Les mineurs étrangers non accompagnés (Mena) sont des jeunes arrivés en Belgique sans leurs parents ou tuteur légal. Chaque année, la Belgique accueille 2000 Mena supplémentaires !
Selon plusieurs critères (âge présumé, origine, statut de demandeur d’asile ou non), certains d’entre eux bénéficient d’un accueil. Depuis 2004, la « loi tutelle » permet au Mena de se voir attribuer un tuteur, chargé de veiller sur lui, de l’accompagner sur le plan social et dans les procédures juridiques et administratives, de s’assurer de son hébergement, mais aussi de sa scolarisation et de sa santé. La première année, les Mena peuvent notamment accéder aux CLAP (classes-passerelles). La loi tutelle est une vraie avancée, mais qui n’est hélas pas suffisamment appliquée. Le service des tutelles (qui dépend du fédéral, via le ministère de l’Intérieur) est débordé. Beaucoup de jeunes se voient attribuer un accueil inadéquat, se retrouvent à la rue, sont déscolarisés…
Face à cette situation, la Ligue de l’Enseignement :
- Rappelle que l’article 28 de la Convention internationale des droits de l’enfant reconnaît l’enseignement primaire et secondaire comme un droit obligatoire et gratuit pour tous les enfants ;
- Regrette que les Mena ressortissants d’un pays de l’Espace économique européen (EEE) ne relèvent pas de la loi tutelle et ne peuvent donc pas bénéficier de cette protection spécifique. Ces mineurs sont confrontés à une situation d’urgence sur laquelle les pouvoirs publics doivent impérativement se pencher au plus vite ;
- Déplore « l’ethnicisation des mondes scolaires »[1]. Les « bonnes écoles » ne disposent en effet presque jamais de CLAP. Les Mena sont donc bien souvent regroupés dans des établissements difficiles, dans des classes très nombreuses et sont rarement confrontés à la mixité sociale. Dans le secondaire, la majorité d’entre eux est orientée vers les filières techniques et professionnelles. Le nombre de places en CLAP doit donc être augmenté ;
- Souhaite voir des moyens déployés, car des pédagogies, des outils pédagogiques et des professionnels – enseignants, assistants sociaux, éducateurs, infirmiers – disposant de formations adaptées aux Mena et à leurs situations souvent difficiles, sont indispensables. La Fédération des CPAS de l'Union des Villes et Communes de Wallonie vient notamment de rappeler l’importance d’un enseignement mieux adapté à ces mineurs ;
- Demande au nouveau gouvernement fédéral, et particulièrement à Maggie De Block, nouvelle secrétaire d’Etat à la politique de l’Asile, de l’Immigration et de l’Intégration sociale, de présenter rapidement les mesures concrètes qu’elle compte mettre en place pour les Mena. Nous espérons vivement qu’une collaboration fructueuse sera menée avec les autorités compétentes pour l’Enseignement telles que Marie-Dominique Simonet, ministre de l’Enseignement obligatoire de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
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[1] Une situation bien décrite par les anthropologues Pascale Jamoulle et Jacinthe Mazzocchetti dans leur récent ouvrage « Adolescences en exil », Academia, 2011.