Du retour à l’école à la préparation de la rentrée scolaire
Mardi 6 octobre 2020
De juin à septembre, les établissements scolaires des niveaux fondamental et secondaire auront vécu deux rentrées scolaires. La première, fi n mai et début juin, était une sorte de répétition générale de la seconde. Elle montra son utilité, les cafouillages au démarrage en témoignent. Mais elle rendit aussi palpable le fait que l’interruption des cours pouvait très vite conduire à l’affaiblissement du droit de tous et toutes à accéder à l’enseignement.
Un retour progressif à l’école
Le 24 avril 2020, le Conseil national de sécurité (CNS) adopta un certain nombre de mesures sanitaires à respecter lors de la réouverture partielle des écoles. Le 25 mai, les 1res et 2e primaires ainsi que les 2e années du secondaire sont appelées à réouvrir leurs portes. Quelques jours plus tard, le 27 mai, le Comité de concertation décide la réouverture de toutes les classes maternelles le 2 juin et du primaire le 8 juin. Les autorités justifient leur décision d’accélérer la réouverture générale par la moindre dangerosité du virus pour les jeunes et par la priorité donnée au développement de l’enfant. Il s’agit de prendre en compte l’effet délétère du confinement sur le développement mental, social et éducationnel des jeunes. La réouverture ne se fera pas sans mal. Les syndicats font opposition. Ils relaient le ressenti d’une partie des enseignant·e·s qui ont le senti-ment d’être envoyés au feu, sans protection, ni cartouches. L’abandon des mesures sanitaires très strictes, initialement imposées et que les écoles peinaient à mettre en place, suscite de l’incompréhension. Mais il y a également la division de l’opinion publique: une partie des parents ne comprennent pas pourquoi rouvrir les écoles à la veille des vacances, alors que les examens sont annulés et qu’ils ont le sentiment d’exposer la santé de leurs enfants pour un résultat éducatif négligeable. Le 2 juin, la Ministre s’adresse aux enseignant·e·s par courrier: «Les experts ont ouvert la possibilité de faire revenir les enfants dans des circonstances plus humaines que celles de la phase précédente, ou du moins beaucoup moins contraignantes. (...) Je me devais de saisir cette possibilité, car elle rencontre tant mes préoccupations pour la sécurité des personnels que pour cet enjeu essentiel et prioritaire qui nous unit toutes et tous: l’intérêt de nos enfants. C’est au final l’unique motivation de faire réintégrer le plus rapidement possible les élèves au sein des écoles.Cette décision ne relève en aucun cas d’un manque de considération à l’égard de tout le travail que vous avez abattu, même si je comprends votre frustration à devoir «faire et défaire».» Mais des enseignant·e·s se mobilisent pour la reprise des cours à l’école en invoquant le sens même de leur mission: «Cette école, c’est d’abord un lien pédagogique. Elle transmet les connaissances qui ont fait le monde d’aujourd’hui. L’école a pour mission première de développer le plus possible le potentiel intellectuel de l’élève. Or, le développement de l’intelligence donne de la liberté. Celle de choisir son métier, son avenir, son mode de vie. Pour être libre, il faut pouvoir choisir et pour choisir il faut savoir. L’instruction est désormais obligatoire dans presque tous les pays du monde et cette obligation donne toute son importance à l’école. Le rôle de toutes les écoles est de former des êtres libres et érudits.» (Le Soir - 4 juin - Sylvie Hyat professeur de biologie à l’Athénée provincial de La Louvière).
