Deuxième vague ou néo-féminisme: «dissoudre la hiérarchie»

Jeudi 19 décembre 2019

Les féministes de la première vague s’attachaient à conquérir leurs droits civils et sociaux, celles de la deuxième vague se concentrent surtout autour du travail domestique et de la sexualité.

«Dans un contexte occidental de révoltes étudiantes, de montée de l’individualisme et de l’émergence de l’idée «d’un droit au bonheur et à l’épanouissement personnel», cette seconde vague se pose davantage comme un mouvement de libération que comme un mouvement de revendication en termes de droit. L’égalité légale et formelle, en partie acquise, ne suffit plus: «La discrimination à l’égard des femmes persiste mais sous une forme plus subtile car elle n’est plus la conséquence d’inégalités juridiques». Les féministes s’interrogent alors, remettent en question, se réapproprient, déconstruisent et reconstruisent la sexualité et le couple: «Le privé devient politique.» Il s’agit alors, à présent, de lutter contre un système tout entier, producteur de discriminations et de la domination des femmes par les hommes: le patriarcat.

Les déceptions de mai 68

Entre les deux vagues, «la flamme ne s’est jamais éteinte mais le mouvement est diffus et ses actions plus ponctuelles.» C’est à partir de la fin des années 1960, en lien avec les événements de mai 68, dans lesquels les femmes ne se sont pas reconnues, qu’elles se mobilisent à nouveau. De la même façon que la cause des femmes passait au second plan dans les partis politiques au temps de la première vague, la «question des femmes» a longtemps été occultée dans les milieux de gauche soixante-huitards, qui «l’assimilent purement et simplement à la lutte des classes». L’héritage est pourtant fort, les militantes étant fréquemment issues de groupes, étudiants ou partis, de gauche ou d’extrême gauche, elles adoptent une grille de lecture souvent inspirée du marxisme. Hedwige Peemans-Poullet évoque une spécificité belge dans le recrutement des militantes qui ne sont pas toutes des étudiantes, à l’instar des mouvements américains ou français, mais des femmes de plus de 35 ans «qui découvrent l’injustice à partir de leur vie personnelle».

Autonomie et pouvoir de chacune

Des militantes du Women’s Overseas for
Equality (réunissant des expatriées), protestent contre une formation visant à en
faire de bonnes épouses, Bruxelles,1971.
Carhif-AVG, Bruxelles.

«La deuxième vague rompt totalement avec les pratiques militantes». Ce nouveau féminisme se veut «antiautoritaire» et se caractérise par un refus de la représentation et de la délégation politique, «façon de tourner le dos au système contaminé par le patriarcat». Les militantes souhaitent «le moins de structures et de bureaucratie possible, une grande décentralisation et un partage des pouvoirs». Il y a un «refus des règles et de la hiérarchie», toutes les femmes ont la parole et le pouvoir de décision est à chacune. On assiste ainsi à l’éclosion de divers groupes.

L’humour comme arme de persuasion pour faire passer un discours ambitieux

«Alors que le féminisme de la première vague cherchait la respectabilité et le sérieux, elles (les militantes de la seconde vague) veulent au contraire choquer et faire parler d’elles». Au début des années 1970, il y a une vraie volonté de rompre avec les anciens mouvements, jugés trop sages. L’une des brochures des Marie Mineur illustre ce désir de rejet du passé puisqu’il y est inscrit: «mouvement de libération de la femme, 1re année». Dans tous les pays où s’impose un regain féministe, l’humour est utilisé comme moyen de convaincre: «Les féministes s’expriment cette fois avec force et jubilation, investissent les places et les rues, organisent des manifestations festives, misent sur le côté ludique et médiatique.» Confrontées à la difficulté de faire passer un discours qui va jusqu’à remettre en question les identités de chacun à travers l’abolition du genre, les féministes savent qu’il faut alors «gagner la sympathie du public». Les Dolle Mina vont donc, par exemple, se retrouver cigarette à la bouche, dans le hall d’une compagnie d’assurance qui interdisait aux femmes de fumer, pour revendiquer, au même titre que les hommes, «le droit au cancer du poumon».

