«Les Misérables» de Ladj Ly

Et si le seul moyen de se faire entendre était d’exprimer sa colère? Banlieue, gangs, violences policière… «Les Misérables» c’est l’histoire de Stéphane, jeune flic arrivé de province pour intégrer la BAC, Brigade anti-criminalité de Montfermeil (Seine-Saint-Denis). Ces même brigades qui sillonnent les cités en quête de petites frappes et trafics en tous genres. «Les Misérables» c’est aussi l’histoire de ces jeunes de banlieue, livrés à eux-mêmes, dans une société où ils ne trouvent plus leur place. Des jeunes qui vivent au rythme des clans mais aussi de l’omniprésence policière et de ses contrôles incessants. Dans cet équilibre bancal et angoissant, la cité va s’embraser et devenir ingérable suite à une bavure policière. Le cinéaste Ladj Ly, issu du collectif Kourtrajmé, y dresse le portrait d’une cité de banlieue, dans un fi lm choc qui bouleverse et interpelle. Au final, dans nos sociétés qui séparent et isolent, où personne n’est vraiment coupable ni innocent, où il n’y a ni bons ni méchants, nous sommes tous des misérables. Vingt ans après la Haine de Mathieu Kassovitz, «Les Misérables» permet de redonner la paroles aux invisibles, ceux dont on ne veut plus entendre parler. Bravo!

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