La loi de Godwin

Énoncée en 1990 par Mike Godwin, avocat américain et figure importante des réseaux sociaux, la loi Godwin dit ceci: «Plus une discussion en ligne dure, plus la probabilité d’y trouver une comparaison impliquant les Nazis ou Hitler s’approche de 1.» La loi de Godwin repose donc sur l’hypothèse selon laquelle une discussion qui dure peut amener à remplacer des arguments par des analogies extrêmes. Cette théorie est, en réalité, fortement inspirée du phénomène de «reductio ad hitlerum» («réduction à Hitler»), observé par Léo Strauss en 1950, qui consiste à disqualifier l’argumentation de l’adversaire en l’associant à Hitler, aux Nazis ou à toute autre idéologie radicale. Même si la loi de Godwin n’a, selon son auteur, aucune valeur scientifique, elle est devenue extrêmement populaire sur les réseaux sociaux. Légèrement travestie, la loi est souvent appelée «Point Godwin» pour désigner le moment de la conversation où la «reductio ad hitlerum» se manifeste. Dès lors, si la thématique de base de la discussion était à l’origine éloignée du débat idéologique, on considérera que le recours à de tels arguments est un signe d’échec de la discussion et qu’il est temps de la clore car le point Godwin aura été atteint. Même si son principe semble intéressant pour dénoncer les dérives idéologiques et les excès rhétoriques, le point Godwin présente certaines limites car il peut être utilisé comme moyen pour clore des débats difficiles ou pour discréditer un participant adverse.

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