La libération des corps

«Depuis Le Deuxième sexe de Simone de Beauvoir en 1949, le silence et les tabous pesant sur la maternité, la sexualité et l’homosexualité avaient été brisés». Mais c’est surtout à partir des années 1960, quand la pilule arrive sur le marché, que la «libération sexuelle» s’effectue. Les femmes peuvent enfin maîtriser leur fécondité et ne sont plus prisonnières de leur corps. C’est le temps aussi des amitiés féminines, de l’apprentissage de la connaissance de soi, des cercles exclusivement féminins, de la remise en question de la domination des hommes. Ainsi, «le lesbianisme acquiert une nouvelle dimension au sein des féminismes». Par ailleurs, divers ouvrages, édités antérieurement, sont réappropriés par les militantes. Les rapports Kinsey, concernant la sexualité des hommes et des femmes, reviennent au goût du jour, tout comme l’ouvrage de Betty Friedan (1963), The Feminine Mystique, qui dénonce le fait que «pendant des siècles, la véritable identité de la femme a été foulée au pied parce que l’attention qu’on lui portait était exclusivement concentrée sur la fonction sociale de mère et de ménagère.»Toujours dans cette démarche contre l’oppression, les féministes militent pour la pénalisation du viol, condamnent le sexisme de la pornographie et de la représentation des femmes dans la publicité qui véhicule une image faussée et stéréotypée. Par ailleurs, les femmes se réapproprient l’espace public, organisent les marches nocturnes «Take back the night», qui dénoncent la difficulté pour les femmes de sortir la nuit; chantent et dansent en public.

Contraception et planning familial

À partir de 1950, de plus en plus de centres de planning familial voient le jour. En Flandre, deux centres de planning œuvrant pour une véritable éducation sexuelle et un accès à la contraception ouvrent leurs portes à Gand et à Anvers, suivis, en 1964, par les centres de planning à Liège et Mons. Ce sont souvent des bénévoles et militant·e·s qui y travaillent. À Saint-Josse par exemple, en 1962, apparaît le centre «La famille heureuse», initiative d’un groupe d’hommes et femmes «progressistes et libres penseurs». Ils informent sur les moyens contraceptifs, militent pour leur légalisation, organisent débats et conférences. Au cours des années 1960, d’autres centres ouvriront leurs portes. Ils seront subsidiés dès 1960, grâce à un arrêté royal.

Lutte pour le droit à l’avortement

Si les interruptions volontaires de grossesses existent depuis toujours et se pratiquent, clandestinement, par milliers, chaque année, elles sont encore passibles de sanctions. La lutte pour la dépénalisation de l’avortement est ardue, puisqu’elle traite à la fois de la place donnée aux femmes dans la société, mais qu’elle fait aussi intervenir la notion de «droit à la vie», chère aux associations chrétiennes. Des hommes se mobilisent autour des questions liées à l’IVG, surtout les médecins progressistes qui pratiquent déjà l’avortement illégalement. En 1970, l’association belge pour la dépénalisation de l’avortement est créée, une première proposition de loi est effectuée par le sénateur Calewaert. En 1971, en France, les choses évoluent avec deux évènements majeurs: la publication du manifeste des 343 personnalités qui reconnaissent avoir avorté (qui deviendra le manifeste des 343 salopes, illustrant ainsi parfaitement les élans de haine qui entourent ces questions), et le procès de Bobigny, jugeant une adolescente pour avoir avorté après un viol. En Belgique, un réseau d’entraide est mis en place en Flandre et en Wallonie: SOS avortement. En 1973, éclate l’affaire du Docteur Peers, arrêté pour avoir pratiqué illégalement des avortements. Les réactions sont fortes, 200 000 personnes manifestent en soutien et 200 médecins annoncent publiquement avoir pratiqué l’opération. Suite à cette mobilisation, l’interdiction de la distribution de contraceptifs et de sa publicité sera levée. Ainsi, «les périodes sans grossesses sont de de plus en plus fréquentes et ouvrent d’intéressantes perspectives dans plusieurs domaines», la maternité devient un choix. A partir de là, les centres hospitaliers pratiquant l’avortement se multiplient et de plus en plus de comités s’engagent pour sa dépénalisation. En 1990, enfin, l’avortement est retiré du Code pénal.

