Dès la session de janvier prochain, les étudiants en médecine vétérinaire ont intérêt à cartonner aux examens. Seul 1 étudiant sur 3 pourra accéder à la deuxième année. En cause : le trop grand nombre d’étudiants inscrits à l’université de Liège, seule faculté à proposer ce master... Une fois encore, et dans l’urgence, le choix du filtre à l’accessibilité est mis en place en Communauté française, alors que d’autres solutions existent.
L’université de Liège est la seule en Belgique francophone à organiser ce master en médecine vétérinaire et elle croule littéralement sous les candidats. Chaque année, les bacheliers débarquent en masse pour suivre cette formation pratique. Ils viennent de Unamur, de l’UCL et de l’ULB et sont, en moyenne, 350 à 400, alors que la faculté n’est censée en accueillir que 250.
Un débat vieux de 13 ans
Cette situation est loin d’être récente. En 2003 déjà, le débat autour de la limitation des candidats et d’un concours d’entrée se tenait en Fédération Wallonie-Bruxelles. Treize ans plus tard, pas de progrès constructif mais un net recul avec la confirmation de la mise en place de ce concours... Ne soyons pas dupes, le problème de fond(s), et la Fédération des Étudiants Francophones est là pour le rappeler : « c’est le manque de financement dénoncé depuis des années par l’ensemble des acteurs de l’enseignement supérieur », explique son président Maxime Mory. Très attractives, y compris au-delà de nos frontières, et particulièrement auprès des Français, ces études requièrent des moyens d’encadrement et en infrastructures coûteux.
« De peur de ne plus répondre aux critères de l’Association Européenne des Établissements d’Enseignement Vétérinaire (AEEEV, un organisme privé jugeant la qualité des études dans ce domaine), la faculté liégeoise s’est mobilisée pour réintroduire un filtre limitant le nombre d’étudiant·e·s qu’elle accueille chaque année. La FEF refuse qu’un lobby corporatiste puisse exercer ce genre de pression sur le caractère démocratique de notre enseignement » martèle le président de la FEF. La Fédération d’étudiants avait, pour sa part, proposé une solution alternative : externaliser la pratique chez des professionnels reconnus du secteur, comme cela se fait en médecine humaine. Mais le ministre a rejeté cette piste que bon nombre de responsables académiques concernés trouvaient plutôt intéressante et réalisable. D’après le ministre Marcourt, cela aurait été « trop long à mettre en œuvre alors qu’il y a urgence ».
Quand décision rime avec précipitation
Dans la précipitation donc, un concours sera mis en place en fin de BAC 1, dès juin prochain. Deux projets d’arrêtés passent de fait, bientôt, au gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Conformément au décret du 13 juillet dernier, il s’agit d’une part d’organiser la procédure de sélection des candidats vétérinaires pour la rentrée prochaine. Et d’autre part, de préciser les enjeux liés à la session d’examen de janvier prochain.
Dans les faits, 840 étudiants sont inscrits à la rentrée 2016. En juin 2017, il n’en restera que 251. Notons aussi que les admissions des non-résidents seront limitées à 20% des candidats sélectionnés.
Comme pour les futurs médecins, dentistes ou ingénieurs civils, les étudiants en clinique vétérinaire devront à présent « mériter » leur droit à rester en fac. Et il ne suffira pas de réussir pour être sélectionné … Le classement au concours primera toujours. Quid de l’accessibilité aux études pour tous ? À quand la fin de cet élitisme social qui privilégie les meilleurs des meilleurs uniquement sur papier ?
Maud Baccichet, Ligue de l’Enseignement