La préparation de la rentrée scolaire 2020-2021
Le 8 juin, la ministre de l’Enseignement, Caroline Désir, et l’administration de la FWB présentent aux acteurs et actrices de l’enseignement différentes stratégies pour organiser la prochaine rentrée scolaire. Plusieurs hypothèses sont sur la table: de l’extinction de la pandémie de Covid-19 (qui permettrait une rentrée «normale») à un rebond épidémique pendant l’été qui imposerait de nouvelles mesures de confinement, ou une rentrée qualifiée d’hybride, avec du présentiel et de l’enseignement nu-mérique à distance. Le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles prévoit de mobiliser 5 millions d’euros pour répondre aux besoins en équipement et décide de mettre sur pied une task force intitulée «Équipement Numérique et connectivité» pour accélérer l’équipement des écoles et évaluer les besoins en équipement mobile. 17 millions d’euros sont par ailleurs budgétés pour permettre aux écoles d’assurer à la rentrée l’accompagnement personnalisé des enfants ayant des difficultés scolaires importantes, en engageant si nécessaire des professeurs supplémentaires. Ces moyens seront alloués prioritairement aux écoles primaires et secondaires accueillant des publics défavorisés. Le lendemain, la Ministre de l’Éducation, Caroline Désir prend clairement position, en commission de l’enseignement du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, sur le respect de l’obligation scolaire: «L’obligation scolaire sera pleine et entière dès septembre, quelles que soient les circonstances» (Le Soir du 9 juin). Elle justifie par ailleurs la tolérance qui prévaut durant le mois de juin «Nous vivons un contexte atypique. La société est profondément divisée sur la reprise de l’école. Beaucoup de parents ont encore peur pour la santé de leur enfant. Restaurer le contrôle aurait trop radicalisé le débat. Le temps est notre meilleur allié pour régler ce problème de confiance.» (Belga, le 9 juin). Cette souplesse contraste avec l’attitude des autorités en France où l’obligation scolaire redevient effective à partir du 22 juin.
Un retour progressif à la «normalité»
À l’époque, on pouvait se montrer optimiste: on était alors passé en dessous de la barre des cent nouveaux cas par jour (par exemple, le 9 juin: 89 nouveaux cas testés). Le vendredi de cette semaine-là, c’est la dernière conférence de presse vidéo du Centre de crise. Yves Van Laethem, le porte-parole francophone du Centre se montre rassurant: il constate bien «une discrète remontée» de 1 % des infections, qui fait passer la moyenne journalière des nouvelles infections de 100 à 120. Mais il ajoute: «Ce n’est pas une situation qui nous préoccupe mais qui doit être suivie. Le R0 est de 0,87, toujours en dessous de 1, nous sommes dans une phase d’extinction du coronavirus.» À partir du week-end des 13 et 14 juin, les services religieux sont à nouveau autorisés tandis que le dimanche, le marché du Midi reprend à Bruxelles. Mais la situation se complique rapidement sur le terrain. Les lundi et mardi 22 et 23 juin, l’école primaire communale Paviljoen, à Schaerbeek, doit garder ses portes fermées désinfecter ses bâtiments. Deux enfants, en deuxième maternelle et première primaire, ont été testés positifs au covid-19. Au même moment, plusieurs écoles du Brabant ferment leurs portes en raison de cas suspects de Covid-19. Une école libre à Lasne (Sainte-Lutgarde) et deux implantations communales à Waterloo (au Chenois et à Mont-Saint-Jean) sont concernées. Le 23 juin, Étienne Michel, le directeur général du Segec (Secrétariat Général de l’Enseignement Catholique) se montre prudent lors de son passage dans Matin première sur la RTBF: «Pour l’enseignement fondamental, on pense voir assez clair sauf en cas de rebond de l’épidémie, mais dans le fondamental tous les enfants devraient revenir à temps plein à l’école avec une obligation scolaire, estime Etienne Michel, «par contre pour le secondaire nous sommes dans l’incertitude. Si les normes sanitaires actuelles devaient s’appliquer pour la rentrée de septembre, nous ne serions pas en situation de pouvoir accueillir l’ensemble des élèves à temps plein dans le secondaire.» Le Conseil National de Sécurité se réunit une nouvelle fois et organise la poursuite du déconfinement à partir du 1er juillet (phase 4): pourront rouvrir à partir de cette date les cinémas, piscines, casinos, salles de congrès ou de banquet (avec maximum 50 personnes), parc d’attractions, théâtres et salles de concert. Le nombre des échoppes n’est plus limité sur les marchés, les courses peuvent se faire en étant accompagné de personnes de sa «bulle» personnelle (qui passe de 10 à 15 personnes). Les fêtes et les kermesses sont elles aussi autorisées tout comme les événements sportifs et culturels (avec 200 personnes en intérieur et 400 en extérieur). Seules les boîtes de nuit semblent encore devoir rester portes closes! (Le Soir du 23 juin).
