Jouets sexistes : éviter le piège !

Mercredi 21 décembre 2016

Ne pas tomber dans le piège du cadeau genré dès le plus jeune âge, c’est monter dans le train en marche vers plus d’égalité homme-femme ! Au même titre que le modèle familial, la publicité, les programmes télé,  les livres, etc., les jouets renforcent les stéréotypes. C’est frappant quand on met les pieds dans un magasin de jouets ou lorsqu’on ouvre un catalogue pour enfants en cette période de Noël. Pour les filles : des dinettes, des poupées, des déguisements de princesse, le tout dégoulinant de rose. Pour les garçons : davantage de bleu et des jouets de bricolage, des super-héros et des jeux de guerre. Autant de stéréotypes qui marquent des différences homme-femme qui n’ont plus lieu d’être.
Depuis la fin des années 90 et la mondialisation du marché, il semble que les jeux pour enfants soient de plus en plus stéréotypés. À part quelques exceptions - certains livres, jeux de société et de construction ou cadeaux sportif - la majorité des autres jouets sont marketés de façon genrée. Ce déterminisme imposé par ce marketing genré est grave et les conséquences qui en découlent, sont discriminantes au plus haut point. Comme le Conseil de l’Europe le définit dans sa Stratégie pour l’égalité entre les femmes et les hommes (2014-21017), les stéréotypes de genre peuvent se concevoir comme des «idées préconçues qui assignent arbitrairement aux femmes et aux hommes des rôles déterminés et bornés par leur sexe. Les stéréotypes de genre peuvent limiter le développement des talents et capacités naturels des filles et des garçons comme des femmes et des hommes, ainsi que leurs expériences vécues en milieu scolaire et leurs chances dans la vie». Actuellement, on assiste à une dégradation accrue de cet idéal de société égalitaire où filles et garçons se verraient proposer les mêmes opportunités.

Stéréotypes filles-garçons

Une petite fille va faire de la danse et jouer à la poupée et plus tard on l’incitera à rejoindre des secteurs plus « féminins », comme la petite enfance, le secrétariat et l’associatif. Le garçon, lui, sera davantage poussé à faire des activités et sports plus « virils » et il sera encouragé, plus que les filles, à avoir l’esprit de compétition, à entreprendre dans la vie et tenir un rôle plus actif dans la société, à faire des études plus scientifiques (donc mieux rémunérées) et/ou à avoir un poste à haute responsabilité. Des visions passées et discriminantes qui mènent à des inégalités de traitement. Quelques chiffres. En matière d’emploi et de salaire, les inégalités profitent clairement aux hommes. Les femmes restent davantage au foyer à s’occuper des enfants. 75% des congés parentaux sont pris par les femmes. On relève aussi qu’elles  sont en moyenne 25% moins bien rémunérées que les hommes et disposent de bien moins de temps de loisirs que les hommes dans une semaine, moins 6h30, en moyenne. Pour les hommes, davantage de pression repose sur leurs épaules au travail et les discriminations sont par ailleurs, plus insidieuses. Ce sont eux qui connaissent le plus haut taux de suicide. Ils éprouvent en effet plus de difficultés à exprimer leurs émotions.

Sensibiliser les enfants

Pourquoi ne pas en parler directement aux premiers intéressés ? Leur expliquer quels sont les enjeux ? Car, offrir aux garçons des jouets dits « de filles », c’est leur montrer que papa aussi, peut être disponible et dévoué, qu’il peut faire le ménage et s’occuper des enfants. Que les pères ont le choix et le droit d’être des papas investis et bienveillants. Ils ne doivent pas se limiter à ramener de l’argent et endosser e rôle de « chef de famille ». Proposer aux filles de s’intéresser à des « trucs de garçons », c’est leur offrir l’accès à certaines professions cataloguées comme « masculines » et leur permettre de vivre leurs rêves sans les limiter à des rôles maternisant ou bienveillant ou à des considérations physiques. Acheter des cadeaux non genrés, c’est avant tout ne pas réduire le champ des possibles de l’enfant. À quoi bon le priver de cette liberté de choisir le jouet qui fera son bonheur ? Cela aura d’importantes conséquences sur la construction de son identité et le développement de l’image de soi.

Voici quelques idées cadeaux « garanties 100% non sexistes » :

  • Des rollers, un vélo, une trottinette (ni bleue ni rose, bien entendu), des activités autour des arts du cirque ;
  • Des jeux sportifs comme les fléchettes, le panier de basket, le ping pong ;
  • Un coffret scientifique ;
  • Kapla et ses jeux de construction en bois écologique : www.kapla.com ;
  • Zebra Book, des livres personnalisés, drôles pour les parents aussi et produits en Belgique : www.zebrabook.com;
  • D’autres livres, comme ceux de la maison d'édition Talents Hauts, des livres qui bousculent les idées reçues : talentshauts.fr;
  • Asmodee Benelux est un important distributeur de jeux de société, de jeux de cartes à collectionner, de puzzles et de jeux de loisir créatif : be.asmodee.com,

S’informer sur le sujet :

  • Girls day, Boys dayest une initiative de la Fédération Wallonie-Bruxelles qui invite les filles et les garçons à poser leurs choix scolaires et professionnels en fonction de leurs intérêts personnels et de leurs compétences, hors des stéréotypes de genres : www.gdbd.be;
  • egalite.cfwb.be;
  • igvm-iefh.belgium.be/fr
  Maud Baccichet, Ligue de l’Enseignement et de l’Éducation permanente

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