Les premiers groupes: des actions chocs

L’année 1969 voit la création du groupe féministe flamand, Dolle Mina. Inspirées des Dolle Mina hollandaises, elles mettent en œuvre des actions ludiques qui attirent les médias, afin de réclamer des crèches, mais aussi une formation égale à celle des hommes. En 1970, Jeanne Vercheval fonde les Marie Mineur en Wallonie. Tout comme les Dolle Mina, ce groupe se caractérise par un véritable ancrage dans le monde ouvrier, repoussant ainsi la critique habituelle faite aux féministes, leur reprochant leur bourgeoisie. Est établie une charte d’objectifs communs avec les Dolle Mina autour de différents thèmes: «crèches, limitation des naissances, droit marital, médias, inégalités salariales» . Les Marie Mineur ont peu d’impact sur les milieux académiques, «leur objectif vise moins à théoriser les inégalités qu’à les dénoncer par des actions pragmatiques», mais elles remplissent un rôle de «passeuses d’idées dans différents milieux sociaux, jouant ainsi un rôle de médiatrices entre les ouvrières et les intellectuelles». Certains journaux de l’époque soutiendront qu’elles nient leur féminité: «Plus vous essayez de nous ressembler et moins vous susciterez en nous ce que toute, pourtant, vous espérez: la grande passion». Au niveau universitaire, se créent en 1971, le GALF à l’UCL (Groupe d’action pour la libération des femmes) et le FLF (Front de libération des femmes) à l’ULB qui publie, pendant plusieurs années le journal Et ta sœur. L’une de leurs actions phares, caractérisant bien l’aspect humoristique et décalé des féministes, a consisté en un sabotage de la soirée de gala du concours Miss Belgique 1971. À l’aide d’une complice sur scène, les militantes ont surgi avec des tracts, clamant que les femmes ne sont ni de la «viande», ni du «bétail». Le scandale fut fort dans la salle et l’écho fut garanti dans les médias, qui, d’une façon générale, relaieront plutôt bien les actions féministes. Les Marie Mineur, les Dolle Mina, le GALF et le FLF ont la même mentalité, «c’était un féminisme farceur, combattif, volontaire et gagnant», ainsi que les mêmes objectifs en matière d’éducation, de partage du travail ménager, de vie professionnelle, de contraception, d’avortement. En 1972, à l’initiative de l’écrivaine Marie Denis, des membres des Dolle Mina et des Marie Mineur, ainsi que d’autres militantes appartenant aux groupes féministes universitaires ou au comité d’action À travail égal, salaire égal, publient ensemble Le Petit livre rouge des femmes, «réalisation emblématique du néo-féminisme belge». Le 11 novembre 1972, la première journée nationale de la Femme est organisée, présidée par Simone de Beauvoir. Ce jour-là, nombre d’associations féministes se retrouvent. En plus des groupes ayant participé à l’écriture du Petit livre rouge, s’ajoutent le Groupement belge de la porte ouverte, le Parti féministe unifié, etc. Au total, 8000 femmes sont réunies au Passage 44 à Bruxelles, «déchainées, rieuses, revendicatrices, moqueuses et fières». Cette première journée est un succès considérable.

Les cahiers du GRIF: réflexion autour du néo-féminisme

Du côté francophone, en 1973, Françoise Colin crée les Cahiers du GRIF, revue issue d’un groupe de réflexion et d’information féministe. Ces cahiers atteignent une renommée internationale, «mêlant témoignages et théories, ils explicitent, argumentent et structurent au fil des 24 numéros la pensée et les analyses néo-féministes, en explorant des thèmes d’une grande diversité: corps, travail (ménager et professionnel), sécurité sociale, politique, conflits sociaux, famille, violence, lesbianisme, religion, art, langage etc.» En seulement une journée, les 1500 exemplaires du premier numéro sont achetés.