Un code de quatre couleurs pour la rentrée scolaire
Le 24 juin, les ministres de l’Éducation des Communautés française, flamande et germanophone se mettent d’accord sur un plan commun pour l’organisation de la prochaine rentrée scolaire. Quatre scénarios sont imaginés, avec quatre codes de couleurs correspondant à quatre niveaux épidémiques (vert: fin de l’épidémie avec traitement et vaccin; jaune: épidémie à bas bruit; orange: circulation rapide du virus; rouge: situation épidémique grave). Les modalités d’application sont différentes dans l’enseignement fondamental et dans l’enseignement secondaire. Ainsi, si dans l’enseignement fondamental, on prévoit une présence effective des enfants cinq jours par semaine, dans l’enseignement secondaire, où le brassage des élèves est beaucoup plus important, on envisage de restreindre la présence des élèves. En code jaune, les élèves ne seraient présents que quatre jours par semaines, les mercredis étant consacrés à du travail à domicile; en code orange ou rouge, les classes du secondaire seraient scindées en deux groupes. Les élèves n’iraient plus que deux jours en classe par semaine. Les deux autres jours, ils bénéficieraient d’un enseignement à distance. Il est prévu de confier au CNS la décision de passer d’une phase sanitaire à une autre. Le passage d’un code de couleur à un autre pourra être général ou circonscrit géographiquement. Ces recommandations pour la rentrée scolaire prennent la forme de deux circulaires, l’une pour l’enseignement secondaire (circulaire n° 7625), l’autre pour l’enseignement fonda-mental (circulaire n°7626) datées du 24 juin qui seront abrogées en août et remplacées par les circulaires n° 7686 (datée du 18 août 2020) et 7691 (datée du 19 août 2020). L’adoption de ce plan commun aux trois Communautés marque un progrès après les divergences apparues entre Communautés en avril. L’obligation scolaire n’est-elle pas une norme légale au niveau fédéral que les Communautés appliquent?
Terminer l’année scolaire: la sanction des études
Avant de se projeter vers la prochaine an-née scolaire, il faut d’abord terminer l’an-née en cours, sanctionner les études, déci-der du passage de classe. Or, la situation qui fait suite à l’interruption des cours n’est pas simple. Quelle attitude adopter vis-à-vis des élèves dont la sanction des études suppose de façon obligatoire la réussite d’un stage (puériculture) ou d’une épreuve de qualification? Quelle attitude adopter vis-à-vis des élèves exclus définitivement ou devenus irréguliers suite à de trop nombreuses absences? Comment se protéger des multiples recours qui pourraient invoquer le non-respect du règlement des études, communiqués aux parents des élèves, et dont on se doute que les modalités habituelles ne pourront être respectées? Le 11 juin 2020, le gouvernement de la Communauté française adopte un arrêté de pouvoirs spéciaux qui cherche à répondre de manière concrète à ces questions. Il s’agit de l’arrêté de pouvoirs spéciaux n° 24 relatif à la sanction des études dans l’enseignement secondaire ordinaire dans le cadre de la crise sanitaire du COVID-19 (MB 19 juin 2020). Celui-ci est complété par l’arrêté de pouvoirs spéciaux n°25, également daté du 11 juin 2020, qui définit les règles et procédures dérogatoires de recours internes et externes contre les décisions des Conseils de classe réunis en fin d’année dans le contexte exceptionnel du covid-19. L’arrêté n° 24, sur lequel nous nous arrêterons ici, poursuit en réalité quatre objectifs:
- adapter «les exigences en matière d’évaluation et de sanction des études suite à la suspension des cours et des activités d’apprentissage»;
- éviter un «péril grave aux élèves inscrits dans l’enseignement secondaire ordinaire en leur permettant de prétendre à la sanction des études malgré la suspension des leçons et activités qui est d’application de-puis le 16 mars 2020»;
- organiser la «fin de l’année scolaire dans ces circonstances exceptionnelles»;
- permettre à tous les élèves, et ce sans discrimination, et à leurs parents, de «prendre connaissance, le plus rapidement possible, des modalités liées à sanction des études de l’année scolaire 2019-2020 dans le but d’atténuer l’anxiété générée par la crise sanitaire actuelle et de leur permettre ainsi d’appréhender la fin de l’année scolaire dans un environnement serein».
