Le tronc commun : un arbre qui cache la forêt !
Mercredi 24 janvier 2018
La prolongation d’un tronc commun jusqu’à quinze ans, c’est-à-dire, jusqu’à la fin de la 3ème secondaire, a pour ambition affichée, de réduire les écarts de performance entre les élèves et d’augmenter le niveau de réussite.
Rien n’assure pourtant que le tronc commun aura une influence sur les facteurs qui, dans l’enseignement tel qu’il est aujourd’hui en Communauté française, génèrent le plus massivement les écarts et l’échec scolaires.
Ce faisant, le tronc commun est un arbre qui cache la forêt.
Les plus grands facteurs d’inégalités et de déséquilibres sont le libre-choix couplé à la liberté d’enseignement. La liberté de l’enseignement a pour effet l’éparpillement et la diversité de l’offre d’enseignement, avec des écoles élitistes et des écoles de relégation. Le libre-choix conduit, malgré les décrets « inscriptions », à la concentration des élèves favorisés dans certains établissements et des élèves défavorisés dans d’autres écoles.
Dans ce contexte, certaines écoles font face à des problèmes d’apprentissage insurmontables que les faibles moyens destinés à la remédiation ne permettent pas de franchir.
Vu la liberté d’enseignement, vu le libre-choix, un tronc commun ne sera guère plus qu’une grille horaire, certes identique dans la forme, mais différente et inégale dans son contenu.
Dans le système d’enseignement tel qu’il est aujourd’hui, la compétition entre les établissements scolaires empêche d’allouer les moyens là où ils doivent l’être, d’assurer l’offre d’enseignement d’une manière égalitaire et d’avoir dans les écoles une véritable mixité sociale.
Pour cette raison, la Ligue de l’Enseignement et de l’Education permanente plaide une nouvelle fois pour qu’un véritable processus de négociation politique - et non un pseudo pacte qui n’a de l’excellence que le nom - aborde sans tabou la réorganisation du système d’enseignement afin de mettre fin, sur une base volontaire, aux différences de caractères (confessionnels et non-confessionnels) et à la pluralité des réseaux qui minent l’enseignement. La réduction des inégalités scolaires et l’amélioration de la performance du système éducatif sont à ce prix. Pas moins.
Le Bureau de la Ligue de l’Enseignement et de l’Education permanente, asbl
Le 24 janvier 2018