La crise et la situation des travailleuses

L’impact de la crise des années 1970- 1980 sur les femmes est sensiblement le même que lors de la crise des années 1930: elles sont les premières touchées. En 1977, 17,6% des femmes actives sont au chô

Affiche accompagnant une action féministe lors
de la finale de l’élection de Miss Belgique en
1971. Carhif-AVG, Bruxelles

mage, contre seulement 6,2% des hommes. Par ailleurs, les mesures d’austérité mises en place les concernent directement. Les associations féministes se mobilisent en conséquence; en 1976, les Marie Mineur publient leur livre blanc des chômeuses et organisent diverses manifestations, en 1977 et 1978, les journées F sont axées sur le chômage des femmes. En 1980, lorsque le pacte d’Egmont sera mis en place, entraînant la réduction de l’allocation de chômage du cohabitant, c’est-à-dire, dans la grande majorité des cas, des femmes, un front féminin se forme. Il devient le groupe de coordination «Femmes contre la crise», rassemble des organisations flamandes et francophones, et organise d’importantes manifestations contre les mesures sociales. Le groupe continuera son action jusqu’en 1984. Se crée, au même moment, le Comité de liaison des femmes. En 1982, à Bekaert-Cockerill, syndicats et patrons s’accordent pour imposer un temps partiel à toutes les femmes. En réaction, les ouvrières se mobilisent et se mettent en grève, mais treize d’entre elles seront licenciées et remplacées par des hommes qui recevront un salaire plus élevé pour le même travail. La direction sera condamnée pour discriminations, mais les femmes licenciées ne recevront qu’un dédommagement, équivalent à 6 mois de salaire. Cette grève «met en évidence des pratiques discriminatoires, pourtant sanctionnées par le droit international et national, qui perdurent avec la complicité de tous, y compris des partenaires sociaux.» Ainsi, on assiste durant cette période, à un important taux de chômage des femmes, et à une multiplication des emplois précaires qui démontrent combien les droits acquis et la position des femmes dans le secteur professionnel restent délicats. À la fin des années 1970, le féminisme «est dans l’air du temps»: dans les magazines traditionnels féminins, apparaissent des rubriques féministes, naît la première radio libre féministe à Bruxelles, Radio Klet Mariette, etc. En 20 ans seulement, grâce à l’investissement de toutes ces militantes, les mentalités auront beaucoup changé, ce qui est d’autant plus louable que «la majorité des femmes engagées dans le mouvement féministe avaient une activité professionnelle et des charges familiales». 

Juliette Bossé, responsable de la revue ILLUSTRATION: Couvertures du Petit livre rouge des femmes, 1972. Carhif-AVG, Bruxelles.

 


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La non mixité: prendre conscience des inégalités pour construire le politique

Puisque le «privé est politique», il faut partager ce qui est de l’ordre du privé, et c’est seulement entre femmes qu’il est possible de parler de tout ce qui était jusque-là tabou. Lors de cette seconde vague, l’expérience personnelle nourrit le discours politique. Des temps et des espaces de parole se mettent en place afin de pouvoir s’exprimer librement autour de différents thèmes: enfants, vie de couple, «attitude machiste des compagnons de travail, de la force d’inertie du mari qui ne participe pas au travail ménager et s’en va en claquant les portes si on le lui reproche», etc. Ces moments entre femmes permettent «de se subjectiver en tant qu’individu», de prendre conscience de l’oppression à la façon des «consciousness raising groups» aux USA. En outre, la mixité s’impose puisque les femmes sont habituées à ce qu’il leur soit plus difficile d’intervenir quand les hommes sont présents: «On a senti que les hommes ne pouvaient pas venir parce que les hommes parlaient à notre place (…) et les défauts dus à notre éducation ne nous permettent pas de nous exprimer aussi librement quand des hommes se trouvent avec nous, et bien moins encore quand ils sont nos maris.» De cette non-mixité et de la remise en question des mécanismes de domination des hommes, va émerger un lesbianisme féministe, inscrit dans une logique inhérente au féminisme de l’époque qui remettait en cause, par la même occasion, l’hétérosexualité comme norme.