En ce qui concerne les stages obligatoires dans l’enseignement de plein exercice, l’arrêté organise la dispense de cette obligation (ou le report du stage si le Conseil de classe considère que les compétences acquises sont insuffisantes pour donner le brevet de qualification) vu le caractère exceptionnel de la situation. Dans l’enseignement en alternance, les Conseils de classe et les jurys de qualification seront compétents pour dispenser les élèves, respectivement du nombre d’heures d’enseignement et du nombre d’heures de stage en entreprise normale-ment requis. L’application du règlement des études est suspendue. Pour rappel, ce document remis aux parents lors de l’inscription des élèves définit «les critères d’un travail de qualité ainsi que les procédures d’évaluation et de délibération des Conseils de classe et la communication de leurs décisions». Du fait de cette suspension, les pouvoirs organisateurs se voient contraints d’adapter les modalités d’évaluation, de certification et de délibération qui seront d’application en 2020 et d’en informer les élèves et les parents pour le 31 mai au plus tard. En ce qui concerne les épreuves de qualification et la délivrance des certificats de qualification dans l’enseignement de qualification, il peut y être dérogé. Pour les élèves dont le niveau de compétence acquis serait jugé insuffisant, l’arrêté ouvre la possibilité d’orienter les élèves vers l’année complémentaire au troisième degré de la section de qualification (C3D), en vue d’obtenir le Certificat de Qualification, le Certificat de l’enseignement de 6e professionnel (CE6P) ou le Certificat de l’enseignement secondaire supérieur (CESS). Cette réorientation permet d’éviter le redoublement mais suppose un accompagnement spécifique de l’élève (remédiation). Les certificats susmentionnés pourront être délivrés dès que les conditions de certification seront réunies par l’élève et au plus tard le 1er décembre 2020. En cas d’exclusion, un élève exclu après le 15 janvier et qui n’a pu trouver une nouvelle école avant le début du confinement doit pouvoir passer ses examens de qualification ou voir ses études sanctionnées par la délibération du Conseil de classe de l’établisse-ment dont il a été exclu. De même, un élève qui aurait plus de 20 demi-jours d’absences non justifiées après le 1er mars 2020, et qui, en temps normal, au-rait perdu sa qualité d’élève régulier, pourra, exceptionnellement prétendre à la sanction des études. Le paragraphe 8 de l’arrêté précise également ce qu’il en est de l’appréciation du Conseil de classe. En temps ordinaire, celui-ci fonde ses appréciations sur les informations qu’il recueille sur l’élève et, notamment, sur les résultats des épreuves organisées par les enseignants. Toutefois, suite à la suspension des cours, les épreuves prises en considération pour l’appréciation des élèves ne pourront porter que sur des matières vues en dehors des périodes de sus-pension des cours. Par ailleurs, «l’implication positive dans la réalisation de travaux effectués durant la période de suspension des cours peut faire l’objet d’une appréciation générale inter-venant au bénéfice de l’élève dans la décision.» C’est dans ce contexte d’idée et cette atmosphère de crise, qu’à la fin du mois de juin, le réseau de la Communauté française WBE renonce à l’organisation des examens de passage en septembre et en décembre. Julien Nicaise, l’administrateur général de WBE s’en explique dans Le Soir du 30 juin: «L’absence d’examens en septembre, nous l’avons décidée dès le début du confinement sur le principe de la bienveillance et du soutien à avoir auprès de tous nos élèves. Il n’était pas question de renvoyer les élèves avec des résultats plus faibles à des examens de ‘repêchage’ en septembre sans remédiation durant les vacances et avec un risque de redoubler leur année à la clé. C’était pédagogiquement inapproprié, pour tous, et très inégalitaire pour certains. Pour décembre, comme le confine-ment s’est prolongé, nous avons assez naturellement pris la décision de supprimer cette session de décembre dans le but de ‘gagner’ des semaines d’apprentissage. Bien entendu, les évaluations formatives et les évaluations continues au fil de l’année demeurent d’usage. Ce que nous ne voulons pas, c’est mobiliser l’établissement et l’équipe pédagogique plu-sieurs semaines durant pour des bilans et des évaluations sommatives». Au-delà de la réussite «administrative» des élèves qui conditionne leur démarrage dans la vie professionnelle ou la suite de leurs études, cette fin d’année en trompe-l’œil pose la question de la formation réelle des jeunes qui auront terminé leur scolarité dans de telles conditions et de la qualité de leur préparation pour l’enseignement supérieur. Les effets négatifs de la crise pourraient, se faisant, se faire sentir avec un certain décalage temporel, à la fin de la prochaine année académique. C’est sans doute vrai, surtout pour les jeunes terminant un cycle d’enseignement, dans le fondamental ou l’enseignement secondaire. On peut espérer, en effet, que, lorsque les élèves pour-suivront leurs études, dans l’enseignement primaire ou secondaire, ils trouveront les aides nécessaires pour récupérer les matières qui n’ont pas pu être vues ou qui n’ont pas été assimilées. Factuellement, c’est ce-pendant bien la qualité des apprentissages qui se trouve ainsi menacée, et avec elle, le plein bénéfice de l’enseignement auquel chaque enfant à droit.
