sans ses lunettes. Il en va de même pour les enfants souffrant de trouble de l’apprentissage. 2

Pour une meilleure (re)connaissance

Aujourd’hui, de nombreuses associations aident et soutiennent les enfants DYS, et militent pour une reconnaissance des troubles de l’apprentissage comme handicap, ce qui permettra à la fois de donner un statut à ces élèves et de légitimer les moyens alloués.   Marie Versele, secteur communication

1. www.enseignement.be 2. apprendreaeduquer.fr/dys-vision-synthetiquedr-pouhet-meilleure-comprehension-adaptationaux-dys


Ailleurs... le Master Plan Dyslexie

Depuis 2007, les Pays-Bas ont adopté une politique de suivi et de prévention des enfants aux besoins spécifiques. Ce « passeport » reconnaît les troubles de l’apprentissage chez l’enfant. Il donne également une description  précise des mesures de compensation mises en place au sein de l’institution scolaire auxquelles il a droit. L’objectif est de garantir à l’élève le fait que ses besoins seront pris en compte et ce, tout au long de son cursus scolaire.  

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