Les pouvoirs organisateurs en guerre contre leur ministre, Joëlle Milquet

Mardi 8 décembre 2015

Le fait est rare : les pouvoirs organisateurs des différents réseaux de l’enseignement subventionné en Fédération Wallonie-Bruxelles  se sont unis pour dénoncer ce qu’ils appellent « la mise sous tutelle » des écoles en difficulté par la ministre de l’Education Joëlle Milquet. En cause : un projet de décret visant à lutter contre l’échec scolaire et qui doit être examiné ces jours-ci par le Parlement de la Communauté française. L’article 70 de ce décret permettrait à la Communauté française de mener des actions spécifiques auprès des écoles primaires et secondaires dont « les performances présentent un écart significatif en dessous de la moyenne des établissements ». Le projet de décret est assez flou à propos des « performances » envisagées. Cela pourrait être les résultats obtenus aux épreuves externes, le taux de redoublement, d’exclusions dans l’école Ce texte flou a en tout cas fait réagir quatre fédérations de pouvoirs organiseurs, le Segec (enseignement libre confessionnel),le CECP (enseignement communal), le CPEONS (écoles secondaires des communes et provinces)) et la Felsi (libre non-confessionnel). Dans un communiqué commun, ces PO dénoncent l’atteinte à « la liberté d’enseignement »  et estiment que la Communauté française s’octroie des « pouvoirs spéciaux » « Cette mise sous tutelle directe du gouvernement est à rebours du discours officiel visant à conjuguer l’autonomie et la responsabilité », estiment les quatre pouvoirs organisateurs qui menacent : si leur appel devait ne pas être entendu, ils « réévalueront » leur participation au Pacte pour un enseignement d’excellence et saisiront la Cour constitutionnelle. La ministre de l’Education Joëlle Milquet a réagi en estimant ces critiques « injustifiées » et fondées sur la « peur de perte de pouvoir » de la part des pouvoirs organisateurs « alors que l’intention est de les responsabiliser ».  Le projet de décret, poursuit la ministre, « ne remet nullement en cause le rôle d’employeur des PO et est basé sur le respect du protocole de collaboration ». Joëlle Milquet assure que les arrêtés du décret qui devront matérialiser les actions prévues seront pris en concertations avec les acteurs du monde de l’enseignement, dont les pouvoirs organisateurs. Du côté du PS, on soutient la ministre en estimant que comme dans tout organisme public, comme la RTBF, « on contractualise les objectifs mais on laisse les acteurs autonomes sur la façon de les atteindre. Rien de plus normal ».  

Du même numéro

Articles similaires