L’abaissement de l’âge de l’obligation scolaire
Paradoxalement, c’est dans ce même contexte que le Parlement de la Communauté française vote le décret qui inscrit dans la législation communautaire l’extension de l’obligation scolaire. Le 9 juillet, le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles vote à l’unanimité le projet de décret qui abaisse l’âge de la scolarité à l’âge de cinq ans dès le 1er septembre 2020 (Décret portant diverses dispositions en matière d’enseignement obligatoire relatives à l’abaissement à cinq ans de l’âge du début de l’obligation scolaire – MB 22 juillet 2020). La Fédération Wallonie-Bruxelles se conforme ainsi à la loi adoptée par la Chambre le 23 mars 2019 (Loi modifiant la loi du 29 juin 1983 concernant l’obligation scolaire afin d’instaurer l’obligation scolaire à partir de l’âge de cinq ans- MB 2 mai 2019), le fédéral étant compétent en matière de fixation de l’âge de la scolarité obligatoire. Désormais, «L’élève fréquentera régulièrement la troisième année de l’enseignement maternel à partir du 1er septembre de l’année civile au cours de laquelle il a atteint l’âge de cinq ans.» (article 1 du décret). Dans l’enseignement officiel et dans le libre non-confessionnel, le nouveau décret ouvre la possibilité de suivre un cours de morale ou de religion à la demande ex-presse des parents selon des modalités précises: «Dans les écoles officielles, l’élève en âge d’obligation scolaire fréquentant l’enseignement maternel peut assister à l’enseignement de la religion ou celui de la morale non confessionnelle, si ses parents souhaitent faire usage de cette possibilité, dans le respect des modalités suivantes: 1° si l’élève fréquente ou envisage de fréquenter une implantation lui permettant d’assister à la période hebdomadaire dis-pensée dans un groupe comprenant des élèves de première ou deuxième année de l’enseignement primaire, voire des deux premières années réunies, sans nécessiter de dé-placements en dehors de l’en-ceinte de l’implantation fonda-mentale où se situe la section maternelle dans laquelle il est régulièrement inscrit ou projette de s’inscrire, les parents en font la demande écrite auprès du directeur. Cette demande écrite doit être introduite, soit pour le 1er juin de l’année scolaire précédant son entrée en troisième année de l’enseigne-ment maternel lorsque l’enfant est inscrit dans l’établissement, soit le premier jour de fréquentation de l’établissement lorsque l’élève s’est inscrit pour la première fois en troisième année de l’enseigne-ment maternel. Dans cette demande écrite, les parents mentionnent expressément le choix entre le cours de la religion et de morale non confessionnelle. Si le choix porte sur le cours de religion, la demande indique explicitement la religion choisie; 2° si l’établissement dans lequel les parents projettent d’inscrire ou ont inscrit leur enfant ne permet pas les modalités visées au 1°, le directeur du maternel ou du fondamental en informe les parents et les invite à introduire une demande auprès de la Direction générale de l’enseignement obligatoire. Cette demande doit mentionner le nom et l’adresse de l’enfant. La demande doit également mentionner expressément le choix entre le cours de la religion et de morale non confessionnelle. Le cas échéant, elle indique explicitement la religion choisie. La direction générale de l’enseigne-ment obligatoire fournit aux parents dans le mois, le cas échéant après les avoir entendus, une liste d’établissements de l’enseignement officiel permettant de rencontrer leur choix et situés à une distance raisonnable du domicile de l’enfant. Le Gouvernement évalue chaque année les demandes introduites, selon leur type, conformément aux points 1° et 2° de l’alinéa précédent et dans les cas visés point 2° de l’alinéa précédent, des solutions qui ont pu être proposées aux parents, afin d’en faire rapport au Parlement. Par dérogation à l’article 1.7.5-2, pour le 15 mai au plus tard, le directeur informe de manière individuelle les parents de l’élève inscrit en deuxième année de l’enseignement maternel et réputé poursuivre dans son école des modalités prévues au présent paragraphe. Pour les parents devant inscrire leur enfant pour la première fois en troisième année de l’enseignement maternel, le directeur du maternel ou du fondamental les informe des modalités du présent paragraphe au moment de l’inscription. Dans les écoles libres non confessionnelles qui offrent le choix entre l’enseignement de la religion et celui de la morale non-confessionnelle, le pouvoir organisateur est libre de proposer les modalités prévues à l’alinéa 1er. Si celui-ci décide de proposer des modalités différentes, il doit néanmoins pouvoir dé-montrer, à la demande du Gouvernement, de quelle manière il apporte aux élèves concernés l’éducation religieuse ou morale à laquelle ils ont droit à charge de la communauté» (article 5, §2 du décret).