La grève ouvrière de Herstal: prise de conscience d’une solidarité «féministe»

Action de solidarité féministe avec les ouvrières en grève à la Fabrique nationale d’armes de
Herstal, Bruxelles, 1974. Carhif-AVG, Bruxelles

Si cet évènement n’appartient pas tout à fait à la seconde vague, il a été un symbole fort de l’action collective féminine, et il annonce la création de nouveaux groupes féministes, souvent issus du monde ouvrier. En 1966, pour la première fois en Europe, des ouvrières se mettent en grève pour protester contre les inégalités de rémunération dont elles sont victimes, malgré l’existence du traité de Rome qui prévoit, depuis 1956, l’égalité salariale. La grève de la Fabrique Nationale, qui durera 3 mois, mobilisera 3000 ouvrières et imposera le chômage technique à 500 travailleurs masculins. Au-delà de l’inégalité salariale, dans cette usine où l’on construit des armes de guerre, ces femmes, celles que l’on surnomme les «femmes machines», s’usent au travail dans des conditions pénibles: le bruit des machines, des températures allant jusqu’à 45 degrés, l’huile de colza dans laquelle les travailleuses baignent et dont l’odeur les stigmatisent dans toute la ville. En outre, il leur est impossible d’obtenir des promotions: «brigadier, contremaitre, ingénieur au-dessus d’elles, elles étaient en bas de la pyramide». L’argument de la direction qui devait justifier ces inégalités salariales était «le taux important d’absentéisme des femmes». Mais la réponse a été cinglante du côté des grévistes, «la crèche est trop petite et il faut bien que quelqu’un garde les enfants». Un grand mouvement de solidarité se met en place partout en Belgique organisé par les organisations féminines, dont l’Union des femmes, ou des organisations plus traditionnelles, telles que les Femmes Prévoyantes Socialistes ou Vie Féminine. Au-delà même des frontières, ce «combat de femmes pour les femmes» est très appuyé par les médias. Un comité, constitué de juristes, d’intellectuels, de personnalités politiques etc., se crée: À travail égal, salaire égal. Les ouvrières décident d’agir dans la non mixité car les hommes, contraints au chômage technique, ne les soutiennent pas tous. Pour certaines familles, la grève se révèle très difficile financièrement puisque des couples sont parfois privés de salaire, les obligeant à recourir à l’aide du comité de grève. Les ouvrières obtiennent peu d’améliorations mais, malgré tout, «cela a secoué les mentalités». Suite à la mobilisation, en 1967, est permise la possibilité pour la travailleuse de mener une action en justice pour une égalité de rémunération, et deux ans plus tard, l’interdiction de licenciement des femmes en cas de mariage ou de maternité. En 1971, est mise en place l’égalité dans le régime du chômage. Une nouvelle grève est lancée en 1974, et «en seulement trois semaines, elles obtiennent beaucoup plus»; sans doute l’endurance dont elles avaient fait preuve lors de la première grève avait-elle marqué les esprits, les patrons craignant une nouvelle grève trop longue.


Un combat destiné aux femmes et aux hommes

Jeanne Vercheval, fondatrice des Marie Mineur, donne sa version du féminisme: «Notre lutte n’est pas, comme disent les humoristes bourgeois, dirigée contre les hommes mais contre la société (…) la libération des femmes conduira également à la libération des hommes». En effet, les féministes de l’époque incitent les hommes à participer au combat pour l’égalité, à se remettre euxmêmes en question en «refusant le rôle de chef de famille, en refusant de considérer la femme comme un être inférieur». La participation des pères aux tâches ménagères est requise puisque «tout est question d’apprentissage, hommes et femmes peuvent tout faire». De même, elles invitent les femmes à refuser le jeu des rôles sexués: «Arrêtons d’attendre le surhomme, fort, protecteur, ferme, le prince charmant, nous accepterons enfin notre compagnon avec ses faiblesses.» Selon Jeanne Vercheval encore, les relations dans les couples en pâtissent. Lorsqu’il s’agissait de réunions autour de questions professionnelles, les compagnons acceptaient globalement que les femmes participent aux actions ou réunions, mais, «à partir du moment où elles venaient avec des histoires comme la vaisselle, nettoyer les enfants, ça, ça n’avait plus rien à voir.» Jeanne Vercheval évoque des féministes en conflit avec leurs compagnons, des ruptures, et parfois aussi de la violence physique à leur égard. Par ailleurs, est évoqué le sentiment de culpabilité, l’école faisant porter aux mères militantes les mauvais résultats des enfants.

déc 2019

éduquer

150

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