La question scolaire, qui a empoisonné le visage politique de la Belgique depuis pratiquement sa naissance, émaillée par deux guerres scolaires et sanctionnée par un Pacte scolaire (défaite pour celles et ceux qui s’étaient battu·e·s pour décléricaliser l’enseignement), verrait-elle poindre à l’horizon une lueur d’espoir? Quelques indices tendraient à le croire. La déconfessionnalisation vient au-devant de la scène: la prise de position de certain·e·s politiques traditionnellement défenseur·se·s de l’école libre pourrait être une amorce vers un enseignement que la Ligue appelle de ses vœux depuis sa création en 1864. Mais attention! Nous avons de bonne foi, et peut-être naïvement, cru prendre nos désirs pour des réalités. Je pense profondément, même si les autorités de l’enseignement catholique estiment que «réseau unique» est un slogan, que la pilarisation est toujours à l’ordre du jour; les exemples sont nombreux. Bien sûr, le chemin sera encore long pour arriver au but. Peut-être faudrait-il nous compter? Et n’avoir que ce but là en vue dans la stratégie d’action? Je ne peux m’empêcher de citer ici un texte de 2011 combien éclairant de Guy Vlaeminck, mon prédécesseur à la Présidence de la Ligue: «Cela (c’est-à-dire un système cohérent d’éducation) ne se fera toutefois pas en l’absence d’un grand débat qui, partant d’une analyse de la situation actuelle pourrait tracer les voies de l’avenir. Il est symptomatique que tous les pays qui se classent actuellement en tête des enquêtes PISA sont passés par cette étape du débat. Mais cela sous-entend que le politique cesse d’avoir peur de soulever ce problème des réseaux qui est historiquement chargé de polémique et donc de dangers. Les piètres résultats de notre système éducatif, le budget important qui y est attaché, la nécessité de relancer économiquement et socialement notre société qui passe par une meilleure préparation de toute notre jeunesse exigent toutefois ce courage. Deux écueils restent toutefois à éviter: - la création d’autres réseaux d’enseignement en fonction des libertés constitutionnelles actuelles, - la fusion des seuls réseaux officiels qui mettraient définitivement à mal notre école publique». 10 ans plus tard, ce texte n’a pas pris une ride. Pourrait-il être le début d’un réveil des bonnes volontés pour arriver enfin à la seule solution possible que d’autres pays ont adoptée? Comment procéder? Impossible? «Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait». (Mark Twain) «Le difficile, c’est ce qui peut être fait tout de suite. L’impossible c’est ce qui prend un peu plus de temps». (G. Santayana)
Roland Perceval, Président
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