Le come-back du covid-19
Un nouveau Conseil national de sécurité (CNS) se tient le 27 juillet. L’épidémie regagne du terrain de manière inquiétante. Un rebond épidémique dès la rentrée n’est plus à exclure. Le Conseil adopte de nouvelles mesures restrictives: à partir du 29 juillet, la bulle sociale est à nouveau réduite à cinq personnes (les enfants de moins de 12 ans ne comptent pas dans le calcul). Le port du masque est recommandé quand la distance sociale ne peut être respectée. Les sorties en groupe sont limitées à 10 personnes. Sont concernés les réceptions, les mariages et les banquets mais pas les camps et les activités sportives. Le télétravail est à nouveau recommandé. Les courses dans les magasins sont à nouveau ramenées à une durée de 30 minutes maximum et doivent s’effectuer individuellement. Quinze jours plus tard, le 12 août, le port du masque devient obligatoire à Bruxelles. Le 14 août, le cabinet de la Ministre de l’éducation annonce que la rentrée s’effectuera en code jaune: «Sur base du dernier avis des experts du GEES et de la prise en compte de considérations épidémiologiques, pédagogiques et sociales, les Ministres de l’Éducation confirment l’application du code jaune pour la rentrée, à tous les niveaux (enseignement maternel, primaire, secondaire, enseignement artistique à horaire réduit, enseignement supérieur, promotion sociale), mais en imposant une vigilance accrue et quelques ajustements»(Belga, 14/8). Quelques jours plus tard, les 18 et 19 août, paraissent les circulaires qui organiseront la rentrée scolaire dans le fondamental et dans l’enseignement secondaire: une rentrée sous tension, alors que la situation sanitaire se dégrade et que le gouvernement fédéral, de plein exercice mais fort minoritaire, arrive au terme des pouvoirs spéciaux votés au printemps par le Parlement. 15 jours à peine après la rentrée, les chiffres sont, en effet, interpellant: que nous apprennent-ils? «Que durant l’été – plus précisément du 13 juillet au 13 septembre –, on dénombre 6.323 cas de Covid positifs dans la tranche d’âge 0-19 ans. Ce qui couvre, à peu de chose près, l’ensemble de la scolarité. On peut, pour objectiver la circulation du virus liée à la rentrée (et partant aux retours de vacances) diviser la période en deux parties: du 13 juillet au 31 août et du 1er au 13 septembre. On peut sur-tout faire une règle de trois et compter les cas quotidiens. Dans la première période (de vacances donc), on comptait en moyenne 87 cas par jour (dont 13 à Bruxelles, 51 en Flandre et 21 en Wallonie). Dans la seconde période, les 13 premiers jours de septembre, le nombre de cas dans cette tranche d’âge largement visée par l’obligation scolaire, a considérable-ment augmenté pour atteindre une moyenne de 152 par jour (dont 31 à Bruxelles, 80 en Flandre et 39 en Wallonie). Soit une hausse de 75 %!» (Le Soir, le 18/9). À cette date, 6 écoles ont déjà fermé leurs portes pour être mises en quarantaine tandis que des dizaines de classes le sont également. En Flandre, spécifiquement, la situation dans les écoles n’est pas meilleur: «Deux semaines après la réouverture des écoles, un test Corona positif a été prélevé chez 638 élèves (0,05% des élèves) et 86 membres du personnel (0,05%). Déjà 4278 élèves (0,36%) et 368 membres du personnel (0,22%) sont placés en quarantaine» (De Morgen, le 16/9).
Patrick Hullebroeck, Directeur